mon voisin est un mateur !

Gunther, mon voisin de ponton, semble consacrer sa retraite à retaper un vieux bateau en bois. Je dis "semble" car Gunther ne s'exprime exclusivement qu'en allemand et ma maîtrise de ce langage me permet tout juste de commander 2 bières et guère plus. C'est dire si nos conversations sont particulièrement concises et débarrassées de toutes fioritures inutiles.
Quoi qu'il en soit, j'ai l'habitude à chaque retrouvaille avec mon bateau, de découvrir sur le ponton un bric à brac d'objets hétéroclites faisant penser à un vide grenier permanent.
Le mois dernier c'était un véritable atelier de menuiserie que Gunther avait installé. Il faut dire, d'après les commentaires de ceux qui fréquentent le ponton depuis longtemps (je n'ai qu'un an d'ancienneté dans le coin) que Gunther à fait un travail admirable depuis 5 ans ! Il a ressuscité une épave qui semblait condamnée et ma foi, son bateau fait plutôt bonne figure aujourd'hui.
En arrivant samedi matin avec femme, enfant et bagages, je n'ai guère été surpris de devoir enjamber un mat en bois d'une bonne dizaine de mètres posé sur le ponton et compliquant légèrement l'embarquement. Gunther me fit comprendre d'un geste que si son mât représentait une gêne, il le mettrait ailleurs. Me doutant que dans ce cas je serais réquisitionné pour déplacer le bestiau, j'ai préféré faire signe que tout allait bien.
Un peu plus tard, occupé à sortir mon bateau de sa léthargie hivernale, j'entends Gunther en grande conversation avec quelqu'un qui visiblement parle l'allemand aussi bien que moi. Je jette un coup d'œil dehors et comprends qu'il a l'intention de remâter et explique laborieusement la procédure à suivre pour mener à bien cette opération. Je propose mon aide et nous sommes finalement 4 pour positionner le mât horizontal sur le pont dans un premier temps.
Gunther travaille à l'ancienne, il a installé sur le pont un portique et un système de poulies et de palans qui va lui permettre de redresser le mât.

Les choses sérieuses commencent au moment ou l'un des 4 nous abandonne pour un motif inconnu. C'est donc à 3 (dont Gunther qui n'est plus un jeune homme) qu'il va falloir réaliser l'étape la plus chaude de l'opération. Je me positionne au pied de mat et lorsque Gunther commence à wincher sur le palan, je prends vraiment conscience du poids de l'espar et de l'aspect ridicule des jambes en alu de son portique. 3 pensées me traversent immédiatement l'esprit:
1) Je suis pieds nus sur le pont et lorsque ce tronc va dégringoler, mes orteils ne me serviront plus jamais à rien.
2) Parlier a fait ça tout seul sur un 60 pieds open dans une cala de Patagonie.
3) Les chances pour que mon bateau s'en tire sans dommages sont extrêmement minces.

A mi parcours je profite d'une pause pour faire qqes photos. Cela pourra permettre d’enrichir le dossier d'assurance si nécessaire et de garder un dernier souvenir de mon bateau intact.

Finalement tout s'est bien passé malgré quelques cordages et haubans dont le cheminement n'était pas bon du 1er coup. Je ne tenterais pas personnellement ce genre d'opération à moins d’y être forcé et c'est pourquoi je conserverais précieusement ces photos au cas où !

L'équipage
03 mai 2006
03 mai 2006

Pour ne pas laisser un kamarade dans l'embarras...

répète après moi: drei Bier bitte !

:alavotre:

03 mai 2006

ça me rappelle l'histoire des 2 allemands

qui parlent très bien le français et décident de se fondre parmi les parisiens après la débacle de leur armée et la libération de Paris.
Tout se passe bien pour eux jusqu'au jour ou ils entrent dans un bistrot et commandent 2 martinis.

  • Dry? leur replique le barman...

  • NEIN.....ZWEI..!

03 mai 2006

L'opération me parait saine...

Effectivement ce qui risque de casser ce sont les deux tubes de la "chèvre", au flambage, mais l'effort sur ces tubes est maximal quand le mat est dans les premiers degrés de son redressement. Autrement dit, si ça n'a pas cassé au début, ça ne cassera pas ensuite. Et si ça casse au début, ça n'est pas trop méchant. On peut même éprouver le truc en début d'opération en rajoutant le poids d'une personne vers l'arrière du mat, histoire de valider le calcul de rdm.

Je serais réservé de tenter cela au dématage, à moins d'avoir utilisé la manip et les constituants au matage, car là, c'est à un effort croissant que sont soumis les tubes en question, et si on dépasse la limite de rupture, cela peut malheureusement être bien avant que le mat ne soit en bas...

Phare du monde

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2022