Les oiseaux de passage

Oh! vie heureuse des bourgeois ! Qu'avril bourgeonne
Ou que décembre gèle, ils sont fiers et contents.
Ce pigeon est aimé trois jours par sa pigeonne,
Ca lui suffit, il sait qque l'amour n'a qu'un temps.

Ce dindon a toujours béni sa destinée.
Et quand vient le moment de mourir il faut voir
Cette jeune oie en pleurs :"C'est là que je suis née;
Je meurs prés de ma mère et je fais mon devoir."

Elle a fait son devoir! C'est à dire qque oncques
Elle n'eut de souhait impossible, elle n'eut
Aucun rêve de lune, aucun désir de jonque
L'emportant sans rameur sur un fleuve inconnu.

Elle ne sentit pas lui courir sous la plume
De ces grands souffles fous qu'on a dans le sommeil,
Pour aller voir la nuit comment le ciel s'allume
Et mourir au matin sur le coeur du soleil.

Et tous sont ainsi faits! Vivre la même vie...
Toujours pour ces gens là, cela n'est point hideux,
Ce canard n'a qu'un bec, et n'eut jamais envie
Ou de n'en plus avoir, ou bien d'en avoir deux.

N'avoir aucun besoin de baiser sur les lèvres,
Et, loin des songes vains, loin des soucis cuisants,
Posséder pour tout coeur un viscère sans fièvre et garanti dix ans!
Oh! les gens bienheureux!... tout à coup dans l'espace,
Si haut qu'il semble aller lentemeent, un grand vol,
En forme de triangle arrive, plane et passe.
Ou vont-ils? Qui sont-ils? Comme ils sont loin du sol ...
Regardez les passer! Eux, ce sont les sauvages.
Ils vont où leur désir le veut, par dessus monts,
Et bois et mers, et vents et loin des esclavages.
L'air qu'ils boivent feraient éclater vos poumons.

Regardez-les, vieux coq, jeune oie édifiante!
Rien de vous ne pourra monter aussi haut qu'eux.
Et le peu qui viendra d'eux à vous, c'est leur fiente.
Les bourgeois sont troublés de voir passer les gueux....

Les bourgeois sont troublés de voir passer les gueux.

L'équipage
26 juin 2003
26 juin 2003

C'est toi, Windjammer ?

Hein, c'est toi qui a écrit ça ?

26 juin 2003

c'est marqué

c'est de Jean Richepin mise en musique par G. Brassens en 1969

26 juin 2003

Bravo Gilles !!

Extrait de la chanson des gueux de Jean RICHEPIN, grand navigateur de la muse du 19° siècle, mis en musique par Georges, mais surtout... surtout, magnifiquement reprise par Maxime LEFORESTIER,

27 juin 2003

les oiseaux...

il n'y a rien à rajouter ni changer
simplement de lire, relire et savourer
et merci d'avoir amené là ce beau texte

01 juil. 2003

Juste pour faire revenir le texte de l'oubli, ...

Regardez les passer...

01 juil. 2003

également de richepin mis en musique par brassens

.....épicier pendant que vous carressiez vos femmes, vous pensiez ils seront menton ras et ventre rond, notaire; mais pour mieux vous punir un jour vous voyez venir sur terre, des enfants non voulus, ils naissent cheveulus, poètes.....

01 juil. 2003

memoire

On ecorche pas un texte!

Philistins, épiciers
tandis que vous carresiez
vos femmes

en songeant aux petits
que vos grossiers apétits
engendre

Vous pensiez ils seront
menton rasé ventre rond
notaire

mais pour mieux vous punir
un jour vous voyez venir
sur terre

des enfants non voulus
qui deviennent chevelus
poètes

(j'avoue j'ai regardé sur le net pour pas faire une bourde plus grosse que vanupié!)

01 juil. 2003

D'ailleurs

Regardez-les ! Avant d'atteindre sa chimère,
Plus d'un, l'aile rompue et du sang plein les yeux,
Mourra. Ces pauvres gens ont aussi femme et mère,
Et savent les aimer aussi bien que vous, mieux.

Pour choyer cette femme et nourrir cette mère
Ils pouvaient devenir volailles comme vous.
Mais ils sont avant tout des fils de la chimère,
Des assoiffés d'azur, des poètes, des fous.

Ca manquait dans le poeme précédent...

14 nov. 2003

Juste pour qu'on ne m'oublie pas

Un peu de poésie dans ce mon de brûtes.

15 nov. 2003

envie.

merci le mecs,ça m'a donné envie de reecouter le Mr George..............

15 nov. 2003

sympa Richepin.........

Un beau poème, de Jean Richepin!
De: José Antonio
Date: 3/28/01
Time: 10:07:59 AM
Remote Name: 213.245.64.147

Commentaires
****LE CAFE-CONCERT DES GOUGNOTTES.****

Mince! L'Eldorado, c'est rien vieux!

Moi, l'établissement qui m'botte

C'est l'caf'conc' des Gougnottes!

Ah! Comme on rigol' nom de Guieu! |

Au caf'conc' des Gougnottes | bis

¨

Ah! chaleur! ct'e scene! Gnia deux grues,

Deux lampions d'pétrol qui pue,

Et déjà v'la l'peup' qui s'rue:

Nous sommes trois dans l'établiss'ment.

L'pianisse est espagnol et rote.

L'piano rar' d'Erard qu'i p'lotte,

N'y manqu' guèr que dix-huit notes,

Mais les pétal's, faut voir c'boucan!

¨

(Parlé) Oh! c'boucan! qué boucan quand d'un air provoquant marquant l'pas polkant, il joue sans gand, on s'croirait dans l'camp d'un khan. N'en v'là un qu'a pas peur de taper d'ssus son instrument! Il vous écorch'çà comme si c'était un bœuf! Et qué coups d' pied sur les pétales! Pour sûr ct'espagnol là a été rémouleur. Aussi j'dis: Mince! L'Eldorado, c'est rien vieux! etc...

¨

C'est toujours l'comiqu' qui commence

On dirait qu'i gueul' un' romance.

C'Capouil qui fait d'la sentimence

A z'eun' ceintur'rouge qu'est bossard.

Eun' des grues est mère ed'famille.

L'aute a des doigts gros comm' des quilles.

Leurs voix sont fin's comme des aiguilles,

Et quéq'fois claqu'nt comme un pétard.

¨

(Parlé) Voyez-vous! quand elles chantent 'Sous les toits' ou 'Si vous croyez ce que je vais dire', moi ça m'trifouille dans l'estomaque. Oh! qu'c'est chic! qu'c'est chic dl'a belle poisie! Cré nom! pourquoi qu'j'ai pas été assez éduqué pour être artisse! J'en aurais-t-y fait de la poisie! Et d'la pas moisie, foutre! Comment qui s'appelle, celui qu'a pondu ces verses-là? Paraît qu'c'est Muzé, un nommé Alfred Muzé! Tiens! Alfred! c'est comme moi! Ça n'fait rien, il peut se vanter d'être un bougrement chouette poite! Ah! la poisie! la poisie! Aussi j'dis: Mince! l'Eldorado c'est rien vieux! etc...

¨

Mais il n'vient pas un gonç', ça m'froisse.

Dix heur's! Nous n'sommes toujours que troisses.

Mon vin chaud s'en va.Mes doigts s'poissent

En suçant l'reste ed mon citron.

Sont-ils assez cons tous ces pantes!

I'trouv'nt que l'art est emmerdante.

Moi j'l'aime, j'en suis fier et j'm'en vante,

J'l'aim' comme un cul aim' son étron.

¨

(Parlé) L'art! mais c'est elle qui fait not' joille! Qu'est-ce qu'a inventé la photo- graphie, si c'est pas l'art? Tenez! sans être aussi instruit qu'Barthelemy Hilaire, voulez-vous qu'j'vous dise qui qu'a civilisé les hommes? Eh bien! on l'chantait l'autre soir dans eun' chanson très bat, et je m'en rappelle! Eh bien! savez-vous qui qu'c'est? C'est un orfèvre! Oui un orfèvre. Même que qans lui vous mangeriez encore des glands, tas d'cochons.Aussi moi j'dis:

¨

Mince! L'Eldorado, c'est rien vieux!

Moi, l'établissement qui m'botte

C'est l'caf'-conc' des Gougnottes!

Ah! Comme on rigol', nom de Guieu! |

Au caf'conc' des Gougnottes. | bis

****Jean Richepin****

15 nov. 2003

c'est aussi ça.......

Y avait un'fois un pauv' gas,
Qu'aimait cell' qui ne l'aimait pas.

Ell' lui dit: "Apport' moi d'main,
L'coeur de ta mèr' pour mon chien".

Va chez sa mère et la tue,
Lui prit l' coeur et s'en courut.

Comme il courut il tomba,
Et par terre l' coeur roula.

Et pendant que l' coeur roulait,
Entendit l' coeur qui parlait.

Et l' coeur disait en pleurant:
"T'es tu fait mal mon enfant?"

Richepin.

01 août 2021

Sans trop savoir comment, je suis tombé sur ce fil ! Et ça m’a fait du bien de relire Jean Richepin. Oisseau de passage est un texte magnifique dont la version chantée est tronquée de passages pourtant sublimes. Je me demande soudain si les intervenants de ce fil sont encore de ce monde. De chaleureuses pensées pour eux…

01 août 2021

Justement, pourquoi ces tirets à la place du nom ?

01 août 2021

Parce que depuis, ce compte a été supprimé ?

02 août 2021

C'est dommage, ça rend difficile la lecture des anciens posts (qui dit quoi ? )

Lever de soleil sur la rance pleurtuit anse du montmarin

Phare du monde

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Lever de soleil sur la rance pleurtuit anse du montmarin

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