Attention Somalie pirates

La mer pillée, les marins maltraités

La Somalie n'a plus d'institutions en état. Des armateurs profitent de ce contexte anarchique. Ils pillent la mer, maltraitent les marins. C'est l'information qu'Andrew Mwangura, un Kényan, s'emploie à faire passer.
« Ils peuvent rester des mois dans l'obscurité, avec de la nourriture périmée et dans des conditions psychologiques terribles. » Andrew Mwangura coordonne un programme d'assistance aux marins, à Mombasa, un port du Kenya. Il est régulièrement appelé à la rescousse pour intervenir en faveur des équipages pris en otages à bord de bateaux de pêche « capturés » par des pirates. Des événements dont on parle finalement peu.
Et pour cause. Au large des côtes somaliennes, l'activité des chalutiers et palangriers, venus faire le plein de crustacés, de thon ou de poisson blanc, espèces nobles destinées aux marchés occidentaux ou asiatiques, se joue en eaux troubles. Avec des moyens ultramodernes particulièrement destructeurs. « Certains navires, véritables mastodontes, disposent même d'un hélicoptère », raconte l'ancien marin, qui fut radio pendant dix ans sur un remorqueur de sauvetage.
La Somalie n'a plus d'institutions. Seulement des chefs de guerre, dont certains ont autoproclamé un nouvel État, le Puntland. Une aubaine pour des armateurs, dont bon nombre seraient des Européens, qui ne s'embarrassent pas de scrupules.
Pour nourrir la famille
La pêche illégale, non déclarée et non réglementée s'effectue souvent sur des bateaux battant pavillon kényan, quand il ne s'agit pas de pavillons de complaisance. Les équipages lorsqu'ils ne sont pas kényans sont indonésiens, chinois, vietnamiens ou sénégalais.
« Ils embarquent souvent sans connaître leur destination. Ils se doutent que c'est dangereux, mais n'ont pas le choix. C'est souvent le seul moyen de nourrir leur famille. » Un jeu de trompe-la-mort pour 100 dollars par mois (77 €). Avec la peur au ventre. La bataille est féroce entre les chefs de guerre pour récupérer le pactole versé aux clans : de la nourriture, du carburant et, on l'imagine, des armes. Il y a des navires coulés. D'autres arraisonnés par les pirates qui laissent croupir l'équipage le temps de longues négociations avec l'armateur. S'ajoutent des marins débarqués abusivement ou carrément expédiés par-dessus bord dans les eaux infestées de requins.
Le livre de bord d'Andrew Mwangura recense très précisément des dizaines de méfaits graves. La partie émergée de l'iceberg. Il y aurait 300 navires à pratiquer la pêche illégale, non réglementée et non déclarée au large du Puntland et 700 autres le long des côtes somaliennes.
« Tous les produits provenant du Kenya doivent être boycottés sachant qu'il existe un lien entre pêche illégale, trafic d'armes, production et trafic de drogue, immigration clandestine et déversement de matières toxiques dans ce secteur maritime », estime le coordonnateur. En insistant : « L'Union européenne ne peut quand même pas ignorer cette situation ! »

L'équipage
06 mai 2005
06 mai 2005

C'est quoi....

...l'union européenne?

06 mai 2005

Merci

Mais de quelle source?

06 mai 2005

et ainsi

priver les kenyans du peu qu'il leur reste pour survivre....

le boycott et les conséquences induites sont tres difficiles à mesurer.
Avant tout appel de ce type merci de reflechir.

06 mai 2005

la somalie : voici l'etat actuel :

epuis plusieurs jours, deux factions armées rivales s'affrontent à Baidoa, à 250 km à l'ouest de la capitale somalienne, Mogadiscio, où des échanges de tirs ont aussi eu lieu. D'autres accrochages interclaniques viennent de se dérouler à la frontière kényane près de la ville de Mandéra. La dynamique des luttes de clans a donc repris en Somalie. C'est justement à Baidoa -en janvier 1991- que des premiers affrontements avaient marqué la chute du dictateur Siad Barré faisant sombrer le pays dans le cauchemar de l'effondrement étatique et de la guerre intra muros: guerre privée, guerre mafieuse et délinquante, sans foi ni loi, sans armée, ni ligne de front avec son cortège de victimes civiles, de déplacés et de prise d'otages...

Reviennent en triste mémoire, les images de la terrible famine de l'été 1992 qui a aussi démarré à Baidoa, celles des Mad-Max et des «technicals», ces camionnettes hérissés de mitrailleuses et de mortiers qui attaquent les convois humanitaires. Pour la première fois de son histoire, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) se résignait à faire appel à des gardes armés. Reviennent aussi en mémoire les espoirs soulevés par la fin de la Guerre froide et du renouveau des opérations de maintien de la paix des Nations unies. A l'époque, Bill Clinton, puis George Bush père parlaient d'un nouvel ordre international. On se souvient aussi du débarquement de l'Unosom -la force de l'ONU- sur les plages de Mogadiscio encombrées des équipes de télévisions du monde entier en 1993. Deux ans plus tard, les soldats américains rembarquaient, sans gloire, avec armes et bagages, abandonnant le pays à une implosion durable et récurrente. Avec l'armada américaine, rembarquait aussi les équipes de télévision. La Somalie quittait la une des journaux télévisés rejoignant l'anonymat des guerres oubliées dont on ne parle plus parce qu'elles sont brusquement sans images.

C'est donc un retour à la case départ que provoquent les affrontements somaliens d'aujourd'hui. Et pourtant, l'espoir était de mise avec l'installation d'un parlement et d'un gouvernement en exil à Nairobi au Kenya, gouvernement qui s'apprêtait à rentrer au pays. Et c'est toute la question d'une réinstallation d'un gouvernement légal à Baidoa plutôt qu'à Mogadiscio qui a fait ressurgir le spectre des luttes de clans. Les factions mafieuses qui contrôlent le port de Mogadiscio ne veulent pas abandonner leurs prébendes et leurs mainmises sur les filières du qat, cette plante hallucinogène consommé dans l'ensemble de la Corne, à Djibouti et au Yémen. Les seigneurs de la guerre de Baidoa non plus ne veulent pas entendre parler d'un retour de l'Etat. C'est tout le défi de la reconstruction post-conflit auquel sont confrontés les Nations unies. C'est un des points forts de la réforme de l'ONU qui fera discussion lors de la prochaine assemblée générale en septembre prochain: au-delà des opérations classiques de maintien de la paix, comment assurer la stabilisation et la reconstruction.
C'est, évidemment une vraie question.

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