Anecdotes

Salut tout le monde.
Les ceusses qui naviguent, les ceusses qui construisent, les ceusses qui rêvent...

J'aime beaucoup lire les anecdotes ayant trait aux bateaux.
On en a tous à raconter, des moments vécus ou entendus, rigolos ou tristes, qu'on aime bien partager parce que c'est ce qui fait la richesse de la plaisance.
Il se passe toujours quelque chose autour de nos chers bateaux. Même ceux qui n'en ont pas ont des souvenirs d'équipiers ou de stagiaires.
On rencontre des personnages et des situations cocasses qui remplissent la hotte à souvenirs.
Une histoire en appelle une autre, pas de catégories du moment que ça parle de bateau.

Je commence avec deux petits souvenirs du tout début de la construction de notre bateau.

Nous avions investi un emplacement dans un immense hangar agricole dans les Yvelines que le propriétaire louait à plusieurs constructeurs amateurs. Le domaine comprenait plusieurs bâtiments plus ou moins grands, qui avaient servi à la production industrielle de poulets. L'activité ayant été arrêtée, le propriétaire cherchait une autre solution pour rentabiliser ses locaux.
La construction amateur ne s'avérant pas un milieu rentable pour lui, il se tourna vers une population plus aisée et transforma d'autres bâtiment en box pour les chevaux.

Nous venions de bâtir les premières membrures du bateau quand il a vidé un local de toute la charpente ayant servi à l'aménagement. Des dizaines de poutres de divers section se sont retrouvées en tas avec plein d'autres bout de bois qui devaient partir au feu. Nous qui cherchions du bois pour construire le marbre et le mannequin, c'était une manne inespérée !
Il fallait juste dégager les poutres et les planches qui nous intéressaient de tous les résidus de bois et de grillage qui y étaient encore cloués. Nous nous sommes donc jetés sur le tas de bois avec nos tenailles et nos scies comme si c'était de l'or.

C'est à ce moment que sont arrivés les propriétaires de chevaux qui venaient voir l'avancement des travaux. Ce fut un défilé de Mercedes et de BMW desquelles descendaient des messieurs en costard et des dames en fourrures qui, tout en essayant de ne pas salir leurs chaussures dans la boue, découvraient un jeune couple de miséreux récupérant du bois et des clous dans un tas de détritus.
De plus, nous avions notre costume du dimanche : vieux jean plein de colle et pull troué.
Quand nos regards se croisaient, je lisait l'incompréhension et le mépris, et j'imaginais les commentaires.
- Mon dieu, cela existe encore ces choses-là ! Que font ici ces traîne-misère ?
En voyant leurs regards plein de dégoût, je me disais que si eux se méprenaient en nous considérant comme des miséreux, quelques années plus tard, d'autres se méprendraient sûrement en nous traitant de bourgeois nantis sur notre bateau...

Nous avons continué sans nous occuper d'eux, et nous avons sauvé plein de bonnes planches qui sentaient le poulailler !

Dans le même genre de méprise, l'année suivante, je profitais d'un jour de congé en semaine pour faire un peu de ponçage sur la coque à l'envers. J'étais en haut de mon escabeau, entouré d'un nuage de poussière, quand un monsieur en cravate est entré dans l'atelier. Avec sa mallette, il avait tout l'air d'un commercial en visite. Il a regardé un peu partout, et avant que je lui demande ce qu'il cherchait, il m'a dit :
- Eh, il est là le patron ?
- Euh... pardon ?
- Le patron, le chef d'atelier, où je peux le trouver ?
- Il n'y a pas de patron ici, monsieur, il n'y a que des ouvriers !

Le gars vendait des systèmes de sécurité incendie pour les entreprises de menuiseries. Je lui ai expliqué qu'en tant que constructeur amateur, ça ne m'intéressait pas. Il a eu visiblement du mal à saisir ce que c'était que cet atelier qui tournait sans patron, et il est parti en grommelant, en croyant que je me moquais de lui.
Moi, j'ai bien rigolé !

A vous...

L'équipage
30 mars 2004
30 mars 2004

Philippe,

ton chantier, c'est surement celui de Chateaufort.
Un jour, revenant d'un RV client (donc en costard cravatte !), j'y ai débarqué comme un cheveu sur la soupe: que voulez-vous, tout à coup, de la route, j'ai vu une carène derrière un mur en pleine campagne, j'ai pas pu m'empecher de mettre un coup de volant pour y aller !

C'était sympa, un type dans un mobil home écoutait de la musique. C'était Renaud Garcia Fons, le gars ne le savait pas, et moi j'adore cette artiste, alors je suis resté un peu, pour la musique et pour l'ambiance du chantier, au milieu des chevaux, c'était un peu irréel. Le gars était assez étonné de me voir débarquer, et surtout avec une grande banane sur la figure et mes petites chaussures de ville dans la merde ! (le soir, je me suis encore fait engueulé !) Je lui posais des questions sur les bateaux (il y avait d'ailleurs un magnifique Pinaud de Langevin en strongall, prêt à repartir à son élément naturel, qui n'est pas du tout la campagne !) et il me répondait avec un mélange de condescendance et de quelque chose du genre "mais qu'est ce qu'il fout là, ce gars là"

Qu'est ce que voulez, on peut se trimballer en costard cravatte pour gagner sa croute et néanmoins aimer les chantiers amateurs ! Je suis sur de n'avoir pas été le seul urluberlu à débarquer comme ça, car on voit très bien le chantier de la route

30 mars 2004

Non, non

Notre chantier était à Flexanville, près de Thoiry.
Et là, rien n'était visible de la route.

Si je rigolais, c'était parce que le bonhomme refusait de croire que je construisait MON bateau et que je n'étais pas un employé.
Je lui aurais dit que je descendais de la planête Mars, il m'aurait regardé de la même façon !

30 mars 2004

Bravo

On dit que la construction est l'équivalent de la maternité chez la femme.
Un homme qui n'a pas construit une maison ou un bateau serait comme une femme qui na pas eu d'enfant.

Je préfèrerais d'ailleurs les odeurs de bateaux.
:-D
Et les deux narines pleines de sciure, on ne s'intoxiquera pas avec les résines!

02 avr. 2004

Quelle curieuse comparaison"!

Je pourrais encore comprendre le début de ton message! Le pauvre!
Alors , maintenant: Inspire, expire, inspire..poussse! Et-c'est une fille (the boat=she)!

Quant à "Je préfèrerais d'ailleurs les odeurs de bateaux" etc: tu aurais pû t'en passer.
Sans rencune!

31 mars 2004

femme=poule pondeuse !

Désolée, mais restreindre l'épanouissement de la femme à la procréation pour la continuité de l'espèce est un concept vraiment trop arriéré et réducteur pour le laisser paraitre sans bondir ! Nous n'en sommes plus là, heureusement, je pense qu'avoir un enfant est vraiment une affaire de couple où l'homme doit tenir une place égale et non une obligation féminine ! :-(

31 mars 2004

Désolé JOY, mais

à part que ton commentaire soit hors sujet, il y a un paquet de femmes qui font des gamins pour elles et sans avoir besoin de mec, ou juste une fois... le retour à la ligne déconne. Sinon désolé pour ce fil intéressant, je n'ai pas d'anecdote croustillante à raconter. Mais je vais lire, en espérant qu'il n'y aura pas trop de parasites sur la ligne...

02 avr. 2004

La femme à l'ancre, l'homme à la barre!

C'est ainsi ma fois! Mais: Qui est responsable si l'ancre n'est pas attachée au fond du puits?

31 mars 2004

Joy !

Je pense que Zébulon voulait juste faire un parallèle entre la satisfaction que peuvent apporter la construction et la maternité. Si la maternité est une étape importante dans la vie d'une femme, avec tous les bouleversements que ça entend, il est bien entendu que cela n'induit aucune supériorité par rapport à celle qui n'a pas eu d'enfant. Ce sont juste deux trajectoires différentes avec deux évolutions différentes.

Pour la construction, c'est pareil. Les joies et les douleurs que j'ai ressenties pendant la construction, et la satisfaction que j'ai quand je regarde mon "bébé", sont autant d'éléments importants dans mon évolution personnelle, mais je ne me sens aucunement supérieur à ceux qui n'ont pas emprunté le même chemin que moi. Chacun sa voie.

Ne te fâche pas et reviens nous voir !
Raconte-nous plutôt la Nouvelle Calédonie, l'île des Pins, les lagons, tout ça...

Tiens, une histoire de mouillage en amène une autre...

Un été, au début de la construction (encore), nous abandonnons le chantier pour emprunter l'Endurance 35 du paternel pendant deux semaines. Nous retrouvons le bateau fin août à Port-Camargue, et nous partons vers Marseille et les calanques.
Arrivés dans Port Miou, nous nous faufilons parmi les autres bateaux pour trouver une place.
L'ancre tombe, un coup de marche arrière pour assurer la tenue, et à nous la baignade !

Deux jours plus tard, nous décidons d'aller voir plus loin et nous remontons le mouillage.
Le moteur tourne, Ghislaine est à la barre tandis que je m'active sur le guindeau manuel.
Un coup d'oeil dans l'eau et je vois l'ancre qui apparaît.
- Vas-y, marche avant !
Rien ne se passe.
Je reviens vers le cokpit et je vois la manette des gaz enclenchée normalement. Pas de bruits bizarre venant du diesel qui tourne correctement. Je descends donc à l'intérieur pour soulever le plancher qui couvre la cale moteur. Là, tout paraît normal, l'arbre d'hélice tourne comme il faut.
Revenu dans le cokpit, je commence vraiment à m'inquiéter. Nous dérivons vers les autres bateaux au mouillage, et surtout nous allons bientôt nous retrouver sur la trajectoire des vedettes qui font la navette pour déverser leur flot de touristes, à moins que le vent nous pousse sur la falaise d'en face.
Le bateau traverse tranquillement la calanque, et, une fois dépassé le chenal des vedettes, je cours au guindeau relâcher la chaîne. Je balance une trentaine de mètres et le bateau vient se stabiliser perpendiculairement à 5 mètres de la falaise.

Pfffiuuut ! Là, le rythme cardiaque de l'équipage a considérablement augmenté, mais on se calme pour faire le point.
Si l'arbre d'hélice tourne mais qu'on avance pas, c'est que l'hélice ne tourne pas... ou qu'elle n'est plus là ! Justement, un pêcheur à la ligne installé sur un promontoire non loin de nous, nous appelle.
- Té, vous n'avez plus d'hélice, con, ça se voit bien !
Si je suis resté courtois jusque-là, j'avoue qu'à ce moment je pousse un beau juron !

Nous sommes mal placés pour chercher les causes du problèmes, il faut qu'on dégage, et vite, car je n'ai qu'une confiance limitée dans ce mouillage pris en catastrophe.
C'est à ce moment qu'éole, très sympa, se décide à nous filer un coup de main. Une bonne risée arrive parallèlement à la falaise, le bateau évite en s'écartant des rochers et nous en profitons pour remonter le mouillage une deuxième fois. Pendant que je pompe comme un damné sur le guindeau, Ghislaine déroule une bonne partie du génois, et le bateau repart vers le fond de la calanque. Nous le laissons prendre un peu de vitesse et nous virons bout au vent pour revenir dans la zone de mouillage et replanter notre pioche à quelques dizaines de mètres de notre point de départ.

Re pffffiuuut !
On s'assoit encore tout tremblant pour réfléchir.
Mes parents ont caréné le bateau début août et ont changé l'anode se trouvant en bout d'arbre, ainsi que l'écrou servant à bloquer l'hélice. Pas de goupille dans cet écrou qui normalement ne peut se desserrer tout seul. Normalement !!!
Le coup de marche arrière au moment du mouillage a du envoyer l'hélice au fond de la calanque.
Le lendemain, coup de chance, nous faisons connaissance avec des plongeurs qui vienne explorer les grottes de Port Miou. En ratissant la zone qu'on leur indique, ils retrouvent notre hélice parmi les détritus qui jonchent le fond. Après l'avoir remis en place, nous avons banni la marche arrière pour le reste de la croisière !
Et mon père a installé plus tard un écrou avec une goupille !

31 mars 2004

comme quoi le moteur...

Comme quoi le moteur, comme le gps ou tout autres pièces rajouté ne peut être considéré que comme aide à la navigation, mais pas comme élément de sécurité !

Bon vent, bonne mer

Ps: pour ceux que ce disent que je suis un vieux hors de sont temps, je possède aussi moteur, ordinateur couplé avec gps, central etc...

31 mars 2004

Joy

Veuille lire l'explication de Philippe (§§. 1 et 2), qui le dit mieux que moi.

Tes idées sur le sujet étant manifestement les miennes, les arguments me manquent pour alimenter la dispute, laissant à d'autres ces préventions.

Je n'ai pas plus de mépris pour l'homme qui ne construit pas que pour la femme qui n'enfante pas.

Il reste seulement à l'un comme à l'autre à trouver d'autres satisfactions.

C'est là, dans ces hangars battus des vents, que nous trouvons les nôtres. Les femmes y sont les bienvenues.

J'ai le sentiment peut-être faux mais très net d'avoir un peu compris de la maternité depuis que j'ai conçu et mis à l'eau quelques périssoires que leurs défauts mêmes rendent irrémédiablement uniques.

Que racontent ces pauvres anecdotes que nous nous répétons? Presque rien, au fond, qu'une atmosphère, qu'un bonheur simple.

"J'étais en haut de mon échelle".
La belle affaire, n'est-ce pas! Au moins ne faisons-nous pas la guerre pendant ce temps.

Un certain médecin viennois aurait sans doute eu beaucoup à dire sur mon goût pour les coques rondes, mais on soupçonnerait d'autres atavismes sous notre amour du bois.

Les préhistoriens croient que les grottes n'abritaient que le culte de nos ancêtres, et qu'ils se faisaient pour dormir des cabanes.

Dans la forêt ils trouvaient le sec, le gibier, les baies. La pluie en y tombant réveillait le parfum des essences des bois.
Sans doute cette odeur et la vue des arbres apaisait mieux que rien d'autre leurs anciennes peurs, peut-être ne faisons-nous que nous les rappeler sans le savoir, en faisant retraite dans nos sombres remises.

31 mars 2004

Ah ?

J'y avais pas pensé à celle là.

Et quand on retape son bateau en plein air en plein hiver battu par la Tramontane glacée, ça rappelle quoi ?

La course au mammouth dans la toundra de l'ère glaciaire ? ;-)

Fabrice (pas poète pour 1 sou )

02 avr. 2004

les échanges sont toujours riches !

J'avais fait une belle réponse, exprimant mon acquiescement aux commentaires de Philippe et Zébulon ... mais elle n'a pas franchi les 22 000 km et a du sombrer au fonds d'internet !
Pas le courage de recommencer, mais je confirme vouloir et avoir la ferme intenttion de rester sur le forum, participer et échanger dans ce super cadre qu'est le forum, au-delà des horizons (parfois très restreints pour certains d'après ce que j'ai pu lire un peu + haut).

Par contre, pour l'analyse de la coque en bois et du confort ressenti, j'ai lu un article écrit par les propriétaires des voiliers Vagabond (explorateurs sur les traces des vikings) qui viennent d'acquérir un voilier en chêne massif et bordé en acajou. Ils ont appris que le bois en tant que matériau (de part ses caractéristiques moléculaires) bloque une grande partie des ondes électro-magnétiques qui nous entourent et procure ainsi un soulagement important de nos fonctions vitales !!!
en tout cas, adns mon voilier, on s'y sent bien et on n'y dort bien, de l'avis de tous mes passagers !

02 avr. 2004

d'ailleurs c'est bien connu...

La reception gonio est impossible dans un bateau en bois et est bien meilleure dans un bateau en métal (qui ne bloque pas les ondes électromagnétiques!;-D)

2013-06-01 - VillaHavn (Norvège)

Phare du monde

  • 4.5 (86)

2013-06-01 - VillaHavn (Norvège)

2022