Vos histoires de mer 12

L'idée est de raconter une histoire, étonnante, surprenante, drôle, qui vous est arrivée en navigation ou en escale.
Les règles : Gentillesse, tolérance, bon enfant, retour sur les histoires racontées.
Pas de nouvelle histoire avant la fin de la discussion sur l'histoire en cours.
Prenez votre temps, on risque d'être plus longtemps que prévu derrière nos écrans.
Suite de www.hisse-et-oh.com[...]-mer-11

21 juil. 2022
21 juil. 2022

C’était l’époque ou quand oin voyait une voile, même le log des côtes de France on se disait « tiens qui c’est ? »
On descendait entre Les Canaries et Dakar , un peu après noël, c’etait du petit temps. On portait tout : Spi, Génois leger un peu descendu, trinquette de spi, GV, voile d’étai, artimon. Près de 300m2, tout en progressant à peine à 5 ou 6 kn.
La mer était plate, les couchers de soleil superbes.
Comme nous étions 5 à bord, on gardait tout dessus même la nuit.
On s’écartait un peu de la côte africaine, vers Villa Cisneros, tout en essayant de couper au plus court.
Le petit temps nous obligeait à barrer, l’aries dans ces conditions très légères n’assurant pas.
On portait, comme c’était l’usage à cette époque, comme seul feu de route, une lampe tempête dans les haubans.
Vers 1h du matin, dans la faible clarté des étoiles, et pile sur notre route, devant nous se dressait une masse noire. Aux jumelles, on devine un cargo, sans aucun feu, arrêté là, dérivant au gré du vent.
Intrigué, on prends la VHF et appelons
The cargo ship, located at ..°..’N, ..°..’ W, Do you copy?
Une fois, deux fois, dix fois.
A la dixième fois une voix française, digne d’Allan dans coke en stock, nous répond.
« Bon tu la ferme ta gueule, oui? »
On a continué notre route, sans bruit.
On avait oublié que cette région, entre le Maroc et la Mauritanie, ou sévissait déjà le front polisario était le lieu de beaucoup de trafics

23 juil. 2022

Julie Mother

Voila aussi une histoire (véridique) d'une autre époque (1981-82) de la grande et belle plaisance ou le respect , la passion et l'enthousiasme nous animait tous proprio et équipage.
Et le plaisir était là .
Cela leur coutait cher (très cher même) a ces propriétaires mais le plaisir effaçait tout.
Celui-ci ne concevait pas la mer sans passion, enthousiasme et simplicité.

Julie Mother
Ou , l’effet papillon.

Cela aurait certainement pu être une belle histoire d’amitié entre deux skippers , deux skippers
sur deux goélettes très différentes et pourtant très belles.
Julie Mother était une goélette marconi de 24 m , moderne ,élégante et dépouillée , construite en
bois moulé par le chantier Sangermani en Italie . Le chantier Sangermani était , a l’époque
un orfèvre de la construction de voiliers, toujours en bois moulé , toujours élégants, toujours
bon marcheurs , chers, ils s’adressaient a une élite de propriétaires fortunés et passionnés.
July Mother était skippé par David fier et sympathique italien qui connaissait bien son bateau.
Alors pourquoi l’histoire a tourné au vinaigre , pas un mauvais vinaigre mais avec une
pointe d’acide quand même.
Un siècle en arrière cette histoire n’aurait été qu’une suites de bagarres entre équipages
dans des bars mal famés de Valparaiso ou des tripots de Marseille et a chaque fois que les
deux voiliers se trouvaient dans le même port.
C’est parti de trois mots presque murmurés d’un bateau a un autre comme si la personne
qui les prononçait savait , inconsciemment , qu’elle disait une bêtise lourde de conséquences.
Janvier 1981 , Antares , superbe goélette aurique de 30 m a débarqué le propriétaire , sa famille et amis a Charlotte Amalie aux îles vierges américaines et remonte vers Antigua pour des travaux de vernis et peinture déjà prévu avec l’équipe de King Kong.
King Kong est un natif d’Antigua , superbement charpenté il plaisait beaucoup aux femmes et
c’était son activité de nuit qui faisait que tout les matins ils arrivait au travail avec un énorme sourire.
Son activité de jour était aussi très physique.
King Kong était intelligent et bosseur , capable , avec son équipe , d’entreprendre tout travaux de vernis et de peinture sur les gros yachts basés a English Harbour. Grace a cette activité , il faisait vivre beaucoup de familles locales et les autorités se gardaient bien de mettre leur nez dans ces transactions en espèces .
Sa spécialité a lui , King Kong, était les vernis des mats, il aimait prendre de la hauteur et assis dans sa chaise de calfat, c’est avec de grands coups de sifflet qu’il signalait a son assistant , sur le pont, qu’il fallait le monter ou le descendre. Et donc English Harbour résonnait toute la journée des coups de sifflets de King Kong . Respect a toi King Kong.

Ce convoyage des iles vierges vers Antigua n’est pas drôle , tout est face au vent , a la mer et
après une nuit inconfortable on arrive au lever du jour au mouillage de Gustavia ( St Barthélémy)
pour prendre un petit déjeuner tranquille et faire une pose de quelques heures avant de repartir
vers Antigua.
De loin , on avait repéré une jolie goélette blanche au mouillage et décidons d’aller voir de plus
près avant de mouiller.
Sur les bateaux tout est calme et endormis , il y a peu de monde déjà debout et c’est tout en
douceur que nous passons bord a bord a quelques mètres de Julie Mother ou un seul et unique
marin nous regarde passer.
Il aurait du rester dans sa bannette ce jour là …
Shirley , notre blonde et charmante deck-hand lui fait un sourire et un signe de la main.
Elle avait toutes les raisons d’être de mauvaise humeur après une nuit a se faire secouer et a
prendre des embruns ,mais non , elle sourit …
et en retour entend
- hello slow boat ! ( salut, bateau lent) , pas très fort juste assez pour que Shirley entende.
Shirley aime les hommes ( autant que King Kong aime les femmes) mais quand elle adresse un
sourire a l’un d’eux elle ne s’attend pas a une insulte en retour.
Parce que , hello slow boat d’un voilier a un autre , c’est une insulte .
Une fois au mouillage , a table , elle nous raconte ce qu’elle a entendu et il est surtout question de laver l’affront et des propositions fort violentes sont rejetées.
Shirley , elle, en fait une affaire personnelle entre cet énergumène et elle . Ce pauvre gars ne le sait pas mais il va surement perdre sa virilité pour quelque temps , si elle revient.
Pour comprendre:
Nous sommes l’équipage d’une goélette aurique , a top-sail gaff-rigged schooner , les anglosaxons
nous appellent des « schoonermen » intraduisible en français puisqu’il n’y a pas de
tradition de goélettes aurique en France.
Antares porte avec lui une longue histoire de goélettes de pêche a la morue sur les bancs de
Terre-neuve au départ du nord-est des USA et du Canada . Ces marins , pour nourrir leur famille,
avaient une vie a bord incroyablement rude et difficile dans une région de mer absolument pourri
balayé régulièrement par des dépressions , pavés de hauts fonds et avec des brumes fréquentes
mais regorgeant de poisson.
Une partie de ces hommes ne revenait pas des campagnes de pêche soit que le voilier ait
sombré ou qu’ils n’ai jamais pu rejoindre la goélette a bord de leur doris a cause du brouillard ou du mauvais temps.
Et puis , il y avait la manoeuvre de ces voiliers avec leur voiles de flèches perchées tout en haut , leur bôme de grand-voile immense qui dépassait largement du tableau arrière , le fisherman , voile qu’il fallait établir entre les deux mats pour stabiliser le bateau pendant que le poisson était traité sur le pont avant d’être mis en cale et salé.

Il y avait aussi , et surtout ,leur beauté, leur grâce et harmonie sous voile.

Les autres marins de cette époque savaient que ces hommes étaient d’une autre trempe ,
« a breed apart » et les ont appelés « schoonermen « , les hommes de goélette.
Bien sur notre vie n’a plus rien a voir , notre voilier aussi , mais cela reste , aujourd’hui ,
un gréement très compliqué a manoeuvrer ,qui nécessite force , intelligence, anticipation, une
attention de tout instant , agilité et courage quand il s’agit de manoeuvrer les voiles de flèches a 20 m de hauteur debout sur une plateforme de la taille d’une feuille A4.
Nous ne nous comparons pas a nos anciens mais nous sommes des « schoonnermen » et
ce n’est pas un marin , même d’une jolie goélette marconi , dont le travail le plus dur est de
mouliner sur un winch , quand il n’est pas électrique, que nous allons laissé nous insulter.

A Antigua , plus tard , on s’est installé , pour les travaux , l’arrière a un petit quai en dur a
l’opposé du quai des yachts coté mangrove ou l’on peut faire nos travaux sans gêner personne.
L’équipe de King Kong est a l’ouvrage pour peindre la coque et vernir les mats de flèches.
Il existe des traditions , ou plutôt des rituels a English Harbour a cette époque.
Le premier rituel est le « happy hour » de la fin d’après-midi . Durant toute la saison de charter
la grande majorité des bateaux anglo-saxon sont basés a English Harbour et le Nelson’s dockyard
vit au rythme des bateaux qui vont et reviennent. Entre deux , les bateaux a quai en profitent ,
comme nous, pour faire du cosmétique et les équipages sont majoritairement occupés durant
la journée. Mais vient la fin d’après-midi et c’est l’heure de se retrouver autour d’une bière dans les quelques « fontaines » ( watering holes ) du coin et il y en quelques une ou d’un seul coup les haut parleurs envoient du reggae a fond. C’est très bon enfant , ça boit pas mal , fume de la ganja discrètement , drague énormément et le reste ne nous regarde pas.
A bord d’Antares et pour éviter les soirées entièrement hydrauliques , j’impose a l’équipage de
diner a bord sauf le samedi soir parce que le samedi soir c’est encore autre chose.
Du quai de Nelson’s Dockyard on peut aller a pied vers un petit promontoire qui forme l’entrée
ouest d’English Harbour. L’endroit est superbe avec vue sur le canal de la Guadeloupe
rafraichi par la brise et bien assis sur les ruine d’un petit fortin qui devait protéger l’entrée , il y a de la place pour cent ou deux cent personnes.
Et donc , souvent les samedi soir , soit , organisé par un bateau en particulier qui offrait tout ou en BYO (chacun emmène ce qu’il veut) , tout le monde se retrouve dans une joyeuse ambiance
sur cette pointe.
Et c’est là que je rencontre le skipper de July Mother que je connaissais pas.
La rencontre n’est pas fortuite mais c’est le skipper de Puritan a qui j’avais raconté l’histoire
du « slow boat » qui l’avait organisé .
Puritan goélette aurique , comme Antares , mais en plus grande, plus ancienne et plus
traditionnelle jusque dans les moindre détails , jusqu’a l’annexe en bois classique a clin
manoeuvré a la rame , jusqu’a Steve, le skipper , schoonerman jusqu’au bout des ongles.
Puritain est menée par Steve et son équipage de 8 avec prudence , compétence et l’entretien
est permanent .
Durant une traversée Antilles vers les Açores , dans un grain le vent a soudainement
viré de 100° alors que le voilier était au près forçant l’équipage a choquer en grand la grand-voile pour garder le cap. Puritan c’est retrouvé grand largue face aux vagues a pleine puissance . Le grand-mat a instantanément dégringolé sur le pont , bastaques ou pas il a plié sous l’effort de la poussée du vent et du choc des vagues. Steve admet qu’il aurait du suivre le vent au près afin
d’affaler la grand-voile avant d’abattre . Sur Puritan les mats sont en pin d’Oregon massif d’une
seule pièce .Steve a fait preuve d'une incroyable maîtrise pour amener le bateau et l'équipage a bon port sans plus de dégâts.
J’avais rencontré Steve quelques semaines plus tôt a notre arrivée a Antigua venant d’Europe
et connaissant par réputation le lascar , j’avais utilisé la formule qui marche a tout les coups avec un skipper traditionnel ;
- permission to come on board ,Captain ?
- who is asking ?
- Captain Patrice Elsner , skipper of Antares
- Please come aboard
Steve connaissait bien Antares ,du temps d’Arthur Holgate et on s’est rapidement bien entendu .
J’étais venu le voir avec une question bien précise sur la manipulation des voiles de flèches.
Je n’ai pas été formé a la voile traditionnelle et durant les 8 mois a bord comme second j’ai du
apprendre sur le tas sans l’aide du capitaine américain peu marin. En un an , j’avais compris pas
mal de chose mais je coinçais vraiment sur comment ferler les voiles de flèches en haut , une fois
affalés.
Ces voiles , environ 35 m2 chacune coulissent sur un rail le long du mat de flèche et donc, une
fois affalés c’est 35 m2 de voile qui pendouillent là haut et il faut deux personnes et un quart
d’heure de gros efforts en haut des bas-mats pour les ferler proprement.
Steve est heureux de m’expliquer que la solution lui avait été donné par A Holgate , l’architecte,
constructeur et skipper d’Antares quelques années plus tôt. La solution , toute simple , consistait en un bout passant judicieusement par les trois points et le centre de la voile puis revenant au pied de mat d’ou on étouffait alors la voile tout en l’affalant. Restait plus qu’a envoyer au calme plus tard un seul gars qui n’avait plus qu’a rabanter la voile toute prête le long du mat. En mer , la voile pouvait rester indéfiniment la haut inerte et sans prise au vent.
C’est donc ce Steve qui me ramène David de July Mother un soir sur le promontoire en lui disant
que j’avais a lui parler , jouissant d’avance d’une rencontre explosive entre le frenchy et l’italien.
Je vais droit au but et lui promets que j’ai l’intention , a la première occasion de lui mettre mon
bout-dehors en travers du carré de Julie Mother. Je n’était pas sérieux bien sur ,mais il joue le
jeux et en présence de Steve on décide, en gentlemen, de régler l’affaire sur l’eau. On profitera
d’une régate informelle entre Antigua et St Barth pour le début de la semaine de St Barth , nous ,
on ne s’arrêtera pas et continuerons tout droit vers la Jamaïque et le Belize. David , sur de lui , me dit que ce jour là il y aura a bord le constructeur , Mr Sangermani . L’enjeu est important pour David,
sur Antares il n’y a que l’équipage de 6 , pas d’extra pour la régate puisqu’on ne s’arrête pas
avant la Jamaïque .
Ce jour là , le temps est beau mais l’alizé faiblard d’est. On prend un très beau départ a pleine
vitesse et on est devant July Mother . On a sorti toute la toile , grand-voile , voile de flèche ,
misaine et voile de flèche, fisherman entre les deux , trinquette , foc de route et foc volant tout en
haut , ça fait quand même 650 m2 de voiles et on est au taquet.
July Mother a envoyé son spi après la ligne et on se dit que c’est foutu pour nous car elle semble
aller légèrement plus vite que nous. David a d’abord essayé de nous passer au vent , on l’a lofé
jusqu’a ce que son spi dévente , avec le fisherman on pouvait lofer jusqu’au travers , il a essayé
sous le vent , on a abattu jusqu’au vent arrière voiles en ciseaux et lui ralentissait alors. Il n’a jamais réussi a s’engager sur nous et prendre la main . Je pense que , trop sur de lui pour une régate au grand largue sous spi pour lui , David était certain de nous laisser comme une pierre dans l’eau et n’avait pas embarqué d’extras pour les manoeuvres et nous étions plus réactif que lui et puis , on avait la rage , nous.
A force de se chamailler entre largue et vent arrière on se rend compte qu’on a dévié de la route
directe et que la ligne d’arrivée est maintenant travers au vent. On lofe tout les deux , lui affale son spi, nous notre fisherman et c’est nous qui le laissons comme un cailloux ,a cette allure , il ne peut rien faire quelque soit la force du vent.
On a passé la ligne d’arrivée et mis le cap a l’ouest.
J’ai appelé David a la VHF mais il n’a jamais répondu, tout le monde écoute la VHF , tout le
monde est au courant de notre régate , tout le monde nous a vu régater bord a bord .
L’affaire du « slow boat » avait été réglée , sans appel net et précis , un vrai coup de sabre
d’abordage . J’appèle le proprio pour lui raconter , lui dire qu’il peut respirer , que je ne ne
mettrais pas notre bout-dehors en travers du carré de July Mother ,ce qu’il avait approuvé
d’ailleurs mais en dernier ressort.
Le propriétaire et moi pensions ne plus entendre parer de cette histoire de « slow boat » mais elle nous rattrapera 7 mois plus tard loin des Antilles.

L’effet papillon (suite)

Nous avons donc continué vers le Belize ou nous avons passé plus d’un mois d’aventures , puis
sommes remontés vers la Floride et Ft Lauderdale notre base américaine.
Là nous avons pu remettre Antares au top avant de repartir vers New York et le Maine ou il est
prévu de passer l’été.
La remontée vers le nord a été mouvementée avec le passage d’une dépression tropicale au large
de cap Hatteras qui nous a secoué et poussé le bateau et l'équipage comme il ne l'ont jamais été.
Le Maine l’hiver je crois que c’est froid , glacial même , ça gèle , ça neige et les tempêtes
défilent. les voiliers sont a l’eau ou a terre désarmés et bâchés . Bref , tout le monde se
recroqueville .
L’été , c’est l’inverse : le temps est souvent calme , pas de coup de vents et les bateaux sont sur l’eau.
Le temps est souvent beau , heureusement parce que il y a beaucoup de cailloux , beaucoup
d’iles , de baies profondes , de courant , de marée et de brouillard qui se lèvera souvent vers
11hrs du matin et laissera apparaitre des paysages superbes fait d’eau , de rochers et d’épicéas.
Il nous faut naviguer sur la pointe des pieds (littéralement) et en alerte mais en fait c’est une
navigation passionnante ,le nez en l’air et sur la carte, a coups d’alignement et de compas de
relèvement.
Les paysages inspirent la douceur et la paix et la navigation impose de la concentration , un bel
équilibre.
Le seul point noir: la température de l’eau , quand même sacrément fraiche qui n’invite
absolument pas au plongeon du matin (ni du midi ni du soir).
Le Maine , c’est aussi et surtout le berceau des goélettes qui allaient pécher la morue sur les
bancs de Terre Neuve , et elles sont toujours là.
C’est la « windjammer fleet ».
Les goélettes qui on survécu ont été converties en bateaux de charter , pas le charter bronzette et baignade , mais charter actif.
L’énorme cale centrale de ces goélette a été convertie en carré , cuisine et lits breton tout autour.
C’est rustique et convivial, tout le monde participe a tout. Pour la propulsion , les voiles , le vent et l’ancre au cabestan manuel. A bord , pas de moteur diesel mais pour les manoeuvres un pushboat , solide annexe en bois , lourde équipé d’un diesel in-bord d’une cinquantaine de chevaux
qui poussera la goélette si nécessaire et la manoeuvrera dans les port.
D’ailleurs , elles y vont pas dans les ports , a part leur port d’attache , c’est mouillage tout les soirs.Certaines sont une copie d’anciennes goélette et sont souvent propriété du skipper avec un ou deux marins, tout ça est très surveillé par les Coast guard et cette vingtaine de goélette
affichent complet tout les étés.
Leur bases de départ sont les ports de Rockport et Camden dans la baie de Penobscot et c’est
donc naturellement a Camden que nous établissons notre base.
L’accueil des « schoonermen « locaux a été plutôt chaleureux , curieux de visiter cette goélette
qui est une fusée spatiale comparé a leur goélette vielles parfois de 100 ans.
Mon second est du coin , je reste en retrait et le laisse faire le « public relation » .Il s’y prend a merveille et on a même droit a un article dans la feuille de choux locale , le Camden Herald.
Tant et si bien que nous sommes invité a leur régate annuelle , la fête des windjammer ,THE
GREAT SCHOONER RACE , un grand rassemblement pour faire la fête et célébrer les goélettes ,
la régate sera sérieuse mais accessoire.
Le 28 Juillet toute la flotte se retrouve au mouillage sur l’ile de North Heaven , a quelques milles de Rockland , notre destination. Tout les windjammer ont fait le plein de passagers et la veille au soir du départ , l’ambiance est a son comble a terre et sur les bateaux. Des chants de marins répondent a une cornemuse qui réplique a une trompette et c’est fort tard dans la nuit que le mouillage retrouvera son silence surtout que le temps est parfaitement calme.
Magique!
Les règles de départ sont simples: tout les skippers a terre avant le départ type « le mans », les
bateaux au mouillage c’est a dire que l’ancre doit toujours toucher le fond (mais juste) , les voiles seulement envoyées a mi-mat.
Le coup de canon ; il n’y a pas d’heure , quand personne ne s’y attend et alors qu’on est encore a
boire le café ensemble et a refaire le monde de la mer , c’est le départ avec course effréné vers
nos annexes et a ramer comme des fous vers nos voiliers respectifs qui sont plus ou moins loin
de la plage le tout sous les encouragements ou/et hues des équipages. Ce n’est qu’une fois que
le skipper a le pied sur le pont que le bateau peut partir.
Et que la pagaille commence!
Le vent est quasi nul et une légère tricherie est autorisée , tout mais PAS DE MOTEUR.
Les annexes sont réarmées par l’équipage et c’est a la rame que tout le monde essaye de se
dégager de cette apparente pagaille.
En fait , c’est un ballet avec ballerines , les petits dit « coastal cruiser » , les gros ( 30m et plus) , sur fond de grand orchestre symphonique de chants , de cris , d’ordres , de bruits de poulies qui grincent . Mais pas la moindre agressivité juste de la chamaillerie, juste le plaisir d’être là ensemble.
Pour notre part , je souhaite la jouer profil bas; c’est leur fête .Je les laisse tous quitter le
mouillage , profiter du spectacle et de l’atmosphère , avant de lancer la manoeuvre et c’est a la
manivelle de secours que nous remontons notre ancre.
A bord , le proprio et sa famille ne sont pas là mais nous avons un de ses amis en la personne
d’un ancien patron de la voilerie Hood ( d’ou nos voiles Hood) et aussi ancien manager d’un
syndicat de défense de la coupe América , du lourd quoi!.
Il est a bord avec femme et enfants et pour la course , cherche a nous mettre en mode régate
mais l’équipage l’ignore et on fait comme on a dit. On veut profiter et pas se prendre la tête.
On est en queue de peloton mais le vent quasi nul va se lever doucement avec le jour qui avance
et avec toute la toile on va inexorablement remonter toute la flotte et arriver a Rockland bien avant tout le monde.
L’arrivée est prévue en parade , tout les bateaux en file indienne défilant devant la jetée alors noire de monde et d’ou partait des hourras a chaque nouvel arrivant qui l’un après l’autre viendra
mouiller a la voile dans la baie . Nous avons du faire demi-tour pour revenir chercher la tête de la parade et prendre notre mouillage impeccablement.
Le soir , remise des prix , chants de marins , grosse atmosphère et bière a gogo comme il se
doit. Tout simplement magique.
On a débarqué notre manager , embarqué notre proprio avec famille et amis et sommes repartis
explorer la cote et ses iles.On est maintenant bien connu de tout les Windjammers et c’est
quasiment tout les jours que nous échangeons par VHF sur les meilleurs coins et la météo.
Tout est tranquille et paisible…
Comme le soir ou on était allé diner a terre chez un de ses amis , Maurice, adorable avocat New
yorkais qui parlait un français parfait. Il habitait pour l’été sur une petite ile et en fin de soirée , au
moment de rentrer au bateau , on se rend compte qu’un épais brouillard ne nous permet pas de
voir a 5 mètres. Je n’ai plus aucune idée vers ou il faut aller et , bien sur, je n’ai pas pris la
VHF .L’équipage et les enfants sont resté a bord et nous sommes quatre , le proprio , se femme ,
la stewardesse et moi a se demander vers ou aller.
Cela nous a pris pas mal de temps pour trouver Antares dans cette purée de pois et c’est
relativement frigorifiés et humides que nous montons a bord , elle, râlant contre les deux hommes
qui ont oublié la radio , lui , une fois sa femme dans sa cabine, se verse un verre de cognac
s’installe dans le cockpit et décrète tout heureux que : c’était une super soirée.
Le lendemain , un décret sera promulgué ( pour calmer sa femme) imposant qu’une Vhf portable
devra systématiquement être dans les annexes.
Mais ce décret ne sera jamais appliqué , on a préféré garder la règle ancienne qui dit que celui qui prend une des annexes se démerde en cas de pépins si il a oublier la radio.
Normal, quoi!
Ainsi , les jours passent.
Jusqu’a ce qu’un jour nous apprenons par le radio que tout le monde se retrouve a Camden pour
la régate entre Antares et , devinez qui? , Julie Mother.
C’est quoi ce bazar?
On est même pas au courant !
Mais si ,nous dit on , c’est même dans le journal. La goélette Julie Mother a lancer un défi a la
goélette Antares.
Branle bas de combat a bord. Il faut rentrer dare-dare a Camden mais ça sent le guet-apens
a plein nez.
A bord , du coté proprio et équipage l’excitation monte mais du coté femme du proprio , ça fait
plutôt grise mine.Depuis notre croisière et aventures au Bélize elle a compris que la complicité
entre le proprio et moi pouvait nous mener parfois a faire des « trucs » avec Antares souvent
limites.
Décider et réussir a amener ( et a en sortir) Antares au milieu du trou bleu de Lighthouse reef au
Belize , entre autre , lui avait laissé un souvenir indélébile .Il faut dire qu’avec nos 30 m et 3 m de tirant d’eau plus des mauvaises cartes on a souvent tutoyé le fond.
Lui , il est heureux a bord .Une fois qu’il a mis ses docksider pourries , il se met en mode bateau , vient me voir et devant la carte du coin demande :
- Alors , on va ou , on fait quoi? et on décide d’un programme que l’on ne suivra pas parce que
ou lui ou moi aurons pensé en route a un « truc » mieux , plus excitant que le programme du
départ approuvé par sa femme. Elle va donc ce jour là se tourner vers lui ou moi ou les deux et
dire d’une petite voix ;
- C’est pas un peu dangereux ce que vous faites là?
Ou alors
- On de devait pas aller a une plage aujourd’hui ? les filles vont etre déçus.
Le trois jeunes filles du proprio sont , elles aussi heureuses a bord .Les règles strictes de la
maison n’existent plus et elles sont un peu passagères , un peu assistantes d’équipage , toujours
de bonne humeur et les règles du bord leur conviennent surtout que chaperonnées par l’équipage
elles peuvent sortir le soir.
Nous voila donc de retour a Camden .
Le port n’est pas grand et Julie mother a pris notre place a quai . Ça commence mal.
Il y a effectivement un article dans le journal il y a une semaine ou tout simplement Le skipper de Julie mother défi officiellement la goélette Antares.
Le petit ……..
Il a visiblement très mal pris la raclé qu’on lui a mise a St Barth .
On se rencontre et après un échange de noms d’animaux sauvages on en vient aux choses
sérieuses.
Ayant été challengé , je décide donc d’un parcours 1/3 de près et 2/3 de portant pour notre
régate de ce samedi dans la baie de Penobscot au vue de tous.
J’embarque a bord le skipper du Marie Day et le second de l’Adventure tout deux schoonermen ,
ils ferons des bras compétents en plus et aussi la connaissance locale des courant et rochers.
Le jour de la régate est parfait , mer belle , vent 10-12 nds du sud et soleil.
Il y a un bateau jury et pas mal d’autre autour.
Départ parfait au près tout dessus vers la marque au vent a quelque miles . Non seulement on le
laisse derrière mais en plus il perd du terrain . Le bord suivant sera du petit largue et on sera
encore plus rapide que lui , restera le bord de vent arrière ou il pourrait , avec son spi , nous
reprendre.
La marque a virer est une tourelle de danger isolé , un petit haut fond, que l’on doit laisser a
tribord . On a virer , bâbord amures , vers la tourelle que l’on va laisser environ 75 m sur notre
tribord. Après , on enverra le fisherman et Julie mother ne nous reverra plus.
Mes marin locaux me confirme bien , ça passe.
ET BOOM, en fait ça fait pas boom mais un raclement sourd , pas de chocs mais on est arrêté .
On vient de se grimper le haut fond largement bien indiqué par la tourelle a coté.
Pas le moment de chercher des responsables .
Ce n’est pas en mettant le foc a contre que l’on sortira nos 90t de là. Donc ,ça va vite: démarrage
du moteur, grand coup de marche arrière avec beaucoup de pas a l’hélice, on se dégage , se
mettre tribord amure pour s’éloigner , couper le moteur , cent mètres de plus et re virer vers la
marque suivante.
On a fait au plus vite mais Julie mother , qui nous suivait a 300 m a évité les hauts fonds
mais ,bien sur, nous est passé devant sans nous attendre , normal .
Le temps de tout remettre en place et de reprendre de la vitesse ils seront environ 300m devant a
la marque suivante pour le bord de vent arrière .
On s’est placé exactement dans son vent arrière , lui sous spi, nous grand voile et voile de flèche ,misaine et voile de flèche en ciseaux .
On finira 50 m derrière , lui complètement déventé par notre mur de toile de 30m de haut par 25m
de large . Encore 200m et on aurait été devant.
Bien sur , avec des si ….
Le deux schoonermen locaux étaient désolés mais le soir , sur les quais et dans les bars , tous
étaient d’accord pour dire qu’on avait superbement manoeuvré , qu’on étaient les plus beau et
qu’on avait vendu chèrement notre peau.
Même David , le skipper de Julie Mother a admis que sans ce malencontreux « cailloux » il aurait
eut du mal a nous doubler.
L’honneur est sauf!
Da toute façon , cela ne fait que 1 partout , après tout.
Julie Mother a disparu du paysage , est reparti comme il est venu , en mode furtif et nous ne
l’avons plus jamais croisé.On s'est demandé si il n'était pas venu exclusivement pour prendre sa revanche, dans ce cas là , chapeau a David.
Quand a nous , nous sommes redescendu doucement vers New York mais a Newport , suite a
une erreur de notre mécano , nous avons détruit ( pas tombé en panne, mais détruit) notre moteur
,le fameux V8-71 Detroit diesel ce qui a sonné la fin des vacances de la famille.

C’est un peu tristounet comme fin mais on se rattrapera aux vacances de Noel aux Antilles ou l’on
décidera de partir pour un tour du monde.
On avait pas le choix , expliquons nous a sa femme pas convaincue du tout , heureusement les
filles sont a fond.

Ce qui fait que…
Quelques semaines plus tard , début Fevrier …
On se présente de nuit a l’entrée de la baie de Carthagène (Colombie) …
Je ne trouve pas la carte de détail.
On fait quoi me demande le proprio ( a bord avec un ami) ?
- Ben , on attend un cargo et on le suit
- Bon , et après ?
- On trouve un pêcheur qui nous conduira au club nautico.
C’est ce qu’on a fait non sans se planter dans la vase juste avant d’arriver au ponton du club
nautico.
J’ai cherché et finis par trouver la carte rangée dans le mauvais tiroir.
Ben voila ! je savais que j’en avait une , de carte de détail.

A suivre…

Photos 1: Antares toutes voiles dehors.
Photos 2 : première page du journal local , Antares est a gauche ,en tête de parade.

23 nov. 2022

Merci pour ce beau récit !
Antares, quel beauté !

23 juil. 2022

On s'y croirait, merci.

23 juil. 2022

belle narration ,vivement la suite......

23 juil. 2022

Et vu ton CV, tu dois en avoir des palanquées d'histoires de mer. Plus on en a, plus on aime.

23 juil. 2022

Matière à faire un super bon bouquin !👍👍👍

Juste magnifique !

23 juil. 2022

Merci pour ce superbe récit

23 juil. 2022

Superbe récit. On attend la suite !

23 juil. 2022

Trés belles histoires, merci bcp pour ce(s) fil(s).

23 juil. 2022

En annexe, photos que j'ai trouvé du voilier Julie Mother (histoire ci-dessus).

24 juil. 2022

On en redemande...

24 juil. 2022

Magnifique histoire!

24 juil. 2022

On avait eu un peu la même histoire de rivalité.

C’était à Rhodes, fin des années 70 et nous étions quelques voiliers à faire du charter sur la côte sud de Turquie.
Les clients arrivaient généralement le Dimanche et débarquaient le Samedi suivant. Le Samedi après midi était consacré aux réparations éventuelles, au polissage des bateaux, à l’approvisionnement et, pour la soirée, à la fête ou les hôtesses changeaient parfois de bord (et de fait de couchette).
C’était arrivé cette semaine là, la petite du L……., un plan Stephens, construit à Brême en 1932, superbe cotre de 22m aux vernis brillants comme du vermeil et au mat démesuré avait débarqué pour le skipper de F……., plan Presle de 22m, ancien de la course autour du monde et de la transat.
Les deux skippers se haïssaient.
A la VHF, les propos étaient parfois salés.
Ce Samedi là, un défi fut lancé. Je ne me souviens plus par lequel des protagonistes, mais il en fût décidé ainsi :
A 14h, les deux bateaux sortiraient du port, prendraient le temps d’établir la voilure, puis la course serait d’aller virer une bouée devant la côte turque à une vingtaine de miles de là, avant de rentrer. L’arrivée se situant dans l’alignement des deux feux d’entrée du port de Rhodes.
J’avais été embarqué sur le L.... pour l’événement.
Il nous fallu beaucoup de temps pour monter l’immense GV.F.... piaffait.
Quand tout fût prêt, les focs, trinquettes, génois et GV établis, les deux immenses voiliers s’élancèrent.
Le canal entre Rhodes et Marmaris est orienté plein travers au meltem. Celui ci souffle dans ce coin là d’une manière régulière pendant tout l’été entre 18 et 25 kn. Les deux voiliers étaient au maxi de leur vitesse, vers les 13, 14 kn, les équipages au rappel. Les gerbes d’eau dessinaient des arcs en ciel à chaque vague.
A la bouée, 25 miles plus loin, les deux bateaux étaient rigoureusement bord à bord.
A l’arrivée, il aurait fallu une photo pour décider quelle étrave avait passé la ligne devant l’autre..

Il y eu ce soir là une fête d’enfer au bar.

Je ne sais plus quel skipper la petite hôtesse récompensa en premier.

29 juil. 2022

ED850,
On doit deviner le nom de L et F ?
Je tente ma chance :
L comme L-----LL
F comme F-----E

F était un voilier magnifique , celui auquel je pense était un plan Herreshoff avec un arrière a tableau sans voute et safran extérieur. Je me suis retrouvé bord a bord avec lui parfois a Rhodes.
Et je ne me souviens plus si il avait un artimon ou pas, il y avait aussi une histoire de grand mat dont le haut , très fin , avait soit cassé ou avait été coupé pour le charter.
Je chauffe ou pas?
Je n'ai rien a voir avec l'histoire de l'hôtesse , je ne suis responsable de rien , je n'ai rien vu ni entendu.
Peut être que cette charmante personne n'est allé récompenser ni l'un , ni l'autre. L'âme en peine , il se peut qu'elle ...

29 juil. 2022

Comme c'est dommage , j'ai appuyé sur publier avant d'avoir fini mon histoire.
C'est benêt.
Bon , ben , tant pis.

29 juil. 2022

Erreur de ma part,

le voilier L - - - - - - ll était magnifique .
Le F - - - - IE (si je ne me trompe pas) un classique Presle de l'époque en alu.

29 juil. 2022

Pour L.....ll, t'as raison, c'est loin et j'ai un peu confondu avec Kh...m (plan Stephens 1932). Pour F.....de, il est plus connu. Il faisait un peu de charter entre des tentatives de records (dont un raté de peu).
Mais en même temps, les protagonistes sont parfois connus. Les noms ne sont pas forcément divulguables partout.
PS: c'était pas fin des années 70, mais début des années 80, en fait.

24 juil. 2022

Bonjour,
merci a tous pour vos commentaires encourageants.Cela me touche.
Raconter proprement a l'écrit ne vient pas tout seul, les retouches sont multiples et le texte peut prendre des semaines.
J'avais écris dans un fil intitulé: goélette antares , le début de l'histoire avec sa mise a l'eau et sa première traversée en solo.
Cette goélette était exceptionnelle. Elle n'était pas seulement belle , elle était a sa place sur la mer mais aussi elle avait une âme .
Non , je n'ai pas fumé ( de la ganja).
Comment vous expliquer en étant pas trop long.
Voici la fin de l'histoire.
Je ne suis pas mystique , mais quand même!
En 1990 , je suis marié avec un enfant , je suis aussi fatigué. Le proprio voudrait me convaincre de le suivre dans un projet d'un voilier plus grand, plus simple , moins fatiguant pour moi.Il voudrait aussi repartir autour du monde. Nous sommes très complices mais je mets pied a terre.
Mon second (français) prend la suite .
Un très beau voilier de 48 metres est dessiné par Ron Holland , pour le construire pas question de passer par un chantier existant. Il crée un chantier pratiquement de zéro en collaboration avec deux hollandais qui avaient déjà un petit chantier naval. Ce sera le chantier Vitters.
Peu de temps après la mise en route de la construction , le skipper d'Antares rejoint le chantier et Antares est confié a un skipper anglais.
Le proprio tombe malade d'un cancer et ne s'en sortira que par une greffe de moelle osseuse.
IL sera sur pied le jour de la mise a l'eau de Thalia (le nouveau).
Entre temps l'équipage de branquignols de la goélette Antares empale celle ci en plein jour sur un récif de l'iles de Cozumel avec perte totale.
Pendant les manœuvres de mise a l'eau du nouveau bateau , le proprio et moi sommes un peu a l'écart et bavardons , comme nous en avons l'habitude, de sujets qui n'intéressent que nous.
Je lui dit alors qu'il lui reste a lui donner une âme a ce nouveau et très beau voilier.
Il me fixe longuement et ne dit rien .On s'est compris.
Cela va être très difficile avec un voilier dont les voiles se manoeuvrent avec 9 boutons.
Thalia n'est jamais partis autour du monde et a fait des allers et retours entre la Méditérrannée et les Caraïbes.
S'ennuyant, le proprio se lance dans la conversion d'un ancien remorqueur de haute mer en yacht.
Cela a été très compliqué , long , très couteux et surtout pas drôle du tout.
Pendant tout ce temps , le skipper de Thalia étant très occupé avec le nouveau projet, je convoyais Thalia d'un coté de l'autre de l'atlantique et de la Méditerranée.
En 2002 Sea Wolf est mis a l'eau. J'ai navigué dessus et j'ai trouvé que ce bateau avait un "quelque chose" , qui me plaisais.
Quelques temps plus tard ,le proprio m'annonce qu'il arrête tout. Il était dégouté par le niveau des équipages, du monde du yachting ; c'est plus son monde.
Il vendra ses deux bateaux et m'achètera un RIB de 10 mètres pour aller pêcher avec son petit fils.
Lui et moi , on en a parlé de nos aventures et de toute l'histoire.
Lui non plus n'est pas mystique mais quand même: la goélette Antares avait elle une âme ?
Moi je sais ... et vous?

Je continuerais a publier par morceaux notre histoire.
Merci a tous

29 juil. 2022

Histoire d’âme de bateau... allez, je raconte.

Notre bateau Galopin est un dériveur intégral, et a une petite particularité : il respire.

Je n'ai rien consommé d’illégal : le puits de dérive est une sorte de très grosse boite soudée à l'envers sur la coque. Cette boite est en grande partie emplie d'eau, laissant à son sommet un volume d'air qui ne peut s'évacuer qu'en un endroit : l'étroit tube par où passent les brins du palan de relevage de la dérive, qui débouche juste en dessous du mât à l'intérieur du bateau.

De fait, lorsque le tangage est important, la variation du niveau d'eau dans le puits de dérive crée une aspiration/expiration par ce tube, et le bruit du passage de l'air est le même que celui d'une respiration. C'est très surprenant, il faut l'avoir entendu une fois pour y croire.

Bref, nous ne l'entendons qu'en mer... sauf une fois.

Septembre 2021, nous remettons Galopin à l'eau après quatre longues années de rénovation. Quatre années passées loin de la mer, sur des étais. Quatre années pendant lesquelles il a longtemps ressemblé davantage à un poulailler sur pilotis qu'a autre chose. Quatre années très dures pour nous, a tout démonter pour le refaire pratiquement à neuf.

Mais enfin c'est fini et nous revoilà à l'eau, amarrés au port de Lorient. On se pose dans le carré... Et alors que tout est enfin calme, nous entendons deux sourdes expirations/inspirations, tout comme un gros animal qui s'éveille doucement.

Bien sûr, il y a certainement une explication logique : un mouvement d'eau, un bateau qui a du passer tout proche... J'en sais rien.

Mais j'ai eu la larme à l’œil.

29 juil. 2022

Aucune logique, il en avait marre tout autant que vous d'être au sec... jolie histoire !

29 juil. 2022

Bien sur qu'il revit ton bateau😀. Dans www.hisse-et-oh.com[...]-mer-11 , FVLS35 a posté une histoire sur les sons particuliers à chaque bateau.

29 juil. 2022

Dans la rade de Lorient, il y a toujours du clapot de par la circulation, la nuit, c'est un la , jusqu'au 7h du matin.

01 août 2022

Salut,

J'ai hésité à poster cette petite tranche de vie dans le sujet consacré aux manœuvres ratées, mais je me dis que ça vaut bien une petite histoire.
C'était dans nos années "peu d'fric", en 2001 ou 2002. Faute de mieux, j'avais trouvé un Sun Odyssey 26 qui avait le bon goût d'être affiché à 520 euro la semaine en basse saison, pour nos vacances d'automne. Partis de Bormes, nous cabotions entre St-Mandrier, Hyères et les Îles d'Or, tranquilles.
Avec un canote de 7,50 m., en basse saison, les capitaineries trouvent toujours une petite place.
Ce jour-là, nous étions au port d'Hyères, le SO 26 nonchalamment glissé le long d'un ponton, au sud de la capitainerie.

Arrive un gros bateau, genre Amel, au pied de ladite capitainerie, juste de l'autre côté de notre ponton. Urbains et encore plus ou moins civilisés à l'époque, mon gamin et moi nous levons et allons prendre les amarres. Le fiston, d'une dizaine d'années, attrape une des amarres avant lancée par un équipier et fait immédiatement un tour mort sur une bite d'amarrage, pendant que j'en fais de même au maître-beau.
Peinards, l'amarre tenue entre deux doigts. Un équipier saute à terre et, sans un merci, dans un geste incompréhensiblement violent, arrache l'amarre des mains du gosse qui n'y comprend rien. Le mec défait le tour mort d'un air dédaigneux et... part quasiment en vol plané à la suite de son amarre tendue. Il s'arrête miraculeusement juste avant de passer au jus et se met à tirer comme un bœuf pour tenter de revenir jusqu'à un anneau.

Soulagé de mon amarre par un autre équipier, je m'en vais consoler mon fiston qui regarde le film en se demandant s'il faut en rire ou en pleurer.
La main dans sa tignasse blonde, en passant à un mètre du gros bœuf toujours arcbouté, je lâche à la cantonade : "tu vois gamin, il y a des grandes personnes qui croient tout savoir mais qui sont de vrais cons !"

Amitiés,
J.

01 août 2022

Une autre histoire d'amarres: apres un ete en bretagne nord + anglos, on redescend en bretagne sud par les canaux. On demate a Dinan et je prends rendez vous avec l'employe du port pour le dematage.
On se met a quai un peu avant la grue. Moi a l'haussiere arriere et ma copine a l'avant , in avance doucement le bateau pour se positionner pile sous la grue.
Arrive un gars qui arrache l'haussiere a ma femme en criant: "espece de conne. Vous n'avez pas vu'qu'il y a une grue".
Juste a ce moment, arrive l'employe du port.' C'est vous qui avez rendezvous pour demater? Positionnez vous pile sous la grue et on y va"
L'autre gros beuf s'est senti un peu idiot.. Le pire, c'est qu'il etait sur un bateau moteur qui a fait une bonne partie du canal avec nous. Je vous laisse imaginer l'ambiance dans les ecluses

01 août 2022

… La violence ! Oo

02 août 202202 août 2022

Dans la catégorie "Pas copain", on relâche pour une nuit à Ploumanach avec le Blue Djin de mes parents tout neuf livré quelques semaines plus tôt. Certes c'est un petit bateau mais il répond à notre programme de bateau itinérant par la route.

On attend sur une des bouées dans le chenal que la marée permette de passer le mur du bassin. Arrivé un joli bateau ancien, même taille, mais à part ça tout oppose les deux bateaux. On rentre ensemble dans le port. Une heure plus tard , dans le bourg , on croise le skipper propriétaire de l'autre bateau, un "bonjour, on s'est croisé tout à l'heure, vous avez un bien joli bateau " de mon paternel reçoit en retour un " ha oui, c'était vous sur l'autre brol en plastique ". J'ai toisé le type avant de lâcher à mon père " tu vois on peut avoir un joli bateau et être un c...ard fini"

02 août 2022

Sans vouloir un instant défendre le c...ard fini, il faut garder à l'esprit que les heureux propriétaires de ces voiliers sortant de l'ordinaire peuvent être parfois las de subir ces approches, même admiratives.
Exemple: les nouveaux propriétaire de la Rose des Vents, navire amiral de l'école de voile du château du Taureau (Finistère), lassés de croiser sur les pontons des anciens élèves de l'école!

04 août 2022

Son bateau était ancien et joli mais ce n'était quand même qu'un cannot breton de 6m, il ne devait pas être si dérangé que ça et même si on le dérangeait, rien ne justifiait une telle réponse, à la rigueur un simple "Bonjour" ou pas de réponse aurait largement suffit.

02 août 202202 août 2022

Les rencontres désagréables en mer et dans le milieu de la plaisance sont heureusement fort rares, au total de mes navigations en Manche sur disons une petite dizaine d'étés j'en ai eu 2, la première à Saint-Malo.
C'était ma première visite dans ce port et l'idée était de passer la nuit dans le bassin Vauban dont l'accès se fait via une écluse. En préambule, nous sommes bien habitués aux maneuvres dans les écluses, mon premier bateau ayant eu son port d'attache aux Pays-Bas. En été les écluses y sont souvent pleines à craquer, et quand l'éclusier juge son écluse pas assez pleine en fonction de ceux qui attendent encore dehors on entend parfois via les haut-parleurs (les écluses y sont assez "high-tech") la phrase "Ik zie nog water !" en français "je vois encore de l'eau !" . Donc en gros, l'écluse n'est pas assez pleine, il y a encore de la place, je fermerai les portes que quand elle sera pleine...
Bon, donc nous sommes en août, j'entre dans l'écluse qui donne accès au bassin Vauban et vois que les côtés droit et gauche de l'écluse sont complets, fort de mon expérience batâve j'en fais ni une ni deux et me dirige tout au fond de l'écluse ou je me mets à couple d'un joli bateau à moteur anglais plein de bois vernis. Quand l'écluse ouvre je me trouve en première position pour sortir à moins de vouloir créer un obstacle pour ceux qui sortent, donc je sors. Un peu plus loin je vois derrière moi un voilier dont la vague d'étrave semble indiquer qu'il est à pleine vitesse, arrivé à ma hauteur le type à la barre (genre vieux mâle grisonnant à tendance territorialiste) m'engueule en m'expliquant de quelle manière j'ai brisé toutes les règles non écrites du bassin Vauban en sortant le premier de l'écluse. Le bateau était du type "assoc" (avec des gros autocollants partout dessus). Le type devait probablement penser que le fait de mariner suffisament longtemps dans son jus à un endroit donné devait lui donner des prérogatives spéciales. Notament de pouvoir enguirlander les étrangers de passage.
L'autre fois était à Falmouth, entre autres endroits particulièrement peu vraisembable pour se faire enguirlander vu la nature discrète des locaux.
C'était mon premier été avec mon nouveau bateau, un plan Sparkman et Stephens de 1973, merveilleux voilier mais la marche arrière au moteur, c'est pas son truc...
La maneuvre était pourtant simple "sur papier", je sors en marche arrière de mon emplacement, en "contrebraquant" comme en voiture et ensuite repars en marche avant en inversant la barre afin d'orienter mon avant vers la sortie...
Seulement le fort vent de travers agit sur mon bateau d'une manière que je n'avais pas encore assimilé, avec un génois sur enrouleur le fardage d'une bateau avec franc-bord bas et sans portique arrière est concentré sur l'avant, rendant ma maneuvre impossible à réaliser. Le bateau refuse de tourner vers le vent.
Je me trouve donc en travers entre deux pontons dérivant vent de travers lentement mais surement jusqu'au fond "en cul de sac" en restant bien au millieu au moyens des petits coups de marche avant et de marche arrière. Au fond il y a un rutilant ketch de +/- 17m avec à bord une "middle-aged" dame de mauvaise humeur. Je ne sais pas si elle était de mauvaise humeur à cause de nous ou si on était juste la goutte qui avait fait déborder le vase ce jour-la.
On dérive donc gentiment et pratiquons un "kiss-landing" sur le bateau avec la dame.
A ce moment, pour me donner le temps de reprendre mes esprits et de réfléchir à la situation je propose à mes deux garçons de nous amarrer à couple une minute ou deux. C'est à ce moment que la dame sort de sa cabine comme un diable de sa boite et commence à faire pleuvoir sur nous plein de mots trés désagréables. Je m'excuse et tente de lui expliquer la situation, comme ça ne semble en rien tarir son flot de paroles, je concentre mon attention sur la manière de nous sortir de la avec , en bruit de fond la dame qui nous engueule. A ce moment, plus ou moins sur un malentendu je me rends compte que le bateau semble parfaitement heureux de sortir de ce pétrin en marche arrière contre le vent, ce que je fais et vais m'amarrer à la sortie de la marina en ponton d'attende. Je reviens à pieds m'excuser auprès de la dame, lui expliquant à nouveau gentiment que c'est notre première saison avec le bateau etc. etc.. Elle était déjà nettement plus calme à ce moment et à la même presque à la limite de l'amabilité, le harbour master est venu et a expliqué à la dame que ce genre de chose arrive et que l'important est qu'il n'y ai eu aucun dégâts.
Voila, ou sinon dans la toute grande majorité des cas beaucoup de gentillesse partout, d'aides spontanées, d'invitations à bord, de curiosité bienveillante.

02 août 202202 août 2022

dans les années 70, j'étais encore un ado boutonneuw, nous effectuons une traversée continent Corse sur un Amel Kirk (bateau relativement récent de l'époque).
C'était avant l'instauration des permis hauturiers.
A mis chemin, un bateau à moteur (petite vedette open) s'approche de nous.
Le gars à la manette nous hèle : ''c'est par où la Corse''.
Notre skipper tend la main en pointant la direction du doigt et lui crie ''c'est par là ''.
Le type a aussitôt remis les gaz et est repartit dans cette direction...
nous n'avons jamais su s'il était bien arrivé !

02 août 2022

Dans les années 70, pour aller en Corse avec un navire à moteur de moins de 25 tonneaux), il fallait le permis B

04 août 2022

c'est vrai, j'avais oublié le B. mes parents l'avaient.

03 août 2022

2 histoires de bateaux qui demandent leur chemin:
dans les années 80 (pas de gps à l'époque), on allait du havre à Cherbourg. Vent travers à 10 noeuds: mon Armagnac faisait ses 5 noeuds sans problème. On voit un voilier au moteur qui nous rattrape péniblement, moteur à fond.
Il se met à notre vent, à 10 mètres de mon bateau (j'apprécie moyen..). Il nous demande : vous avez une vhf? Et non, pas de vhf (c'était rare à cette époque).
Il me demande:
-Vous allez ou?
Moi: Cherbourg.
Lui: on va à Guernesey.
Moi: c'est bien. Bonne route. Si vous vous éloignez un peu de mon bateau, ça m'arrangerait.
Lui: c'est dans quelle direction Guernesey.
Je lui donne un cap compas, mais j'ai bien vu qu'il ne savait pas trop ce que ça voulait dire.
Donc je lui montre avec le bras: "c'est par là". Et il est parti par la..

03 août 2022

Seconde histoire, toujours dans les années 80.
On ramenait le bateau d'un copain basque de Laredo en Espagne jusqu'à Hendaye.
Départ un peu avant la nuit. J'étais à la barre et je vois un feu vert et un rouge qui se dirigent sur nous. J'abats de 10 degrés et il modifie sa route pour aller dans notre direction. J'abats encore de 10 degrés et il fait pareil. Il se rapproche : c'est un voilier au moteur. Il me demande en espagnol mais avec un accent français bien caractéristique »queremos ir à Santander ». (on veut aller à Santander).
Moi : Très bien allez à Santander.
- »Vous pouvez nous donner le cap ».
On fait un rapide calcule et on lui donne : « 10 miles au 300 puis 9 miles au 245 ».
Lui : « Hervé, note bien . 10 miles au 300 puis 9 miles au 245. Tu as bien compris ? ».

Puis ils sont partis vaillamment dans la nuit. La non plus, pas de nouvelles dans les journaux.
Je suppose qu'ils sont bien arrivés

05 août 202205 août 2022

DAns le genre histoire de ponton: Nous louons depuis quelques années (environ 2 à 3 semaine par été) une place dériveur sur la digue de Brehec. L'installation de notre catamaran à la place nous étant attribué par le responsable du port est toujours laborieuse du fait de la transition remorque routière ==> remorque de mise à l'eau ==> plus le matage (deux pour gréer un 15 pieds) la place sur la parking étant restreinte, pour ne pas gêner la route nous sommes contraints de serrer contre les étagères à youyou pour mettre en place le matériel. les clefs à la mains afin de déplacer l'attelage lorsqu’un marin à besoins de poser son annexe. cela dur environ trois quarts d'heures et toujours par échange très polis et compréhensif accordés de discussion de ci et de ça très agréables. Lorsqu'un moment, arrive un homme poussant sont embarcation dans sa rangé nous interpela "Déplacez vite votre voiture, vous gênez ma voiture je part tout de suite". ce à quoi je répond que je vais prendre les clefs sur la remorque de l'autre cotés de de la route, Puis, il part au quart de tour: insultes de tout genre, gueule plus fort que tout le monde à base de "MOI JE PAYE MOI MONSIEUR!!" ou encore "VOUS ÊTES PAS CHEZ VOUS!!, ICI ON EST CHEZ NOUS!!" je me suis bien garder de faire remarquer que comme tout le monde je paye mon emplacement et habite dans le canton depuis 15 ans. Son spectacle à bien duré 20 minutes, appuyé de sa femme et d'un autre gusse. Ne cherchant pas l’escalade je n'ai joué que sur la répartit et un sourire d'amusement que je ne m’efforçait pas de dissimiler. Puis plus calme à la suite de ma phrase "Si il arrive quelque chose à mon bateau, je saurais d’où ça vient, le quai est filmé". A la suite de ça, je lâcha l'affaire et tourna les talon (j'apprécie l’effort de de sortir fermer la barrière du parking sous notre nez bloquant le passages aux autre embarcations. Bref, un beaux spectacle du retour à la civilisation. Heureusement,une chouette rencontre avec un vieil homme me proposant de l’accompagner en mer car trop vieux pour manœuvrer son vieux gréement sans moteur à la godille et remonter ses casiers à la main. comme quoi, il y a toujours des personnes bienveillantes et sympathique dans ce bas monde.

06 août 2022

La première fois que j’ai passé le raz de Sein, au tout début des années 70, nous étions sur un Armagnac sans moteur. Il y avait à peine un souffle d’air et le bateau avançait gentiment car nous étions à l’étale de basse mer. Il y avait un peu de brume et la visibilité était assez réduite. Arrive un voilier anglais, au moteur, trainant son poisson de loch. Il nous demande : nous sommes où ? Nous lui avons fait la visite guidée des amers que l’on devinait dans la brume. Un grand merci de sa part et il est parti dans la brume. À cette époque, pour moi, le raz de Sein était un mythe, vite désacralisé par cet anglais…

08 août 2022

L’an passé, nous avons quitté St Martin de Ré tout début Septembre, avec une météo parfaite. Petit vent d’Est pour la semaine à suivre, beau temps, températures douces.
Après des mois de confinement, il était plaisant de quitter l’Europe et reprendre la navigation dans des conditions aussi tranquilles.
Dès les Baleineaux virés, le cap vers Ortégal nous mettait plein vent arrière.
Le spi et la voile d’étai en l’air, nous progressions sur une mer calme et sans houle à 5,5 kn, en silence. Les lignes à maquereaux nous fournissaient le repas du soir, avec un petit muscadet bien frais, la soirée et la nuit s’annonçaient idylliques.
Au vu de la météo et contrairement à mon habitude, j’avais gardé mes voiles légères pour la nuit et veillait sans grand zèle bien au chaud dans le cockpit en somnolant de temps en temps.
Vers 1h du matin l’AIS sonna : B….4 se présentait en route de collision. J’étais babord, au 250. Son cap au 300 me disait que c’était un voilier tribord amure .
Il marchait à la même vitesse que nous, il devait donc aussi porter son spi dans ce petit temps d’Est.
En choquant un peu de bras et reprenant un peu d’écoute, je mettais 10° au vent et passais juste sur son arrière à une petite centaine de mètres.
La fin de nuit se passa bien, un petit empannage au matin, puis un autre le soir et la seconde nuit s’entama de la même manière.
A 1h du matin que vois-je apparaître sur l’AIS, venant de mon SE ? Le même B….4. Positionné exactement comme la veille, je dus effectuer rigoureusement la même manœuvre.
2 jours après, nous étions à Vivero, puis cabotâmes lentement jusqu’à la Corogne avant de partir pour Madère.
Nous étions prêt d’arriver à Porto Santo venant du Nord babord amure, toujours sous spi que vers 1h du matin, l’AIS m’avertit qu’à mon vent, en tribord, arrivait un voilier.
C’était B….4 qui me fit de nouveau manœuvrer exactement de la même manière que dans le golfe de Gascogne pour passer quelques dizaines de mètres à sa poupe.
On était donc inséparables avant de se connaître. Les apéros sur les deux voiliers s’enchainèrent alors au même rythme que les rencontres en mer. On s’est croisés de nombreuses fois ensuite dans les Antilles.

09 août 2022

Monsieur B, ex officier radio de MM était électronicien de marine dans le Sud.
Un homme très compétent
A l'époque des LORANC que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, l'un de ses clients le consulta
Monsieur B, quand je reporte ma position sur ma carte, il y a un truc qui ne va pas. Je suis perdu.
Au port, Monsieur B va à la TC et porte le point
Correct
Monsieur B lui dit : Là c'est le Nord en lui montrant le haut de la carte
Ah ! Vous faîtes bien de me l'apprendre je vais le marquer en GROS au feutre rouge en haut sur la carte
Authentique

09 août 2022

Pas compris.

09 août 2022

le client ne savait pas que le NORD est en haut de la carte, et non pas sur le côté ni en bas

28 août 2022

Un petit post pour faire remonter ce beau fil et qui m'a été inspiré par les actualités corses:
C'était il y a environ 25 ans, pseudo skipper inexpérimenté mais enthousiaste avec femme et deux petites gamines, nous louons un voilier pour un été corse: le bonheur.
Un matin magnifique, au mouillage en baie de Propriano, levé le premier, je sirote mon café sous un ciel azuréen, au calme dans un bonheur tranquille. Le paradis sur Mer.
Qui finit par être troublé par un grincement rythmique : un vieux monsieur s'approche de mon bateau à la rame sur sa barcasse:
"Bonjour !
- bonjour
- si j'étais vous, je resterais pas trop longtemps ici, ça va bientôt souffler"
Je regarde le ciel, ma girouette, l'eau... Calme plat.
" Vous voyez les nuages là bas qui descendent le col?
- euh...oui
- bah ça veut dire que dans quelques heures ça va donner, va encore y avoir des drames. J'dis ça, vous faites bien comme vous voulez ! Bonne journée !"
Et il s'en va. Sage conseil ? Galéjade au dépend du touriste ?
Comme nous avions à renouveler l'avitaillement, dans le doute, nous rentrons au port de Propriano plus rapidement que prévu,au cas où.
Dans l'après-midi fort coup de vent, des voiliers à la côte.
Merci monsieur.

29 août 202229 août 2022

Je remonte également ce fil avec les affres de l'été !
Ne vous attendez pas à de la littérature ce coup-ci. C'est le Whisky qui m'aide à me souvenir avant que mon subconscient ait éliminé ces misères de ma mémoire !

Cette fois-ci, c’est la quille tribord !

J’ai raconté ici, dans un texte très autobiographique, mon amour immodéré pour la proximité des cailloux. Vous le trouverez dans un des fils précédents, où peut être vous retrouverais-je le lien. J’y racontais un mode de navigation très particulier, celui que j’aime plus que tout, et je me comparais à un huitrier-pie plutôt qu’à un albatros ou un pétrel.
L’image est bien plus parlante qu’une tentative de résumé. Ce petit oiseau qui semble toujours pressé, hyperactif et ultra-vigilant virevolte de cailloux en cailloux, sans jamais s’en éloigner. Et il utilise son puissant bec pour frapper et ouvrir des crustacés… et enfin, il parle beaucoup. Je n’insisterai pas sur ce dernier point, que mes amis et nouvelles rencontres n’ont pas manqué de me faire remarquer, sans que cela puisse ralentir le débit des histoires que j’ai à raconter !

Donc… tous les ans en fin d’hivernage, je meule et traitre très proprement le bas des deux quilles de mon vieux Westerly, pour effacer les traces des quelques chocs qu’elles ont subies. Depuis que j’ai à demi arraché la quille bâbord dans un talonnage d’anthologie, le bateau restructuré est tellement solide que les bobos se canonnent à la fonte des quilles. Je fais un traitement complet des zones esquintées à l’époxy, de sorte que le bateau est remis à l’eau avec des quilles d’aspect neuf.

Mais voila, après un nouvel été de navigation au plus proche du granit du golfe Normand-Breton, je me demande vraiment si la passion ne vire pas à l’attraction pathologique pour les roches, avec les symptômes et conséquences inhérents à toute pathologie !
Ce qui me fait penser cela, c’est que malgré l’expérience acculée par 35 ans d’exercice du rase cailloux, un équipement cartographique et de positionnement au top, et une vigilance que je me promettais de redoubler, je me suis mis proprement dans les cailloux deux fois en un mois, que je savais que j’y allais, que je n’ai pas poussé la barre lorsque le cœur c’est mis à battre fort … et que je n’ai pas consigné les « incidents » dans le livre de bord !
C’est devenu comme une addiction : aller là où les autres ne vont pas. Trouver le mouillage ultime. Celui qui fait deux fois la longueur du bateau, enserré au plus proche de roches de telle sorte que de l’extérieur, on ne distingue du « mouillage » que le haut du mât du voilier.

Je rassure ceux qui se disent déjà que je suis un irresponsable doublé d’un incompétent ne sachant pas lire une carte (pourquoi pas, après tout !!). Je sais aussi très bien prendre les chenaux et m’y tenir ! J’ai emmené mes barques fort loin des côtes bretonnes sans jamais y faire de trous (sur un archipel désert de l’Océan indien, c’est beaucoup moins drôle…). Mais voilà, cet été on a décidé en famille de se donner un mois pour poser l’ancre et les quilles dans les mouillages les plus inaccessibles, ceux où nous n’avions jamais osé aller.

Alors bien sûr, nous sommes allés au fond du petit port de Bordeaux Harbour à Guernesey où, une fois de plus, nous étions le seul voilier. Et le sympathique jeune guernesiais du canot de pêche d’à coté, qui a sauté à mon bord pour prendre l’apéro, m’a confirmé qu’aucun visiteur ne s’aventurait jamais dans ce petit havre. Pourtant derrière l'entrée sinueuse et soumise aux courants forts du petit Russel, se cache une magnifique esplanade de sable plat et tendre. Cet endroit où mouillent à l’année de petits bateaux de pêche est fréquenté tous les soirs par des baigneurs et kayakistes. Le centre bourg de Saint Sampson auquel nous trouvons beaucoup de charme est à 15 minutes à pied par le chemin côtier. Comme je connais maintenant l’endroit par cœur, je ne me suis pas encastré dans les rochers qui tapissent le fond du chenal et qui forment un seuil au droit du bout de la digue submersible, si on ne la rase pas à 1 mètre.

Bien sûr, nous sommes aussi allés nous planquer derrière l’Île des Pins, à Plougrescant. Celle où Guirec Soudée cache son dériveur en acier, Yvinec, du nom de l’île où se trouve sa maison. Comme j’avais repéré par où passait Guirec, j’ai fait pareil… et ça passe. Ne cherchez pas de chenal, il n’y en a pas. Il faut zigzaguer entre les pâtés de roches, les parcs ostréicoles et les dunes de galets.
L’endroit se mérite, mais il est absolument fantastique. Derrière l’île, au plus proches des cailloux, sous les cimes des arbres, le vent est quasi nul lorsqu’il y a 30 nœuds 50 mètres plus loin. 50 mètres, oui, à peine. A tel point que nous avons dû nous recaler et venir mouiller au plus proche d’Yvinec (le bateau) pour profiter du calme. Guirec Soudée a raconté lui-même dans une émission que j’ai écoutée en podcast sur radio France, à quel point les eaux sont poissonneuses et riches en crustacés et coquillages. Effectivement, mais je ne vous en dirai pas davantage !
Le bateau a posé sans incident autre qu’un pavé sous le safran (sans conséquences, il est fait pour). Au bas de l’eau, le skipper d’un bateau mouillé à Bugueles est venu me voir et m’a demandé comment j’avais fait pour arriver jusque là. Un peu vache, un peu taquin, j’ai répondu : « par la mer »…

Bien sûr, nous sommes également allés nous poser deux jours à l’île d’Er, sur l’esplanade de sable à l’Est de Petite Île, sans incident cette fois-ci. L’entrée par le Nord comme par le Sud est franchement Roch n roll, dans de très forts courants. En arpentant la zone au bas, j’ai découvert un autre mouillage vachement sympa, où nous avons passé la nuit. Le Nord de l’île Verte. Faut viser juste, je vous l’accorde. Mais la vue dans toutes les directions est splendide surtout au couché et au levé du Soleil et les sondes ont l’avantage d’être bien plus basses que Petite Île où on pose très haut.

Alors, pourquoi tout ce bla-bla ?
Les choses se sont gâtées lorsque j’ai cédé à l’envie d’aller mouiller dans Grand Havre, au Nord de Guernesey. L’endroit porte en réalité assez mal son nom. Certes, c’est une baie profonde, mais elle est terriblement mal pavée et totalement ouverte à la houle de secteur Ouest. J’ai choisi le temps idéal, fin juillet. Pas la moindre houle, situation anticyclonique très stable et vents faibles. Nous sommes allés tout au fond, dans « Amarreurs harbour », qui ne figure même pas sur la carte du SHOM. C’est un minuscule port constitué d’une succession de digues et d’enrochements submersibles, qui sert uniquement à amarrer les plates des bateaux de pêches au mouillage plus loin dans la baie.
Le meilleur moyen de se faire une idée de ce « port » est d’ouvrir Google Earth (le port ne figure pas sur Maps carte, mais uniquement en vue satellite). Vous y verrez la digue Nord, en pierre de taille, submergée aux alentours de mi marée. Au Sud, ce n’est qu’un enrochement désordonné, plus bas que la digue et signalé par une perche blanche.
Mon idée était d’embosser le bateau face à l’ouest derrière l’enrochement. Oui, mais la place est comptée. Les taches noires qu’on voit au milieu du port sont en plein dans le passage et sont de gros pavés bien dangereux si on s’y pose. La mer étant haute lorsque nous sommes arrivés, j’avais assez de dégagement (40 mètres environ) pour embosser en mouillant très court. Nous nous sommes posés parfaitement et avons passé une super journée ainsi que la nuit suivante.
Mais pour repartir, ça a été une autre histoire. Le vent a tourné Est et nous poussait inéluctablement sur les enrochements recouverts de guère plus d’un mètre d'eau lorsque j’ai tenté de venir à pic de l’ancre avant pour la relever. Alors, j’ai utilisé la bonne vieille méthode. Me boucher le nez et sauter à l’eau habillé (il y avait 1m70 environ) pour dégager les ancres à la main. Celle de devant d’abord, pour pouvoir éloigner le bateau des enrochements et le reculer vers la plage en tirant sur le mouillage arrière jusqu’à ce que le safran touche. Puis retirer le mouillage arrière qui n’était presque plus en eau, et enfin sauter à bord avant que le vent ne porte le bateau libéré dans l’enrochement, distant d’à peine 15 mètres sous le vent. C’est passé… presque. La quille tribord a arrêté net le biquille en touchant je ne sais lequel des tous petits pavés qu’on voit sur google Earth éparpillés sur le sable. Cela a eu un effet positif. Faire pivoter le bateau vers le Nord pour nous extirper de ce piège.

Moralité. C’était très amusant, j’ai pris plein de belles photos, mais je n’y retournerai pas. Trop limite et sans protection au plein, si le vent et la houle de secteur Ouest viennent à se lever. Finalement, nous avons traversé Grand Havre pour nous mouiller au Sud de la baie, sur une vaste esplanade de sable où se trouvent la plupart des canots de pêche. L’eau de la Manche qui remplit ce mouillage est absolument cristalline, mais dieu qu’elle est froide !!

A peine étions nous mouillés qu'un petit canot de pêche est venu à pleine vitesse sur nous. A bord, deux costauds à l'air pas commodes, dont le barreur, tatoué de la tête au pied, avec une tête de mort recouvrant tout le visage... Je n'ai pu m'empêcher de me demander quelle connerie j'avais faite pour les mettre en colère (c'était notre voisin de mouillage à Amarreurs Harbour). Et bien non, inquiet de voir un voilier visiteur, ils venaient nous demander si nous avions un biquille !

Une heure plus tard, c'est une dame habitant une maison en haut de la plage qui est venue nous voir à la nage et nous demander d'où nous étions pour oser rentrer là dedans. Apparemment, nous étions les premiers. "Saint Malo", lui a semblé une réponse très satisfaisante !

Jusque là, les pocs sur les quilles me faisaient penser qu’un petit coup de mastic époxy sans meulage suffirait.
C'était sans compter la dernière semaine de nav que nous avons passée à Brehat. Les quelques jours passés derrière l’île Lavrec m’ont sans doute fait perdre ma vigilance. Lorsque nous avons quitté ce mouillage pour rentrer à Saint Malo, nous avons eu envie d'aller traîner nos quilles du côté de l'île Saint Rion pour attendre la renverse, en raison du fort courant de grande marée (le 11 aout). Il y a à la pointe Sud Ouest de St Rion un mouillage d’attente délicieux, sur fonds de sable, au ras des hautes roches de la pointe. L’abri y est très bon par vent de secteur Nord et nous n’y étions d’ailleurs par le seul voilier mouillé.

L’heure de partir venue, nous avons rejoint le chenal … mais non, attends ! Regarde comme c’est beau là bas, à l’Est ! Effectivement, les roches du Roho, en grande marée basse, c’est splendide. Elles sont rejointes par des cordons de sable vierge où quelques petits bateaux à moteurs étaient venus se poser pour l’occasion. J’ai donc jeté un coup d’œil au lecteur de carte, et remis 30 degrés de Nord au pilote, pour m’en approcher au plus près et prendre des photos.
Sur la route, il y plusieurs pavés que je vous laisse regarder sur la capture d’image de la carte du SHOM. A l’heure où nous étions, pas encore au bas, la cote était à 2,50 m au dessus du zéro. Donc encore assez pour s’aventurer un peu plus près de la vaste zone bleue marquée de croix. J’ai parfaitement vu le 1.1 souligné, qui formait une grosse tache noire sous l'eau. Puis je me suis approché de la zone bleue et du pavé marqué d’une croix. Là, pensant en passer au Sud, ou suffisamment au dessus car je ne cale qu’un mètre, j’ai dégainé mon appareil photo et commencé les réglages en manuel… et Bing.

Et non, ce cailloux n’est pas au zéro des cartes, comme semble l’indiquer la croix. Il est à la cote 1.8 soulignée, ce que confirme la vieille carte papier dont je dispose encore à bord. Le choc à 4 nœuds n’a pas été brutal. Le bateau s’est soulevé à tribord sans ralentir avant de retomber derrière le pavé. J’ai eu bien plus peur pour le safran que pour la quille, car le haut du pavé n’était submergé que de 70 cm environ, et le safran non protégé par un aileron descend à 1 mètre, comme les quilles. Le temps que je me précipite sur le levier moteur, il était trop tard. Le safran était sur le caillou mais miracle, il n’a que frotté, sans buter, auquel cas il se serait arraché.

Bateau sorti de l’eau pour l’hivernage, j’ai pu constater que nous avons eu du bol. La partie la plus haute du caillou est passée entre les deux quilles, côté tribord et a profondément lacéré la quille côté intérieur à mi hauteur. Il est donc passé au ras sous la coque !
La balafre est longue et fait un bon centimètre de profondeur. Le garnit a arraché la fonte !
A quelques centimètres près sans doute, le safran restait sur le cailloux.

Alors, attraction pathologique, inconscience ou incompétence, je n’ai pas encore tranché la question !

Photos : en vrac, les captures d'écrans des mouillages et quelques photos que j'y ai prises.

30 août 2022

Salut, je vois que tu aimes bien faire du rase-caillou, si tu es du coin, y a des trucs vraiment cools à faire dans bréhat, y a moyen de trouver des alignements pour le faire en sécurité ;), je peux t'en filer deux ou trois si ça t'intéresse

23 nov. 2022

Merci pour ce récit !
...Ta famille ne doit pas s'ennuyer avec toi, c'est toujours l'Aventure !
;-)

23 nov. 2022

Merci !
Mes enfants adorent et ne sauraient s'en passer.

Ma femme me demande parfois si je suis sûr d'être là ou je pense ou si ça va passer.
Elle a en mémoire tous les accidents depuis 18 ans.
Rien de grave.

Elle valide, y compris le remplacement du bateau actuel par un plus gros (ce que nous avions auparavant), pour aller faire les cons un peu plus au Nord.
J'ai prévu un bateau à la quille TRES solide !!

29 août 2022

Les photos. A vous de trouver à quels mouillages chacune correspond !

29 août 202229 août 2022

Au pif,
1 Bordeau harbour
2 Yvinec
3 Ammareur bay

30 août 2022

Bien joué, café noir.
Tu trouves systématiquement les photos que je poste !

La 2, c'est plutôt l'île des pins. Yvinec est en dehors de l'image à droite. Par contre, c'est bien Yvinec, le bateau.

La 4 et la 6, c'est l'île d'Er. la 5, c'est le mouillage Sud de grand Havre.

Chapeau l'artiste!

30 août 2022

Je lis avec délectation toutes vos aventures, souvent magnifiquement racontées.

Mais je ne sais pas comment vous faites, j'ai quand même tiré quelques bords en mer, mais lorsque je reviens.... ben... je n'ai jamais rien à raconter, même à mes "proches" non rien !

30 août 2022

extra, je comprends l'addiction, mais d'accord, attention quand même à l'overdose...

30 août 2022

Bonjour,
lecture toujours agréable de ces péripéties.
je partage ce gout (peu être moins exacerbé toutefois!) pour les coins un peu hors des entiers battus, ce qui effraye parfois mes équipiers, mais sans conséquence. Ca aide d'avoir un dériveur intégral en alu!
Mais en tout cas être dans un mouillage tout seul y compris autour du 15 aout c'est possible.

Je ne relaterai pas aussi bien notre navigation estivale dans le même secteur :
A Bréhat j'aime bien le mouillage - assez facile au final - près de l'ile Séhérès, l'entrée est toujours sympa même à BM. Cete fois nous étions un peu tôt et slalomer dans les cailloux entre phare du Paon et le rocher Louet avec le courant portant est un peu sportif.
Nous avons fait une halte à l'Ile d'Er, non sans avoir tâté le caillou situé au milieu de la veine entre la pointe S de la grande et la pointe N de la petite ile
Un peu de rase cailloux du coté de Port-Blanc, pas eu le temps de passer par Yvinec :-(
Encore un mouillage tout seuls à l'Ile Aganton (dite Canton part les locaux), là on a eu un peu chaud, malgré la météo très calme, le gros caillou du milieu de cette petite anse, pourtant bien visible au satellite, était à moins d'un mètre sous notre bâbord...

Tu ne nous dis pas (ou peut être dans autre post) pas comment tu prépares ces navigations?

pour ma part, je l'ai déjà relaté ici, les cartes satellites géoréférencées avec SAS Planet sont d'une aide précieuse (en plus des yeux!), car autant dire que les cartes SHOM sont alors quasi inutiles (sauf les rares sondes)

Merci pour le partage des photos avec les croix rouges !

PS : @Nevenoe, je réponds oui à la proposition pour Bréhat !

30 août 2022

Salut yannbis.

As-tu une photo de ton Maracuja 42 ? Il me semble en avoir aperçu un cet été, mais je ne sais plus où.

Ah... les cailloux dans le passe en S entre l'île d'Er et petite Île avec 4 nœuds de courant. Quel régal !
J'avoue que celui de l'entrée aussi bien que le plus petit bien traitre de la sortie Sud me font flipper. Je rase le flanc Ouest de la passe, constituée de galets, en me disant que si je touche, je ne risque rien.

Comment je prépare ?

Il y a les mouillages que je découvre en y allant à pied, en vélo ou même autobus lors de balades à terre.
A pied au bas, c'est le top. Je prends des relèvements et je fais des photos.
Ensuite, carte SHOM pour voir les accès, et comme tu dis, elle est parfaitement inutile ensuite.
C'est là que Google Earth fait des miracles sur la tablette. Avec l'expérience acquise, je repère presque tout et j'arrive à apprécier les endroits les plus profonds (photos prises au bas de l'eau).
C'est le seul moyen pour rentrer dans des passes à la con à Madagascar par exemple.

Le Must est de pouvoir mouiller une marée en dehors et de voir par où l'eau monte au flot. C'est ce que j'ai fait pour l'île des Pins, en passant une nuit tranquille à Buguélès au Sud Est de l'île Istan (l'endroit le mieux abrité de Buguélès par houle d'ouest et grande marée, soit dit en passant !)

Ok aussi pour des relèvements à Bréhat. Merci !

Les photos :
vue d'Amarreurs Harbour du Nord vers le Sud à mi marée. L'enrochement devant le bateau est tout juste recouvert.
Le mouille à l'Ouest de Grand Havre, à 500 m de l'autre côté de la baie. Vue vers le Nord.

31 août 2022

bravo, en plus les photos sont superbes !
suis pas assez courageux pour faire ça !

31 août 2022

Une journée aux Glénan;
Il y a quelques années, mon bateau était basé à Bénodet et on allait régulièrement aux Glénan. On a un shi tshu et un terre neuve. Le shi tsuh aime bien sauter à l'eau quelques mètres avant la plage, de l'avant de l'annexe.
Notre fille est avec nous et nous décidons d'aller à terre, ma femme et moi avec l'annexe et le petit chien, la fille vient à la nage remorquée par le terre neuve qui a un harnais spécial pour sauvetage. Arrivés à quelques mètres le petit chien saute à l'eau et nage. Clem et Glupette le terre neuve suivent. On débarque tous et en arrivant sur la plage, comme d'habitude le grand se secoue.On se fait eng....er par un touriste bien gros et adipeux qui nous dit que les chiens sont interdits sur les plages. on n'en tient pas compte et là, le guss va se baigner. ça dsevait faire un momment qu'il rôtissait sur la plage et il a fait un malaise en entrent dans l'eau un peu fraiche quand même. Des gens se sont rendus à son aide mais le terre neuve n'a pas bougé, pourtant il avait toujours son harnais.
il avait du comprendre qu'il était pas le bienvenu.
Le soir, on décide de diner à la Boucane, un des restau de l'ile, il fait un peu frais donc on mange à l'intérieur. il y a d'autres chiens et Glupette n'est pas contente. On va donc l'attacher à une barrique de bière sur la terrasse. Passe le chat du voisin et Glu part à sa poursuite entrainant avec elle la barrique. Je la récupère et comme sur la terrasse il il y a une bonne grosse ancre à jas, je l'y attache.
On finit de diner et au momment de régler, il y a un client qui entre et dit au patron He Fred tu as vu?
Il y en a un qui a mis son chien au mouillage sur ta terrasse! Eclat de rire général dans le bar.

02 sept. 2022

Excellente !
C'était un rêve pour moi d'embarquer un Terre-Neuve, mes proches n'étaient pas convaincus...

03 sept. 2022

Il n'y a pas plus gentils que ces chiens là. Par contre ils tiennent de la place. Sans compter les tonnes de poils à retirer chaque jour. Et puis ça bave, pire qu'un escargot.

04 sept. 2022

Des amis, terriens, avaient un couple. Le mâle = 99 kg 😲. Et nous n'avions pas l'habitude d'avoir des poils dans les assiettes 😟

02 sept. 2022

C’était en Guadeloupe dans les années 90, je bossais alors pour une boîte de loc, quand un jour, la chef de base vient me voir à bord de mon bateau et me demande si je pouvais aller chercher un bateau en perdition à Barbuda, une des îles les plus paumées des Caraïbes.
Il s’agissait d’un bateau loué par des allemands qui avaient dû se manger un caillou, et dont le bateau avait le safran en vrac. Me voici donc à « l’aéroport » de Barbuda (je mets des guillemets car l’aéroport en question, c’était quelques cabanes en tôle ondulée, ça a peut être changé depuis) ; Je trouve un mec qui me conduit à l’endroit ou le bateau est mouillé, et je fais donc la connaissance de ces braves gens, deux couples dont l’une des femmes était enceinte jusqu’au cou. Aussitôt à bord, je mets un masque et je vais ausculter le safran, ce qui m’a permis de constater que la mèche était tordue, ce qui rendait la barre très dure, mais malgré tout fonctionnelle.

C’était la fin de l’après midi et il fallait dégager de cet endroit pas abrité, et rapatrier le bateau à St Martin à la base de l’Anse Marcel distante d’environ 80 NM, d’autant qu’une dégradation de la météo était prévue. Je demande donc aux clients ce qu’ils souhaitent faire, soit ils débarquent, soit ils restent avec moi, mais je les préviens qu’il y a une nuit de nav avec un bateau pas au mieux de sa forme (et de surcroit une femme enceinte). Pas de problème me disent-ils, on reste avec vous et on vous aidera en nous relayant à la barre, il n’y avait en effet pas de pilote.
Bon ok, donc on relève le mouillage et cap sur St Martin, la nuit tombe, les deux filles vont se coucher, et les deux mecs font actes de présence dans le cockpit à mes côtés. Puis d’un seul coup d’un seul ,il y en un qui s’est souvenu m’avoir dit qu’on se relaierait à la barre, il a donc tenu parole…pendant un quart d’heure…je rappelle quand même que la barre était très dure. Quant à l’autre, il a vite rejoint les filles pour dormir d’un sommeil serein, bientôt rejoint par le courageux certainement épuisé par son quart d’heure de barre. Quant à moi, ben, j’ai passé la nuit à barrer ce putain de rafiot handicapé, et pour ne rien arranger, quand j’ai voulu jeter un coup d’œil sur la carte lors de l’approche de St Martin , je me suis aperçu que j’avais oublié mes lunettes, et comme je n’était jamais allé à l’anse Marcel ,et que de surcroit on n’avait pas de gps je n’étais pas franchement à l’aise après une nuit blanche. Mais bon, on arrive sans encombre à l’anse Marcel, on laisse le bateau aux bons soins du personnel de la base, et direction l’aéroport de St Martin pour rentrer au bercail, et là mon équipage de bras cassés, super sympa au demeurant, m’a offert un petit déjeuner pantagruélique dont j’ai encore un souvenir vivace.

03 sept. 2022

Les baraques de l'aéroport international(!) de Barbuda ont été refaites après le passage d'Irma. D'ailleurs ceux qui connaissent bien ce petit paradis seraient surpris des bouleversements que ce cyclone a entrainé. La lagune est maintenant ouverte sur la mer des Caraïbes ...

03 sept. 2022

Interessant, est-il envisageable d'y rentrer du coup ? Je me souviens de ce lagon interieur, il aurait fait un beau mouillage !

03 sept. 2022

A tenter avec circonspection et une mer peu agitée. Nous y avons mouillé à l'extérieur en décembre 2021, avec la tentation d'y aller avec l'annexe. Les nombreux orages et une mer assez agitée nous en ont dissuadé.

05 sept. 202205 sept. 2022

Ce n’est pas la taille qui compte !

Ou encore : avec l’âge seul le prix des jouets change, etc.
On sait que ces lieux communs ont un fond de vérité, et nous l’avons encore expérimenté de la plus belle façon cet été avec mon fils de 12 ans.

J’ai relaté plusieurs fois sur Hisse & Oh la construction de petits voiliers faits de matériaux de récupération, trouvés aussi bien sur les grèves que dans les poubelles. Je pratique ce jeu depuis ma plus tendre enfance, poussé par la passion des « toys boats » qui ne s’éteindra qu’avec mon dernier souffle, j’en suis à peu près sûr.

A noter que nos amis Anglo-Saxons, et pas seulement britanniques, sont bien plus conservateurs que nous, et entretiennent la passion de ces petits bateaux en jouet, alors qu'elle est quasiment éteinte chez nous. Les toys boats sont traditionnellement faits de bois plein ou creusé. Nous avons tous eu un de ces merveilleux petits bateaux, enfant. Toute ville anglaise qui se respecte met à disposition des passionnés, petits et grands, un « model Yacht Pond », un bassin à maquettes dédié à cet usage. Il s’y déroule des rencontres amicales et compétitions où on croise aussi bien des marins en culottes courtes que des messieurs d’âge tel que l'avouer constitue une fierté.

A Guernesey par exemple, le bassin est un des plus fantastiques que je connaisse. Il est situé sur un quai du port, au pied de Cornet Castle et il est hors sol, aussi grand qu’une piscine olympique. On n’a même pas besoin de se baisser pour mettre les bateaux à l’eau, puisque qu’elle arrive au niveau des cuisses, séparée par un muret qui permet de poser les maquettes.

Absolument tous les étés, depuis que mes enfants tiennent sur leurs deux jambes, nous avons construit des bateaux, expérimenté, fait voguer, chaviré, fait naufrage, et compté les points de régates aux règles floues et fluctuantes, de sorte que chaque marin connaisse les joies de la victoire.
Absolument partout, dans chaque port, chaque mouillage et même en pleine mer.

En 2020, apprenant que nous ne pourrions pas naviguer en Bretagne et que nous passerions l’été confinés (à Madagascar), j’ai proposé à mon fils de construire deux « vrais » voiliers. J’entendais par vrai, des modèles construits comme les grands, sur une structure constituée de couples, membrures et lisses. Les voiliers seraient équipés de récepteurs radio et servo-moteurs, pour que nous puissions les guider depuis le bord de l’eau. Un sacré changement par rapport aux unités en polystyrène de récupération, même si les derniers voiliers construits étaient de splendides monocoques dotés de quilles en plomb, aux performances et capacités de remontée au vent flatteuses.

Ainsi, en deux mois, à raison de deux à trois heures par jour, nous avons dessiné et construit deux sister-ships en contreplaqué époxy, au « format valise ». J’entends pas là que les bateaux devaient être le plus long possible, tout en pouvant voyager avec nous en avion, une fois démontés.

Les connaisseurs des unités en contreplaqué des années 60 ne seront pas étonnés à la vue des photos que les noms de série des bateaux sont « Mousquedet « pour l’un et « Muscataire » pour l’autre. En effet, il s’agit de la carène à simple bouchain au développement cylindrique du Mousquetaire (Plans de Jean-Jacques Herbulot) avec le pont sans rouf et à la tonture caractéristique du Muscadet (plan de Philippe Harlé). Enfin presque. Y’a de ça !

Deux années se sont écoulées avant que nous puissions équiper les bateaux du matériel radio, pendant lesquelles nous-nous sommes tracassés sur les noms de baptême à donner à de telles réussites. Finalement, le bateau du fils s’appelle « bateau Orange » et celui du père « bateau Vert ». Pourquoi faire compliqué ?

L’équipement radio a été monté début juillet 2022, quelques heures avant le départ pour plusieurs semaines de croisière sur le navire amiral (un Westerly Konsort biquille). Nous avons navigué à chaque escale, que ce soit en marina ou au mouillage et une fois de plus, nous avons drainé tous les gamins des ports, mais pas seulement !
Plus d’une après midi, la radiocommande de mon bateau est passée de main en main sans que je puisse moi-même naviguer ! C’est drôle comme ce genre de chose toute simple est fédératrice, tous âges confondus, et attire même les marins les plus expérimentés.

Mais les régates les plus acharnées se sont courues au calme, loin des curieux. Les deux bateaux ont des performances absolument identiques et peuvent naviguer bord à bord des dizaines de mètres sans que l’un prenne un quelconque avantage sur l’autre. Bien sûr, lors des premières séances mon fils pas habitué au maniement de la radiocommande était loin derrière, mais les gamins, ça apprend vite ! Et bientôt, le marmot c'est mis à feinter, faire des refus de priorité aux bouées comme aux croisements amures opposées, de sorte qu’il terminait les régates plus souvent devant que derrière !

Il a même poussé le bouchon au passage d’un paquet d’algues faisant office de marque de parcours, alors que j'étais devant lui, à rentrer à pleine vitesse dans la voute arrière de mon bateau pour le faire pivoter sur la quille et le coincer dans le paquet d’algue. Bloqué un long moment avant de pouvoir me dégager, j’ai perdu la régate.
Sales mômes, franchement !

06 sept. 2022

calculatrice HP11C ? notation polonaise inversé ? mon cauchemars lorsque je suis arrivé au B.E. ! Après on si fait....3enter2+ !!!!

06 sept. 202206 sept. 2022

pas du tout, quand on a saisi le truc, ça va très vite. j'utilise une HP42 simulée sur mon téléphone. et suis pas matheu (ni littéraire😥).
thomasokken.com[...]free42/

06 sept. 2022

Bravo dreams Fizz !
Je me doutais que quelqu'un repèrerait cette calculatrice vieille de 40 ans !

C'est la calculatrice fétiche qui ne me quitte pas au labo et avec laquelle j'atomise tout le monde lorsqu'il s'agit de faire un gros Calcul numérique rapidement et sans se planter.
Le système de pile numérique est redoutable.
Il ne faut pas lui demander davantage, bien sûr.

23 nov. 2022

Bravo !
Beaux petits bateaux !

J'ai un modèle réduit au 10ème de notre 6,10 mètres Herbulot, c'est très sympa mais justement il n'est pas au format "valise" et c'est un vrai handicap en encombrement pour l'amener à l'eau.

06 sept. 2022

Magnifiques ! Bravo.

16 sept. 202216 sept. 2022

La Fiesta de Cap Clear Island

Le port de North Harbour sur Cap Clear Island, île de cinq kilomètres de long ceinturée de falaises, a deux particularités. Il est le port le plus méridional de la république d’Irlande et il est minuscule, encastré dans une anfractuosité sous les falaises de l’île.
Cinq milles à peine séparent ce pittoresque port du phare du Fastnet, qui trône à l’ouvert de la grande baie au nom évocateur de Long Island bay.

Nous sommes entrés pour la première fois dans North Harbour il y a une trentaine d’années, à bord de mon petit Start 7, construction du chantier Mallard, à la quille baladeuse et volage. Avec mon équipier et copain Etienne, garçon aussi sympathique et tranquille d’une part, qu’il était maladroit et inefficace à bord d’autre part, nous naviguons sans moyens de positionnement, et habillés d'une très légère et voilée perception des risques encourus.
J’ai écrit un texte relatant ces navigations heureuses et insouciantes dans un des premiers fils : « Les oreilles d’or ».

C’est en poussant la barre à fond pour ne pas encastrer notre coque de noix au bas des falaises, que j’ai vu apparaître le trou de quelques mètres de large. Bien que minuscules, quatre bassins forment cet ensemble portuaire et une chicane protège le bassin intérieur de la houle hivernale déchainée qui s’écrase sur la côte Nord de Cap Clear.

Pour autant, la chicane en S de quelques mètres de large ne suffit pas à protéger les bateaux en hiver, ainsi de forts bastings de bois posés sur le quai et manipulés avec une petite grue manuelle, permettent d’obstruer totalement le bassin intérieur.

Je suis allé avec tous mes bateaux dans ce port depuis et n’ai jamais rencontré d’autre voilier de passage. Seulement un ou deux locaux, de Schull ou Baltimore. Pourtant, l’endroit est charmant, très bien protégé dans les conditions estivales et surtout, surtout… trois pubs ayant pignon sur la route très pentue qui quitte le port, permettent de faire les poses nécessaires pour ne pas arriver en haut de la falaise asphyxié et les jambes cassées !

Nous suivons prudemment le protocole avec Etienne. Le premier pub est sur le quai, les trois petites tables de la terrasse presque au dessus de l’eau. L’endroit est également une boutique de souvenirs, dernière halte pour les touristes qui réembarquent sur le ferry qui rejoint le port de Schull, de l’autre côté de la baie de Long Island.

Alors que nous terminons notre bière en terrasse, la vieille Fort Fiesta garée sur le quai démarre et monte la rue… enfin presque. En fait, elle accélère moteur à haut régime puis ralenti sa course vaillante inexorablement jusqu’à l’arrêt complet, moteur toujours à fond. Combien de mètres a-t-elle parcourue dans la pente ? Trente, peut être quarante, mais il y en a bien cent cinquante à gravir avant d’accéder au plat en haut de la montée.

Pas grave. L’automobile rouillée, tachetée de quelques trainées blanches qu’on imagine être sa peinture d’origine redescend la pente en marche arrière, doucement, et prend son élan de plus loin. Oui, le quai fait bien trente mètres de long lui aussi, et il est plat. De quoi prendre une vitesse honorable, suffisante pour décider l’embraye qui patine à tenir bon jusqu’en haut.

C’est peine perdue. La petite Ford fait dix ou vingt mètres de plus et s’arrête, moteur fumant. Là, Etienne s’étonne que les deux jeunes gars qui sortent du tacot en râlant n’aient pas prévu le coup. Ils sont d’ici, c’est évident. L’embraye vient-il de lâcher ?

Bon, c’est pas nos oignons après tout. Nous aussi, on a une rue à monter, et il nous faut gravir à pattes les cinquante mètres qui séparent le premier du deuxième pub pour une pose bien méritée avant la grande aventure : la grimpe des cent mètres entre le deuxième et le troisième pub, tout en haut sur la falaise.

On oublie la bagnole. On boit puis on repart. L’ascension finale est victorieuse. Ca se fête à la peinte de Guinness, notre Everest. La bourse est totalement vide, les têtes et les yeux sont pleins d’étoiles et d’enthousiasme. On va brûler notre alcool en marchant comme prévu jusqu’au Sud de l’île, qui constitue la terre la plus méridionale d’Irlande. La route étroite enserrée entre les murets de pierres sèches des parcelles de champs, y mène gentiment en pente douce, presque en ligne droite.

Puis tout d’un coup, au détour d’un mur, elle tourne d’un quart de tour à gauche et nous laisse nez à nez devant un étang. Un petit lac, ici ! Sur cette grande dalle de pierre plate et hostile, à cinquante mètres de la mer, cinquante mètres d’altitude ! L’eau y est toute verte et tranche avec la couleur de l’océan, un jet de pierre plus loin.

Nous nous arrêtons. C’est beau d’autant que, coincées derrière la pièce d’eau, à l’extrême Sud de l’Irlande, plusieurs maisons sont construites au bord de l’étang. Nous pensons à celle ou celui qui peut se targuer d'avoir le lit le plus au Sud du pays. Nous parions sur le fait qu’elle ou il a mis la tête de son lit vers le Sud. En tout cas, c’est ce que nous aurions fait. Je n’ai pas pris mon appareil photo. C’est dommage, mais je n’ai pas les moyens de me payer la pellicule et le développement photo. Donc je l’ai laissé à bord.

Nous reprenons tout juste notre marche et amorçons le virage quand nous sommes doublés à vive allure par… une roue. Une roue d’automobile et sa jante, seule, comme ça, roulant tout droit au milieu de la voie, allegretto dans la pente. Nous nous figeons, stupéfaits, lorsqu’arrive quelques instants plus tard l’inévitable engin roulant, sur trois roues, puis deux. La roue avant gauche s'étant fait la malle , l’équilibre dynamique est rompu. La caisse bascule en avant sur les deux pneus restants, une gerbe d’étincelles lumineuses accompagne le bruit de crissement d’acier sur les graviers de l’asphalte et la carriole branlante termine immanquablement sa course dans l’étang.

C’est nos gars, qui sortent de la vieille Ford Fiesta, fulminants et mouillés.
« Ils ont réussi à monter la rue du port, c’est déjà ça », me dit Etienne, enthousiaste !

P.S. Histoire absolument vraie, du début la fin.
Photos : je ne retrouve pas la photo du Start 7, donc j'en mets une du bateau suivant.

16 sept. 2022

Magnifique ! Merci.

16 sept. 2022

Superbe…
Je suis venu plusieurs fois dans le coin mais n’ai jamais osé rentrer n’ayant pas de béquilles. Le port assèche n’est-ce pas ?

j'y suis passé en 2009 en échouant dans le dernier bassin. on avait été étonné par l'état des voitures et le parfois très jeune âge des conducteurs.
mais il n'y a pas de garagiste sur l'île et le transport sur le "Continent" est trop cher et les gendarmes ne viennent pas souvent.

16 sept. 202216 sept. 2022

Salut Benoît. Oui ça assèche, mais tu peux te poser le long du quai comme le voilier qu'on voit derrière mon Sauvignon.

Voilà un montage de photos de l'ensemble du port. C'est le bateau d'après, toujours à la même place, nez au quai, orienté Ouest. (Il faut télécharger la photo pour la voir en pleine définition).

16 sept. 2022

À retenir pour la prochaine croisière là-bas 😊

17 sept. 2022

Toujours aussi mauvais dans la gestion de mes archives iconographiques (et puis je suis en nav donc sans le stock), mais j'ai une tof je pense prise à peu près sous le même angle avec mon Mopélia échoué à quai à gauche dans ce bassin, et d'ailleurs une autre de la cuisson de nos lieus du jour, au barbecue monté sur le quai !
Endroit unique, c'est bien vrai... comme beaucoup d'autres sur cette côte d'Irlande entre Kinsale et Killybegs, en passant par Crookhaven, Dingle, Inishmore, Clare Island... of course !

18 sept. 2022

Bonjour,

j' y étais allé en 2014.
Les bassins à droite en rentrant étant en travaux, je n' étais mis au "quai des ferrys".
Ont avait laissé passer un coup de vent à couple d' un des ferrys, mais le deuxième jour, après la rotation du vent au NO, la houle qui rentrait dans le bassin créait un ressac terrible!

Depuis ce jour, j' ai des amortisseurs sur toutes mes aussières.

Gorlann

18 sept. 2022

Oui, Gorlann. Un ressac qui peut casser les bateaux, d'où la possibilité de fermer complètement le bassin intérieur avec des gros bastings de bois. Je ne sais pas si le dispositif est toujours opérationnel.

16 sept. 2022

Magnifique ! (l'anecdote et le mouillage)
Je note aussi ce spot ☺

16 sept. 2022

En école de croisière, avec le First 42, on mouillait souvent dans la baie au sud; Généralement bien protégée, on restait en eau avec notre TE de 2.30m

17 sept. 202217 sept. 2022

J'ai sous la main quelques photos sympas du port de Cap Clear. Je les mets.
C'est 15 après l'histoire racontée au dessus, avec le Ne Quid Nimis, ce super bateau que je n'aurais jamais dû vendre !

Comme la photo précédente, le panoramique du bassin intérieur, téléchargé sur ordi et mis à à l'écelle 1 donne pas mal de détails, dont la grue qui sert à barrer l'entrée avec des bastings de bois. Mais ce n'était déjà plus la même qu'à mon premier passage. On voit une grue électrique neuve.

ET je rajoute que l'île plate qu'on voit en zoomant au milieu du panoramique, c'est long Island, qui donne son nom à la grande baie. Elle est maintenant inhabitée, mais lorsqu'on passe dans le canal Nord pour rentrer dans Schull, on voit les vestiges du village... et des vaches qui se baignent sur la plage !

17 sept. 2022

superbes photos !

20 sept. 2022

Dans l'attente d'une nouvelle histoire à raconter, j'ai une info de première main qui va maintenir quelques temps le fil à flot.
Mon copain irlandais Andrew habite à Baltimore (histoire : "de Newlyn au Connemara où la rencontre de deux mousses", puis j'ai raconté il y a quelques temps nos retrouvailles, 35 ans plus tard).

Il m'a dit hier soir que le port de North Harbour, dont je parle dans l'histoire juste au dessus, est maintenant équipé de pontons visiteurs !
Dans le petit bassin formant la chicane.
Nos copains quillards peuvent maintenant y aller, car il y a 2,5 à 3 m d'eau au bas!

C'est Benoît et son Hood 38 sans béquilles qui vont être contents !

21 sept. 2022

Vincent, j’étais allé voir sur le site du et l’avait découvert. Cela me donne l’occasion de mentionner cet excellent site.

21 sept. 2022

Salut Benoît. Oui, c'est le même site que le lien que j'ai mis. Je l'ai découvert à cette occasion.

24 sept. 2022

Tiens, puisque sur un autre fil, on parle de Panama,

Lors de notre second passage du canal de Panama, nous avons éclusé à 2 bateaux . Nous, en famille, ma femme, nos trois filles et le chien, et sur l'autre bateau une équipe de trois joyeux drilles.
Il y avait le propriétaire du bateau, un cameraman free lance et « Tonton », un mercenaire lourdement armé. Leur objectif était d'aller faire un reportage sur les pilleurs de tombes Maya au Guatémala. Ils espéraient un scoop, car aucune des équipes ayant tenté cette expérience n'en était revenue.
Tonton avait donc été engagé pour la défense du groupe .
C’était une caricature de mercenaire. 1,90 m, 100 kg de muscles, la tête dans le prolongement du cou, il aurait pu être modèle dans une école de kinés : à chaque mouvement qu'il faisait, ses muscles saillaient à la Schwarzenegger dans sa jeunesse.
Quand tu lui serrais la main, non seulement la tienne disparaissait dans la sienne, mais tes os en ressortaient indemnes par miracle. Assis à coté de toi, il ponctuait ses histoires d'un coup sur ton genou ou ton épaule qui te faisait te demander ou était l’hôpital le plus proche.
Et des histoires, il en avait plein la musette. Il avait été capitaine de bateau trafiquant sur l'Amazone, avait participé au coup d’État aux Seychelles, avait sauté sur Kinshasa, fait de la taule sous Franco en Espagne, avait connu les bordels de Manaus et livré des armes à Aden… Un homme, un vrai, quoi.
Le soir, mouillés avant la Culebra, au milieu du canal (le canal de Panama se passe en 2 jours) il me prit à part :
« Eric, avec ta femme et tes trois filles, là, c'est pas prudent comme tu navigues, faut que tu sois armé, quand même. Bon t'as ton chien, et je comprends bien que le combat n'est pas ton fort, que tu ne veux ni fusil ni revolver, mais je t'offre un Bazooka. C'est bien un bazooka, un bateau vient trop près ? Un petit coup de bazooka, et paf, il t’embête plus. »
J'ai pas pris son bazooka, mais quelque temps plus tard, entre les Perlas et l’île Coco, quand un crevettier nous a suivi d'un peu trop près (quelques metres) pendant plusieurs heures, je me suis quand même dit qu'un petit coup de bazooka…. « et paf »….

25 sept. 202225 sept. 2022

Histoire incroyable !
Donc tu nous conseilles d'acheter un bazooka ? 😄🤣😂

25 sept. 202225 sept. 2022

Quand j'avais décliné sa gentille offre, il m'avait dit "OK, mais prends au moins quelques grenades"
j'avais aussi refusé.

25 sept. 2022

bon, vous l'avez compris : si vius croisez Alkinoos, soyez gentils et polis. des fois qu'il aurait conservé quelques engins sans rien dire à personne.

25 sept. 2022

On fait effectivement des rencontres particulières en voyage.
Dans le même genre, j’arrive à Fortaleza en provenance du sud fin mars 2006 et je me mets au Marina Park hôtel fort des recommandations du guide nautique de l’époque ( écrit par un brésilien dont j’ai oublié le nom) de ne pas se mettre au mouillage devant Iracema.
Bien m’en a pris d’ailleurs puisque j’ai vu par la suite arriver deux bateaux qui n’avaient pas suivi cette recommandation et qui s’étaient tous les deux fait piller.
Bref.
A la marina, je suis vite accueilli par la petite communauté des voileux plus ou moins de passage à ce moment.
Et je me lie d’amitié avec un grand gaillard septuagénaire qui m’indique les endroits où effectuer les formalités administratives et me fait visiter un peu la ville.
Nous avons assez vite pris l’habitude de prendre nos petits déjeuners ensemble soit chez l’un soit chez l’autre. Puis de passer nos journées ensemble. Journées qui se terminaient souvent tard dans la nuit.

Ce garçon avait un one tonner qu’il m’a fait visiter et qui contenait une cabine dans laquelle il rangeait son saxophone, son matériel de fusain, gouache et aquarelle.
Mais il y rangeait aussi un petit arsenal. Plusieurs fusils et revolvers.

Mais ce n’était pas pour un usage lié à la navigation.

Il venait de passer 10 ans à chercher (et trouver ) de l’or en Amazonie, était revenu en France quelques mois le temps de régler quelques affaires, acheter son bateau avant de repartir.

Nous sommes resté un peu plus de deux mois à Fortaleza ensemble avant qu’il reprenne la route pour retourner en Amazonie.

Il avait aussi quelques histoires à raconter. Visiblement, chercher de l’or en Amazonie n’est pas une sinécure de tout repos et ne se fait pas en toute sécurité …

25 sept. 202225 sept. 2022

Des armes et de l’insécurité.

Lorsque nous sommes arrivés pour la première fois à Madagascar, c’était en pleine crise politique, il y a tout juste vingt ans. Une crise sanglante, fratricide, comme les hommes ont toujours si bien su le faire.

Nous étions briefés, ce qui ne nous a pas empêché de grosses sueurs froides, le jour où nous nous sommes retrouvés nez à nez dans un restaurant de Nosy Be avec un Colonel rebelle sanguinaire et ses hommes, complètement saouls et armés de fusils mitrailleurs chargés. Je l’ai relaté dans un texte intitulé « le colonel K ».

Toujours est-il que depuis cette soirée mémorable, je fais toujours « un peu » gaffe, c'est-à-dire que j’évite les lieux et horaires dangereux dans le pays, que ce soit en bateau, à moto où à pied. La situation peu passer de « tout va bien », à la mort tranché à coups de machettes en quelques minutes. Mon ancien voisin, attaché de sécurité intérieure d’une ambassade étrangère à Tananarive, me décrivait à loisir des exemples « juteux » de Vazahas découpés en rondelles, brûlés et autres joyeusetés, si ça avait été avec un cochon de lait pour le barbacul dominical …

De fait, depuis vingt ans, des centaines de voyages à moto et pas mal aussi à la voile, rien de tout celà. Que des rencontres amicales avec des villageois curieux et contents de discuter moto, ou voile lorsqu’il s’agit de mon petit Trimaki, un trimaran qui intéresse au plus haut point les pêcheurs. Je n’ai jamais été armé à bord, sauf le bon vieux et tranchant couteau à poisson.

Il y a une dizaine d’années, nous partons à la voile avec mon pote Stéphane explorer les côtes vierges du parc National du Masoala. Le plus grand parc national du pays, au Nord Est de Madagascar. Le petit trimaran nous emmène vaillamment le long des 300 milles de côte Est, exposée à l’alizé, le Varatraza. Arrivés après plusieurs jours de mer à l’entrée Sud de la grande baie d’Antongil, nous décidons de relâcher dans un lagon aussi désert qu’inaccessible, avant le dernier saut d’une trentaine de milles vers le parc. Il n’y a pas de passe visible et les fonds de sable, truffés de patates rondes à fleur d’eau sont d’à peine 1 mètre au plus profond.

Nous nous régalons à tirer des bords dans ce champs de mines, car j’ai équipé le trimaran d’ailerons fixes sous les flotteurs avec une incidence permettant de faire un près correct sans la grande dérive, qui descend à 1m50 et ne nous permettrait pas d’évoluer à la voile dans les lagons que nous voulons découvrir. Le safran touche et remonte de nombreuses fois mais là aussi, j’ai bricolé un système de relevage-descente doté d’un fort sandow de sorte que la pelle redescend immédiatement sans intervention.

A ce jeu grisant, on se dit qu’on va pouvoir tirer des bords dans 40 centimètres de flotte jusqu’au fond du lagon, là où se cache une plage que de loin, nous imaginons idyllique. Trimaki s’immobilise doucement sur un fond de sable corallien à quelques pas de notre paradis, dans 25 centimètres d’eau. Nous mouillons et débarquons le matériel en faisant gaffe aux habitants du coin. Des oursins aux piquants de plusieurs dizaines de centimètres. J’en ai déjà goûté quelques uns avec la plante des pieds. Ca fait mal, et les piquants cassent sous la peau !

La petite plage ombragée de cocotiers est coupée en deux par un gros bloc de roche basaltique. Nous choisissons le côté le plus large et montons notre tente après quelques travaux de déblayage et de terrassement pour ne pas dormir avec des bouts de corail mort dans le dos. Pour ce raid un peu spécial, nous n’avons pris qu’une seule tente quechua 2 places, de sorte d’alléger au maximum le petit trimaran. D’habitude, il y a des baies avec des hôtels sur la route, où nous pouvons manger et acheter de l’eau, voir de l’essence pour le petit moteur. Ce coup-ci, rien. Nous devons tenir 10 jours en autonomie complète, eau et nourriture. A deux, ça fait quelques kilogrammes, alors nous avons laissé à la maison tout ce qui n’était pas indispensable.

La tente que nous devons fermer à partir de 18 heures pour nous protéger des moustiques s’avère infernale. Un couple d’amoureux y tient peut être assis ou allongé sous la neige, mais pas par 30 degrés Celsius, avec deux gars solides qui ne s’aiment pas plus que ça et aspirent à quelques libertés de mouvement sans contact ! En plus ce soir là, nous avons fait une erreur dans le choix de l’emplacement de la tente. Nous sommes trop près du rocher et à l’abri de la légère brise nocturne. Il fait pas loin de 40 degrés dans l’étuve et on étouffe autant qu’on se marre. A tour rôle, chacun passe la tête par la moustiquaire pour respirer et ferme le zip sous son cou pour que les bestioles ne s’invitent pas à la fête.

Les heures passent, la fatigue se fait sentir sans qu’on puisse véritablement trouver le sommeil. Au moins sommes-nous maintenant allongés tous les deux par une température devenue supportable. Il doit être minuit, dans ces eaux là. Stéphane somnole son bouquin posé sur le torse. Moi, j’ai le couteau à portée de main droite, comme toutes les nuits. L’arme qui est sensée nous défendre en cas d’agression. C’est illusoire mais suffisant pour nous rassurer.
Tout à coup, dans le silence absolu de cette nuit calme, la moustiquaire blanche de la tente s’illumine, visée par une première torche, puis une deuxième. Puis j’entends des bruits de broussailles au dos de la tente. Des bruits de feuillages poussés à la volée. Ca chuchote également, puis plus rien. Il n’en faut pas d’avantage pour que je panique, saisisse le couteau et réveille Stéphane en gueulant alors qu’il commençait tout juste à dormir. Si c’est une attaque à la machette, notre couteau ne nous sera d’aucune aide. Alors nous sortons et nous courons vers la mer. Là au moins, il y a une planche de salut, d’autant que nous sommes équipés de nos chaussures pour ne pas nous faire ravager les pieds par les oursins et le corail coupant.

Arrivés dans l’eau, on se calme et on se concerte. Il n’y a plus aucune trace de vie autour de la tente. Les faisceaux lumineux arrivent maintenant de très loin. Sur la barrière, à plusieurs centaines de mètres. C’est le bas de l’eau. Les villageois, d’un village que nous n’avons pas vu, pêchent à pied sur le récif, à la torche ou au lampion. Ouf !

Mais parfaitement réveillés, nous décidons de déménager la tente et tout le matos stocké sous le double toit, pour la poser au bord de l’eau, à la limite du plein. Comme ça, si jamais une nouvelle attaque survient, nous seront les pieds dans l’eau…

C’est complètement con, et on se marre, conscients être absolument ridicules au milieu de la nuit, l’un portant la tente montée sur son dos, pendant que l’autre traine les sacs et les touques étanches !

Au petit matin, je vais explorer derrière la berge, sous les cocotiers. Il y a tout simplement un sentier qui doit relier le village à la plage la plus proche de la barrière. Nos « agresseurs présumés » étaient donc les pêcheurs qui chuchotaient en marchant pour ne pas nous réveiller !

Pour ceux que ça intéresse, la revue Voiles&voiliers a couvert un certain nombre des raids de Trimaki.
A ce lien, un film (pas terrible) de quelques minutes réalisé par la revue, pour accompagner les textes.
La suite, faut remonter le lien. il y a un deuxième film.

26 sept. 202226 sept. 2022

Bon, elle était pas bien mon histoire ?
Je m'inquiète un peu du silence, me demandant si cette histoire n'est pas nulle et sans intérêt.
Vos commentaires me rassurent, en général.

J'en rajoute malgré tout une couche sur l'insécurité en zones "hors piste". J'ai envie d'écrire.
On doit être prudent en voyage, et même éviter certains coins de Mada, comme vous le verrez en début d'histoire.

Quelques années après l'histoire précédente, c’est en remontant un fleuve que nous-nous poserons la question de notre sécurité.

Des agressions mortelles de touristes étrangers ces dernières années à Madagascar ont eu lieu sur de grands fleuves que les visiteurs descendent en pirogue en voyages organisés. Les fleuves de l’Ouest de la grande île sont réputés dangereux, ainsi, les touristes sont accompagnés d’hommes armés en plus des guides. Il en faut malheureusement plus pour décourager les Dahalos, ces bandits de grand chemin sanguinaires. Ils attaquent tout ce qui peut rapporter de l’argent, des convois de marchandises aux convois de voyageurs pourtant accompagnés de militaires armés, et ils tuent sans discernement, militaires ou voyageurs. Des affrontements sanglants opposent souvent l’armée ou la gendarmerie à ces bandes de fous furieux qui sont l’extrême opposé de gentlemen cambrioleurs et font des dizaines de morts de part et d’autre.

Bref, avec mon copain Raoul, un métis natif de Fénérive Est, bourg important sur la grande Terre en face de l‘île Saint Marie, nous espérons remonter un petit fleuve qui prend sa source à quelques centaines de kilomètres dans les montagnes au dessus de Fénérive. Il ne sera pas possible de remonter les rapides et les chutes d’eau puisque la source est en altitudes à environ 1000 mètres au dessus de la mer. Au moins espérons-nous parcourir une cinquantaine de kilomètres avant de devoir faire demi-tour.

Trimaki, mon trimaran de raid, n’est pas l’outil idéal pour ce genre de trip, mais c’est mon bateau, et Raoul veut naviguer sur le bateau qui stationne dans son garage entre les raids. Trimaki est le seul voilier moderne à être entré dans ce fleuve. En effet, pénétrer l’embouchure est un vrai défi que nous ne pouvons relever qu’à la faveur d’un temps exceptionnellement beau et au plein de l’eau.

La passe en L est une sorte de chasse d’eau de vingt mètres de large sur trois mètres de profondeur, où 10 nœuds de courant vident les eaux froides du fleuve, entre une immense dalle verticale de basalte et une plage où déferle la houle de l’océan indien. Ce serait trop simple comme ça, alors mère nature a fait pousser de gros arbres dont les branches centenaires barrent le passage aux voiliers. Sorti de la passe, côté extérieur, c'est une barre de brisants qui attend les imprudents, lorsque les 10 nœuds de courant du fleuve affrontent la houle du large qui brise sur des fonds de moins d'un mètre.

Bref, on rentre, on remâte et on hisse les voiles. La récompense est à la hauteur de la petite trouille passée. Nous découvrons une lagune longue de plusieurs kilomètres, qui serpente entre des plaines rizicoles et des monticules de basaltes hauts de quelques dizaines de mètres, vestiges de vieux volcans. Nous entendons craquer les massifs de bambou géants qui croissent presque à vue d'œil, les racines dans l'eau.
Nous croisons deux ou trois pêcheurs en pirogue, qui relèvent des nasses à poissons où posent leur filet en travers du courant.

Nous démâtons à nouveau 10 kilomètres plus loin pour passer sous le pont de la route nationale, unique voie défoncée et étroite de la côte Est du pays, dont le terminus se trouve quelques dizaines de kilomètres plus au Nord.

Là commence la vraie aventure. Nous évoluons en pleine forêt vierge et n’apercevons que quelques parcelles de riz ou de maïs au bord de l’eau, mais pas d’habitation. Visiblement, les villages de brousse n’ont pas été construits au bord du fleuve. Je sonde régulièrement le fond avec un aviron. Je suis surpris de constater que malgré les 30 à 50 mètres de largeur du fleuve, il y a très peu d’eau, et surtout, mon aviron butte sur un sol dur, fait de pierre. Les heures passent et nous remontons maintenant au moteur, bien que nous ayons remâté et que le beau gennaker rouge soit déroulé, histoire de faire de l’ombre.

Au détour d’un énième virage, nous entendons des cris, qui cessent très vite. Y’a du monde. On s’en doutait, bien sûr bien que nous n’ayons encore vu personne. Il y a des habitants partout sur la côte Est, même loin de la route. Les terres sont très riches et les arbres fruitiers sont le réservoir de litchis et de mangues du pays.
Quelques instants plus tard, nous avons la surprise de croiser du linge qui flotte et dérive avec le courant, puis nous arrivons sur un espace de berge qui sert de lavoir. Là, on ne comprend d’abord pas pourquoi il n’y a personne et que du linge abandonné continue à quitter la berge avec le courant.

Et enfin on réalise. On regarde Trimaki, à la peinture verte pétante, au gennaker rouge et au moteur hors bord qui pétarade. Les lavandières qui n’ont jamais vu un tel truc remonter le fleuve ont pris peur et se sont enfuies tellement précipitamment qu’elles en ont abandonné leur linge dans l’eau !

J’ai d’abord eu du mal à y croire, mais cette réaction de fuite face à l’inconnu m’a ensuite été confirmée. Certains coins du pays sont très isolés et les gens ne circulent pas. Il y a des tas d’endroits où un étranger, une moto, un bateau ou autre truc du genre n’a jamais été vu. Les enfants prennent la fuite, terrifiés par les histoires qu’on leur raconte sur les « vazahas mpaka fo »… les étrangers mangeurs de cœur.

Photos : la lagune avec une pirogue de pêche, proche de l'embouchure. Le casse croute avec Raoul sur un bout de plage à une cinquantaine de kilomètres en amont de l'embouchure. Nous n'avons pas pu remonter beaucoup plus loin. Pas assez d'eau et beaucoup de végétation en travers du fleuve.

26 sept. 2022

Merci Vincent pour tes histoires de la Grande Île ; c’est vraiment un monde à part…

23 nov. 2022

Merci Vincent pour ton histoire !
;-)
Tiens, j'ai rencontré Johary Ravaloson lors d'une rencontre littéraire l'année dernière, à Ouessant si je me souviens bien, et j'ai été séduit par un de ses romans qui parlent des dahalos version voleurs de zébus...
Un auteur très sympathique !

26 sept. 202226 sept. 2022

Merci Benoît.
Rupture de connexion...
Donc voici les dernières photos.

Un bambou géant (croissance d'un mètre par jour) et la plage devant chez moi à 05 heures du matin (j'ai construit une maison dans un village de pêcheurs). C'était le point de départ de nos raids sur la côte Est de Madagascar.

26 sept. 2022

Tout simplement remarquable. Bravo

26 sept. 2022

Merci !

26 sept. 2022

Les forêts de bambous sont des mondes fabuleux 😊

23 nov. 2022

Fabuleux visuellement certes...Sauf qu'a Madagascar les "poils" (je ne connais pas le vrai terme) des bambous servaient (servent encore?) à tuer son prochain en les glissant discrêtement dans la nourriture...

23 nov. 2022

Il y a plein de façons de tuer son prochain à Mada. C'est un sport national.
Des gamins du quartier viennent de trouver un pied humain dans un sac plastique.
Pas sûr que ça vienne de la boucherie du coin...

27 sept. 202203 oct. 2022

Le vieil indien de cette histoire légère est un Catamaran Iroquois, construction anglaise du chantier Sail Craft, sur les plans du génial Rod Macalpine-Downie. L’objet des désirs volages et lubriques de cette aventure est une unité révolutionnaire pour années 1960, car beaucoup plus aboutie et rapide que la production existante à l’époque, tant en Angleterre que France, où on avait le choix entre rien et pas grand-chose pour qui cherchait un catamaran de cette taille …

Ce catamaran atypique aussi novateur que bourré de défauts a inspiré une génération entière d’architectes, dont Erik Lerouge, un des grands maîtres de l’architecture des multicoques modernes, qui l’avoue volontiers. L’Iroquois a pour lui des caractéristiques qui en font un bateau à part dans la production des catamarans de la deuxième moitié du vingtième siècle. Il est d’abord bien trop étroit pour être raisonnablement stable à l’endroit. 4m08 de large pour 9m50 de long, faut avouer que c’est peu pour ne pas dire déraisonnable et propice au chavirage inopiné ou précoce.

Cette situation désagréable était tellement probable que la tête de mât avait été équipée d’une volumineuse soucoupe qui, à défaut d’extraterrestres pour la piloter, était sensée éviter par sa flottabilité passive un retournement complet de la plateforme et la noyade de ses occupants. Elle s’est avérée aussi laide et incongrue sur un voilier, que propice à un chavirage encore plus certain, car son poids haut placé était délétère à l’équilibre précaire et vital du catamaran !

Il était également muni de grandes dérives secteurs, ce qui n’est pas loin d’être unique dans toute la production européenne de catamarans. Notre vieux chasseur indien est donc capable, aujourd’hui encore et tant qu’il reste à l’endroit, de remonter contre le vent en laissant dans son fin sillage à peu près toute la production de catas de croisière de taille équivalente, car ils sont le plus souvent munis d’ailerons. Je vais passer rapidement sur le dessin subtile et complexe de la proue des deux fines coques en forme de sabre, qui assurent un excellent passage dans les vagues tout en évitant l’enfournement.

Bref, l’Iroquois sort du lot, c’est un chef indien.

Mais le plus important n’est pas là. C’est un bateau doté d’un charme fou. Son rouf à facettes vitrées ne peut laisser indifférent, à tel point que Erik Lerouge a repris son dessin presque à l’identique sur un de ses premiers plans. Et rentrer pour la première fois dans la cabine d’un Iroquois, c’est un choc émotionnel. Après avoir légèrement baissé la tête si on mesure plus de 1m70, on découvre un aménagement là encore unique en son genre, mêlant de belles boiseries de teck satiné rehaussées de vaigrages clairs, le tout baigné de lumière par les grandes surfaces de fenêtres qui font le tour du rouf. C’est tout simplement superbe et franchement une prouesse pour un petit catamaran, quand l’intérieur de la concurrence ressemble à des cabines de douche en plastique blanc, même et surtout aujourd’hui.

Malheureusement, il devient quasiment impossible de trouver un Iroquois dans son état d’origine. Au mieux, les boiseries auront été peintes, mais souvent les aménagements auront étés détruits et bricolés de façon pas toujours très rationnelle.

Notre vieux chef indien si attachant a une autre caractéristique à prendre en compte. Les couchages doubles de l’arrière des étroites coques ne font qu’un mètre de large …

Avec mon copain Nicolas, alors que nous sommes encore étudiants, potassant tranquillement l’agrégation de maths et de physique à Brest, nous tombons lors d’une balade au Conquet sur un Iroquois coulé au fond du port. Le bateau est à l’abandon depuis quelques temps, et les deux coques se sont posées tour à tour sur l’anneau en acier du corps mort, perçant la fine peau de verre-polyester monolithique. Le navire boit la tasse à chaque marée mais ne coule pas, sauvé par plusieurs mètres cube de mousse d’insubmersibilité enfermée aux quatre coins du bateau. Mis à part ce détail ainsi que la table du carré brulée par un feu que des jeunes y ont fait après avoir enfoncé la porte d’entrée, l’intérieur est dans état de conservation remarquable.

Nicolas achète le bateau pour un prix symbolique et nous le faisons transporter dans un hangar agricole, puis caler en hauteur sur des fûts de 250 litres. Ainsi surélevé, nous pouvons réparer les coques, vider les coffres de la mousse polyuréthane gorgée d’eau et enfin faire une protection de bois sur le tiers de la longueur des coques, une bande martyre, afin que le bateau ne pose plus sur ses fonds à l’échouage mais sur les-dites protections.

La navigation inaugurale nous emmène de Concarneau aux îles Scilly sur trois jours. C’est pour nous une révélation, car nous avons déjà sillonné la Manche en tous sens sur de petits monocoques de sept mètres, quasiment deux fois plus lents et bien moins confortables.

Deux choses nous impressionnent particulièrement sur ce bateau. La capacité qu’a l’Iroquois, que nous gardons volontairement très lège en embarquant le minimum de poids, à maintenir une vitesse de cinq nœuds à la voile sur mer calme, par à peine davantage de vent, lorsque tous les autres bateaux sont au moteur, sans pour autant aller plus vite.

Mais c’est également sa promptitude à lever la coque au vent, lorsque nous le poussons un peu en oubliant volontairement de réduire la voilure. L’iroquois va toujours vite dans ces conditions, et j’ai l’impression, bien installé à la barre franche au vent, d’avoir un gros cata de sport entre les mains.

Donc, qu’est ce qu’on va faire maintenant avec ce chef indien, rapide et agile comme un félin ? Ben, on va apprendre à chasser, pardi !

Les bars de Brest sont pleins le vendredi soir, et les deux garçons aux cheveux en bataille et au teint halé par des weekends en mer d’avantage que devant les cours d’Agrég ne laissent pas indifférents. Donc on invite les filles à bord pour des navigations de quelques jours en Bretagne Sud, toujours par deux !

La stratégie est la suivante : nous avons pris soin d’ôter du bateau tous les matelas qui pourraient permettre aux gazelles de dormir seules, car l’Iroquois est équipé de deux couchettes simples dans les pointes avant, en plus des deux couchettes « doubles » arrières. Les banquettes du carré entourant la table, très courtes et étroites, ne permettent pas de s’allonger.

Et vous savez quoi ? Ca marche. Sans davantage de manières, les mignonnes font leur choix de voisin de matelas dans une des deux cabines arrière, comme Nicolas et moi avons d’ailleurs fait le notre. Mais trop heureux d’être choisis par de jolies bambines pas farouches, nous consentons.

C’est là que les couchages doubles bien trop étroits de l’Iroquois aident au rapprochement physique. Les voisins de matelas deviennent à coup sûr amants !

Des années plus tard, je garde un souvenir ému de ce vieux chef indien au charisme si particulier, qui a enseigné à deux jeunes garçons dégourdis, l’art de la chasse aux peaux !

j'en ai eu un pendant,5 ans mais en famille avec quatre enfants...
Espagne Ecosse Suède...

on avait gardé la soucoupe en tête de mât et j'avais une hache à bord pour faire une ouverture en cas de chavirage complet.
un anglais m'avait montré deux photos : une où la soucoupe jouait son rôle et permettait un redressement rapide sans une goutte d'eau à bord
l'autre mât en dessous plancher du cockpit sous l'eau...

28 sept. 2022

La fameuse soucoupe !
Elle pesait... 80 kg lorsque nous l'avons enlevée. Elle était remplie d'eau, à la place de la mousse PU, décomposée.
Nous n'avons pas coupé le haut du mat, au dessus de la têtière, au cas où.
Par contre, j'ai participé à la rénovation, puis navigué sur un autre Iroquois, absolument splendide, quelques années plus tard. Là, nous avons tout coupé au ras de la têtière, pour minimiser le tangage.

28 sept. 2022

avec les progrès de l'électronique, on devrait pouvoir mettre une sorte d'airbag à déclenchement rapide (un simple gilet à gonflage automatique ?)

cela existe sur des catas de sport.

28 sept. 202228 sept. 2022

pas idiot du tout ça. Une vessie de gilet à pastille de sel, c'est nickel!
ou alors en manuel avec une tirette en pied de mat...

tu devrais mettre cette idée ici :www.hisse-et-oh.com[...]atiques

29 sept. 2022

Oui, et avec une cartouche d'hélium pour remettre le bateau à l'endroit ;o)

28 sept. 2022

Je pense plutôt que le programme de ce bateau aujourd'hui, est la croisière côtière en zones à marées, où son faible tirant d'eau fait merveille. Et avec la couverture météo que nous avons maintenant, pas vraiment la peine de s'inquiéter d'un éventuel chavirage.
Sur le deuxième Iroquois, j'ai navigué en Bretagne Sud avec mes enfants en bas âge. L'iroquois était pas loin d'être le bateau idéal.
Et j'ai apprécié sa capacité à garder une vitesse supérieure à 4 nœuds même par vent faible, et à faire un bon près.

Bref, ce petit cata n'est à mon avis pas encore dépassé malgré les 55 ans de son dessin !

28 sept. 2022

😊👍🌊

03 oct. 2022

L'histoire ci-dessus s'intitule : "Le vieux chef indien et les deux jeunes chasseurs de peaux".

Tom a gentiment remplacé le texte à ma demande, ce qui a fait disparaitre mes commentaires.
Je vous invite, si vous le souhaitez, à relire l’histoire que j’ai largement retravaillé.

C’est que je ne peux écrire qu'avec l’appui d’une dose adaptée de whisky, sorte de péridurale, indispensable à atténuer les douleurs de l’accouchement, la mise à plat difficile de mes textes. Je ne suis en rien écrivain.

A mes dépends, l’anesthésiste n’est autre que mon bras gauche qui a la main lourde et vide à l’insu de mon plein gré la bouteille dans le verre, la seringue d’injection.

Libéré de l’entrave qui retient le flot de l’écriture, les mots coulent un peu trop vite et je publie sans relecture suffisante des histoires pleines de fautes, voir de maladresses et d’incohérences, ce qui me chiffonne au moins autant qu'un spi qui "spin" autour de l'étai lorsque j'ai retrouvé mes esprits.

C’est le cas de tous mes textes, mais c’est seulement le deuxième que je fais modifier après coup.

03 oct. 2022

le whisky doit être très bon car tu écris très bien. c'est sûrement un breuvage écrivain.

03 oct. 202203 oct. 2022

Merci olcdlm !

Mais ce n'est qu'une infâme trempe qui me harponne l'estomac après m'avoir brûlé la gorge, aussi sûrement d'un bain d'eau froide saisi un métal qui sort de la forge.

A Mada, le prix des bons Whiskys est multiplié par 5 au moins, par rapport à l'Europe. Alors, je bois du Local.

Une chance pour moi, il n'est pas frelaté comme l'est le Rhum, et ne contient pas de méthanol... enfin je crois, parce que je trouve que ma vue baisse !

23 nov. 2022

A voir la première photo, on imagine que le couple n'est pas celui décrit dans le récit !
;-)
Joli catamaran !
Rien à voir (à part les Lerouge) avec la production actuelle qui défigure le nom même de "catamaran" !

...L'iroquois
nasse à nanas !
;-)

23 nov. 2022

Si, bien sûr.
C'est Mon pote et moi.
Et des filles sur le pont du cata à Groix

28 sept. 2022

C'était une autre époque, et sur les comportements, tout n'est pas forcément mieux aujourd'hui notamment en matière de contrainte sociale, voir les précautions en tête du texte ... quand à l'Iroquois, c'était finalement une conception assez logique, mais aujourd'hui où "on" veut de HLM aux allures de palais de course, est-ce que ça se vendrait ? Pourtant, avec les progrès de la technique, on pourrait sûrement concevoir une super engin avec un programme assez proche. Ah oui, la place en marina !!!
Sympa en tout cas, merci.

28 sept. 2022

Beau récit, joliment raconté.
Sans vouloir polémiquer, quelle drôle d'époque maintenant où l'on s'excuse d'avoir dragué des filles.

28 sept. 2022

"il a le bateau, il aura la fille"

(copie publicité Audi années 1990)

28 sept. 2022

.....il aura la femme !

28 sept. 202228 sept. 2022

Fallait-il partir ?

J’ai raconté environ une quarantaine d’histoires dans ce formidable fil composé de 12 opus, initié par ED850. Toutes des anecdotes assez anodines et légères finalement, mis à part un naufrage et la reconstruction d’une unité en alu de 42 pieds, qui a durablement marqué ma vie.

Mais je n’ai encore jamais rien écris à propos du tour du monde que nous avons débuté en famille en 2008. Pas envie, car ce n’est pas mon meilleur souvenir et de toutes mes navigations, celle dont je savais avant même le départ qu’il aurait peut être mieux valu ne pas partir, mais …

Premier janvier 2000, zéro heure. Les deux lourds battants en chêne de la grande porte de la ville fortifiée de Saint Malo, exceptionnellement fermée vers 23 heures ce 31 décembre 1999, ouvrent en douceur après les 12 coups de minuit. Mes amis et moi sommes au rendez-vous aux pieds des remparts pour ce moment singulier, qui marque officiellement le début d’un nouveau millénaire, mais surtout la promesse d’un tournant dans nos vies.

Tous les trois passionnés de voile, nous traversons au pas de course la citée aux premières minutes du nouveau millénaire, pour nous rendre devant de statue de Jacques Cartier, face à l’Ouest, la Manche, l’océan Atlantique, le Pacifique, et l’Indien. Le célèbre marin malouin sera le témoin des promesses solennelles que nous échangerons, de concrétiser un projet commun : partir à la voile naviguer au long cours, loin, longtemps. De retour à bord de nos bateaux, amarrés au calme du bassin Vauban à une encablure des remparts, les bouteilles de whisky se vident. Les projets prennent la forme de dériveurs intégraux en aluminium pour les uns, d'un solide quillard d’expédition polaire pour le troisième. Cette nuit, nous ne dormirons pas. Elle sera la première nuit de veille de nos tours du monde.

Le 02 janvier arrive, puis le 03, le 04, et l’incolore réalité de boulots en région parisienne recouvre de son voile neutre et livide les chaudes couleurs des couchers de soleil tropicaux et la luminescence des aurores boréales qui ont marqués notre nuit malouine.

Une année passe pendant laquelle les promesses, loin d’être oubliées, prennent la forme de projets plus rationnels et réalistes. Xavier achète un Via 36 dériveur intégral et fait ses armes en Ecosse. Pascal pense prudent d’engager d’abord une reconversion professionnelle qui lui permettra de partir au long cours plus sereinement. De mon côté, l’effroyable quotidien d’un jeune prof débutant dans un établissement difficile de banlieue, et le salaire à peine supérieur au smic qui récompense d’interminables semaines de stress, me précipitent dans l’abîme de la dépression nerveuse. Je n’économie pas un sou et ma santé mentale est très dégradée. La voix est sans issue. Alors je fuis purement et simplement la France. Je postule à tout et n’importe quoi outremer dans mon domaine de compétences, pour sortir de l’impasse.

J’atterris à Mayotte avec l’enviable statut financier d’expatrié, pour apprendre je ne sais quoi à de gentils ados illettrés et non francophones. Les quatre ans passés sur île aux parfums sont riches en expériences (racontées ici) et me permettent d’économiser à la fois le prix d’achat d’un voilier hauturier, mais également de quoi vivre plusieurs années à bord sans travailler. Je suis regonflé à bloc et ai retrouvé la confiance en moi nécessaire à la mise en œuvre du projet de tour du monde. Tellement bien qu’au milieu de mon contrat, j’ai déjà acheté un Ne Quid Nimis, dériveur hauturier de 34 pieds magnifiquement équipé en France. Il m’attend sagement dans un chantier Naval proche de Saint Malo.

Alors que je pourrais enfin partir au large, deux évènements récents ont changé la donne. Ces deux dernières années passées à Mayotte, j’ai renfloué et reconstruit un voilier de voyage coulé lors d’un cyclone. Le Maracuja 42 blessé et soigné est la propriété d’un ami, qui m’en a donné l’usufruit pour plusieurs années. Traumatisé par son naufrage après 17 ans de tour du monde, il est incapable de poser un pied à bord, mais ne peut se résoudre à vendre son voilier. J'ai également fondé une famille. Quel est le rapport entre ces deux évènements ? Aucun, sinon que j’ai maintenant deux bateaux de voyage, un dans chaque hémisphère, une femme qui n’a pas fini ses études et une fille d’un an. A bien y réfléchir, ça complique un peu les choses !

Installés à Saint Malo, nous préparons néanmoins le Ne Quid Nimis pour un programme de voyage de plusieurs années. Mais le cœur n’y est pas. Nous faisons plusieurs allers-retours par an en avion vers Madagascar, à la fois pour retrouver le Maracuja que j’ai mis au mouillage à Nosy Be, mais également pour les travaux de terrain de la thèse de doctorat de mon épouse. Alors, que faire ? Rendre le Maracuja à son propriétaire, et partir avec Ne Quid Nimis une fois le doctorat en poche, ou poser nos sacs à bord du splendide dériveur en alu et découvrir l’océan indien à portée d’étrave après seulement 10 heures d’avion depuis la France ?

Un soir d’hiver 2008, c’est un coup de fil que nous recevons qui va en décider. Jean-Pierre, le propriétaire du Maracuja qui termine sa carrière de pédiatre à l’hôpital de Mayotte, a pris l’avion pour la France, sauté dans une voiture de location à Roissy et est venu jusqu’à Saint Malo pour nous voir, sans nous en informer. Du bord du quai du bassin Vauban, il compose le numéro de notre portable et nous annonce sa présence, devant l’étrave du Ne Quid Nimis. Il a fait le voyage jusqu'à la cité corsaire pour nous faire une proposition. Et ce n’est aucune des deux options que nous envisagions…

Suite d’ici quelques jours !

Photos : Le Maracuja au mouillage à Mayotte en 2005. Je vivais à son bord. Et le Ne Quid Nimis prêt au départ pendant l'hiver 2007-2008, à Saint Malo (sous la tour Solidor).

28 sept. 2022

Cruel dilemme … entre les deux … air connu
Mais quel suspens, mieux que Hitchcock ?
J’attends la suite avec une impatience gourmande

23 nov. 2022

Deux beaux bateaux !!!
Choix difficile !!!
Aïe !

29 sept. 202229 sept. 2022

En attendant la suite de FVLS35, voici une petite histoire dont l'héroïne est...une chatte.

Il était une fois un petit bateau qui arrivait à Flores aux Açores en provenance des Antilles dont l’équipage était composé de moi-même, de ma compagne, et d’une petite chatte adorable nommée Mindelo. Pourquoi Mindelo ? Tout simplement car nous l’avions recueillie à Mindelo alors qu’elle était juste sevrée.
Elle a donc traversé avec nous et passé cinq ou six mois à bord sans jamais avoir débarqué , car nous n’avons jamais été en marina. Pour l’anecdote elle restait en principe à l’intérieur en navigation, ne sortant qu’au moment de l’affalage de la voile d’avant, car elle avait remarqué que c’était à ce moment qu’on arrivait au mouillage et qu’il y avait des choses intéressantes à voir, d’autres bateaux, des annexes qui circulaient, bref, des stimulis divers et variés. Le souci c’est que quand on changeait de voiles d’avant en navigation, elle croyait également qu’on arrivait quelque part et elle faisait la même chose en venant sur le pont, et je me souviens d’un épisode lors de la transat retour ou nous l’avions perdu de vue alors que je venais d’affaler le génois pour le remplacer par un foc de brise, nous étions en panique…Où est Mindelo? T’as vu Mindelo ?… On avait peur qu’elle soit tombée à la mer…ben non, en fait elle était dans les replis du génois rabanté sur le pont…un grand ouf de soulagement.
Mais voilà, la petite chatte du début a grandi et la nature a fait valoir ses exigences, ce qui a commencé à poser problème. Et que je te frotte, essentiellement contre moi, et que je te roucoule, et que je pousse des miaulements lascifs, bref, elle avait des besoins qui se faisaient sérieusement sentir …
Donc, en arrivant à Flores nous nous sommes mis en quête d’un matou susceptible d’apaiser notre petite minette. Seulement voilà, nous ignorions tout de la sexualité des félins, et nous nous imaginions naïvement qu’il suffisait d’amener à bord un congénère mâle pour qu’il fasse son affaire à notre Mindelo.
Nous avons donc fait la connaissance d’une Açorienne propriétaire d’un superbe matou tout noir qui, selon nous, et après avoir vérifié qu’il était doté de l’équipement nécessaire, devrait pouvoir faire ce qu’il fallait.
Toutefois les choses ne se sont pas passées comme prévu. Déjà il a fallu transporter le fauve en annexe ce qui fut épique, le pauvre n’ayant jamais quitté la terre ferme, et c’est donc après moultes griffures et morsures, sans parler de ses miaulements de détresse, que nous avons propulsé ce brave félin à bord de notre bateau … Ouf, mission accomplie.
Il ne restait plus à notre petite Mindelo qu’à faire les yeux doux au Monsieur pour obtenir ses faveurs… Mais cela ne s’est pas passé de cette façon, le pauvre matou terrorisé s’est réfugié dans le compartiment moteur dans lequel il a vomi , bref, il avait rien compris au film, et Mindelo est restée sur sa faim. Nous avons donc fait le trajet retour en annexe pour ramener à sa propriétaire le matou déficient, et en attendant notre arrivée à Lorient trois semaines plus tard, la pauv’ minette est donc restée sur sa faim (nous avions décidé de la faire stériliser).
Mais hélas nous l’avons perdue le jour de notre arrivée.
S’est-elle égarée ? A-t-elle été renversée par une voiture ? Est-elle tombée à l’eau ? Ou a-t-elle succombée aux avances d’un chat breton plus efficace que le chat Açorien ? On ne sait pas, toujours est-il que nous étions tristes à mourir d’avoir perdu notre petite compagne.

29 sept. 2022

Ayant moi aussi perdu un petit chat, pas en bateau mais prosaïquement à terre, je partage votre sentiment de tristesse à cette perte 😥

29 sept. 202229 sept. 2022

Fallait-il partir ? Suite et fin.

Un soir d’hiver 2008, c’est un coup de fil que nous recevons qui va en décider. Jean-Pierre, le propriétaire du Maracuja qui termine sa carrière de pédiatre à l’hôpital de Mayotte, a pris l’avion pour la France, sauté dans une voiture de location à Roissy et est venu jusqu’à Saint Malo pour nous voir, sans nous en informer. Du bord du quai du bassin Vauban, il compose le numéro de notre portable et nous annonce sa présence, devant l’étrave du Ne Quid Nimis. Il a fait le voyage jusqu'à la cité corsaire pour nous faire une proposition. Et ce n’est aucune des deux options que nous envisagions…

Jean-Pierre, je l’ai rencontré blême et ivre de fatigue, habillé d’un T-shirt déchiré et couvert de vase le lendemain du naufrage. Il se tenait assis sur un muret à l’aplomb de son bateau mourant, éventré dans les rochers et vomissant les derniers filets d’eau bouseuse de ses entrailles par les blessures de sa coque déchirée. L’homme avait l’expression qu’on imagine d’un grand roi vaincu lors de la bataille de la dernière chance, déchu et humilié, et pleurait à voix basse et tremblante son désespoir. Il m’a arraché des larmes d’empathie.

Plein de vie et d’énergie, de temps à offrir et d’envie de faire, j’ai été bien plus que le technicien du sauvetage de son bateau. Je suis devenu sa bouée de sauvetage pendant des mois. J’ai pris des centaines d’initiatives sans le consulter, alors que lui n’en prenait aucune sans m’en avoir demandé l’autorisation, ou au moins l’assentiment. Jean-Pierre a retrouvé progressivement le sourire et son énergie lorsque les travaux de reconstruction du Maracuja ont débuté, avec un stock de matériel reçu de France et un enthousiasme de ma part qui laissait peu de doute sur la réussite de la démarche.

Même la remise à l’eau et le mâtage du bateau 2 ans après le naufrage, n’ont pu se faire sans moi, alors que j’aurais dû être devant mes élèves. Incapable de mentir à ma direction, je n’ai pas déposé l’arrêt de travail dument signé par le pédiatre. J’avais plus de 30 ans, la ficelle était un peu grosse ! J’y ai gagné une sanction administrative (que je traine encore 20 ans plus tard…) mais le bateau a pu être mis à l’eau !

C’est à ce moment que mon ami m’a annoncé que puisque je refusais toute rétribution financière (source de chamailleries pendant deux ans !), je recevais l’usufruit du bateau. Nous ne pouvions rêver meilleure entente tous les deux. Lui ne se sentait pas encore capable de naviguer et il me restait un an de contrat à honorer à Mayotte et une vive soif de naviguer. Je pouvais donc libérer mon studio et m’installer à bord pour une saison entière de nav.

Le téléphone sonne. C’est Jean-Pierre, à Saint Malo. Heureusement que nous sommes assis !
Les retrouvailles sont chaleureuses. Il est en forme, tout juste retraité et est redevenu le roi de mon imaginaire. Le colosse à la voix trempée qui croise le fer sur le champ de bataille. Il souhaite s’installer à bord de son bateau à Nosy Be et cette fois-ci, ne me demande pas mon avis et encore moins mon autorisation ! C'est la moindre des choses et j'en suis ravi.

Mais Jean-Pierre s’estime encore très redevable et ne conçoit pas de récupérer son bateau sans une compensation, qu’il sait ne pas pouvoir être financière. Alors il propose son aide pour convoyer le Ne Quid Nimis à Madagascar, aux Seychelles ou à la Réunion en prenant à sa charge tous les frais du voyage… des milliers d’euros. Son idée est que notre dériveur puisse se substituer au Maracuja que nous perdons.

Et ce n’est pas tout. Il sait que je ne peux bénéficier d’un congé pour convenance personnelle que d’ici un an au mieux, car la démarche administrative est longue. Il nous propose donc de recruter un équipage et de skipper tout ou partie du voyage vers la grande île, pendant que nous bossons.

C’est un changement de programme radical que Jean-Pierre nous propose. Jamais nous n’avions envisagé de traverser la Méditerranée, le canal de Suez ni de descendre la mer Rouge, avec les pirates du Golfe d’Aden comme cadeau d’accueil dans l’océan indien. Il ne réclame aucune réponse de notre part pour le moment, et rentre à Madagascar retrouver son bateau.

L’initiative de notre ami tombe en réalité à point nommé. Il sait que notre situation financière est difficile. Le financement de la thèse, pas encore soutenue, a vidé la caisse de bord et mon salaire ne suffit pas à boucler les fins de mois. C’est malheureusement la vente de notre bateau qui se profile si ma femme ne trouve pas de job rapidement. Enfin, la perspective de lutter plusieurs années dans le collège «zep» où le ministère m’a collé, pour n’économiser qu’un hypothétique et maigre matelas financier rend l’offre de Jean-Pierre alléchante… à condition de trouver du travail à Madagascar !

Mi janvier 2008, il est encore temps de postuler au réseau d’enseignement français à étranger (AEFE). Nous suspendons de facto notre décision à l’obtention ou non d’un poste dans la grande île. Si la réponse de l’AEFE est positive, non seulement nous gardons notre bateau, mais nous en profiterons tout en remplissant la caisse de bord ! Mais si je n’obtiens pas de poste, nous devrons vendre le Ne Quid Nimis, pour lequel j’ai déjà la proposition d’achat sérieuse d’un ami.

L’offre ne tarde pas, officieuse mais certaine. Il y a 15 ans déjà, le physicien se faisait rare et le MAE, mon nouveau ministère de tutelle me fait un pont d’or, avec le libre choix parmi les trois lycées français du pays ! Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, mon épouse dégote un job de recherche à la hauteur de ses compétences dans une grande organisation (géographie humaine, ethnologie).

C’est emballé ! Les deux contrats signés sont de trois ans. Une durée largement suffisante à renflouer la caisse de bord. Ainsi, dans quatre ans, nous partirons ENFIN en tour du monde depuis Madagascar, par l’Est. 12 ans après la promesse tenue devant la statue de Jacques Cartier !

Nous appelons Jean-Pierre qui saute de joie sur le pont du Maracuja et convenons de l’organisation partagée du convoyage. Il se fera en plusieurs étapes dès la fin de l’hiver, c'est-à-dire dans deux semaines ! Par sauts de puces pendant les petites vacances, j’arrive à descendre le bateau en mode course au large jusqu’en Méditerranée, à l’aide un copain dur au mal. Jean-Pierre me rejoint au Cap d’Agde avec Jérôme, un jeune et fiable équipier. Et la course continue : Malte, Suez, une visite des pyramides et c’est reparti plein Sud en Mer Rouge, puis Aden. Là, je quitte le bord et laisse le soin aux deux amis de finir le voyage. Nous sommes mi-août.

La suite du voyage est beaucoup plus difficile, et il faut deux mois supplémentaires à Jean-Pierre et Jérôme pour toucher Tamatave sur la côte Est de Madagascar après une très éprouvante descente de l’océan Indien.
Bilan technique du voyage : un chavirage, un bol cassé et l’antenne GPS qui a bu la tasse. Jean-Pierre, droit dans ses bottes jusqu’au bout remplace l’Arcopal à ses frais ! Je refuse le remplacement de l’antenne car j’ai trouvé un GPS lecteur de carte pour 50 euros d’occasion.

Alors, fallait-il partir ?

Nous avons du boulot, le bateau à une journée de route de la maison (Tananarive) et le compte dépôt remonte doucement la pente. Mais … nous ne nous sommes pas posé deux questions pourtant évidentes dès le départ. Madagascar est-il un pays où on peut entretenir et assurer la sécurité d’un voilier de voyage lorsqu’on habite à 10 heures de route, lorsque celle-ci n’est pas bloquée plusieurs jours par un poids lourd accidenté en travers ? N’aurions nous pas pu simplement partir en avion avec deux valises et laisser le Ne Quid Nimis à Saint Malo pendant trois ans ?

L’oubli plus ou moins conscient de nous poser ces questions a purement et simplement ruiné le projet de tour du monde à voile. Aujourd’hui encore, je regrette amèrement de ne pas avoir laissé mon bateau à Saint Malo. C’est à ce jour la plus belle erreur de ma vie de marin.

L’explication est dans un long texte que j’ai publié il y a déjà plusieurs années, ici.

Il y a deux textes : 16 juillet et 18 juillet 2021

PS : si la relecture de l’aventure mahoraise vous intéresse, c’est ici !

Idem, il y a deux textes. 18 juillet et 23 juillet 2020

Photos :
- Jérôme et Jean-Pierre, au Nord de la Lybie. Nous étions tous les trois à bord.
- Le Ne Quid Nimis à Ismaïlia, au milieu du canal de Suez.
- Mon bateau pris au piège dans le port de Tamatave, une semaine après son arrivée.

29 sept. 2022
29 sept. 2022

belle histoire...

24 nov. 2022

Je trie les photos d’archives, un an après la mort des mes parents, navigateurs passionnés. Quelques photos me rappellent un souvenir qui a marqué à vie ma mémoire, et celle de ma mère.

C’est en aout 1973. Mes parents, mon frère de 7 ans et moi, tout juste 4 ans, naviguons dans le Solent sur le Muscadet familial. J’ai déjà écrit un texte fort à ce propos, intitulé « les enfants sauvages », relatant cette période de nos vis à bord de la minuscule boite en contreplaqué, zigzagant la plus part du temps à poil, au milieux des yachts britanniques et des britishs distingués, entre l’île de Wight et Portsmouth.

Fin aout, les coups de vents s’enchaînent sur la côte Sud de l’Angleterre et mon père repousse jour après jour la nécessaire traversée vers Saint Malo, pour reprendre le boulot des parents et l’école des enfants début septembre. Rien n’y fait. Le vent passe de Sud-ouest à Nord-ouest, sans jamais descendre en dessous de force 5. La mer en Manche est forte et désordonnée. C’est trop pour la coque de noix de six mètres et l’équipage de deux bambins à peine sortis des couches.

Finalement acculés, c’est par un bon 7 de Nord-ouest, que nous appareillons et contournons les Needles. Mes parents, en cirés jaunes et oranges sont cramponnés et harnachés dans le cockpit, douchés par les vagues qui déferlent sur le petit cul du Muscadet. Ils ont peur. Mon frère et moi sommes enfermés à l’intérieur du bateau, le panneau de descente en contreplaqué nous interdisant toute vue sur l’arrière et les parents.

Allez savoir pourquoi, j’ai un souvenir d’une étrange clarté des heures que nous avons passées enfermés. Absolument pas incommodés par le mal de mer et des mouvements que j’imagine, avec le recul, quasi insupportables, mon frère et moi jouons dans la couchette avant. Mon frère, jamais avare de bêtises à faire, vide un équipet de toutes les serviettes de bain qui s’y trouvent, chope le rouleau de tresse goudronnée à thon avec laquelle mon père fait d’habiles brêlages sur tout et n’importe quoi et la boite de pinces à linge. Le but : fabriquer un labyrinthe ou peut être château, que sais-je, dans le triangle avant en déroulant au plafond la ligne à thon en zigzags, et en y accrochant toutes les serviettes disponibles. S’en suit une séance de jeu inoubliable. C’est le tout premier souvenir de ma vie sur l’eau, qui subsiste 50 ans plus tard.

Puis nous avons faim. Là, mon grand frère toujours à l’initiative de tout, traverse l’espace de vie du Muscadet, ouvre le capot coulissant du bateau et hurle : « on a faim » ! Il me racontera 40 ans plus tard, son souvenir du visage marqué par la peur de sa mère. Maman était au bord de la panique et la perspective de devoir aller s’enfermer à l’intérieur du minuscule espace secoué en tous sens pour faire à manger aux deux diable à dû la terrifier. Sans doute redoutait-elle se moment depuis des heures.

Elle est venue et nous a fait des sandwichs avec le pain anglais acheté à Portsmouth et du cheddar tout aussi anglais, que nous avons engloutis avant de retourner jouer dans le triangle avant. Maman est ressortie et à refermé la porte.

Mes souvenirs s’arrêtent là, mais pas ceux de ma mère, alors âgée d’une trentaine d’années, et pour qui cette traversée fut, nous a-t-elle dit quelques années avant sa mort, le pire de ses souvenirs maritimes. Car il a fallu que mon père rentre à son tour pour tenter de faire le point à la gognio. J’imagine aisément le visage livide de mon père, à l’idée de lacher la barre pour aller tracer les trois droites sur la carte papier, après avoir introduits dans le Super Navitech, l’un après l’autre, les trois quartz qui permettaient de faire un relèvement sur les puissants radiophares entourant la Manche.

En milieux de Manche, le cockpit régulièrement submergé par les vagues, seule à la barre, maman a cru que s’en était fini.

Le Muscadet fût vendu dès le retour à Saint Malo, remplacé par son grand frère, un Cognac !

Quelques photos de cette année là. Je pense qu’aucune n’a été prise pendant la traversée, bien trop difficile. Mon père n’aurait pas sorti son réflexe argentique dans ces conditions.

24 nov. 2022

Tu devrais plutôt mettre ton histoire dans l'opus 13, qui est plus facile à ouvrir quand la connection est faible.www.hisse-et-oh.com[...]-mer-13

24 nov. 2022

Je ferme celui-ci.

Ibiza, un phare englouti...par l'urbanisation !

Phare du monde

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Ibiza, un phare englouti...par l'urbanisation !

2022