fragilité des 60' IMOCA - quille SAFRAN

Bilan de l'expertise de la pièce qui a laché sur SAFRAN.
(Le bilan est fait par les concepteurs eux même).

résultat :
c'est pas un problème matière,
c'est pas un problème de fabrication,
...
c'est juste un problème de conception!!

Moralité, les concepteurs de ce bateau ont sous évalué les contraintes alternées qu'aurait à subir l'axe de quille.

Je n'ai pas les détails du montage mais ça me rend perplexe sur la compétence de certains concepteurs (ou de certains logiciels de CAO a qui on a donné de bien mauvaise info)

Moralité : Guillemot : tu as eu de la chance de ne pas aller trop loin finalement.
Je croise les doigts pour les coureurs qui sont VRAIMENT des aventuriers dans leurs "droles" de machines (meme si le carbone a remplacé la tôle d'acier)

L'équipage
21 déc. 2012
22 déc. 2012

Sans préjuger de ce qui s'est passé sur SAFRAN, splendide voilier au demeurant, les quilles en T maximisent les risques de conception.
Elles sont superbement efficaces avec leur longue torpille mais encaissent sur les voiliers plats des efforts dynamiques très élevés surtout dans le sens longitudinal. Les mouvements en torsion ne sont pas négligeables non plus.
Quand les quilles sont inclinables, les mouvements verticaux du voilier se transforment en portance dans le voile de quille ce qui ajoutent des efforts dynamiques transversaux.
La somme de tous ces efforts font que la jonstion quille-coque, fine et étroite, est fortement sollicitée et de plus en mode alterné.
Les soudures sur les éléments de quille doivent être traitées à un niveau de qualité nucléaire ou aviation avec des congés polis pour limiter la fatigue.
Enfin, le choc contre un objet sous-marin sur le bulbe ou sur l'étrave génèrent dans la quille des efforts nettement supérieurs à ceux en usage normal et deviennent dimensionants.
Sur Altaïr, 40' avec 1800kg à 3m, les efforts calculés au niveau du puits atteignent 40t à 10 noeuds. Si la quille était basculante, ces 40t devraient passer dans les axes de quille.
Sur un 60' lancé à 25 noeuds, c'est probablement 4 à 5 fois plus.
Les calculs statiques + coefficient de sécurité sont innapropriés pour ces objets. Il faut les calculer en dynamique. Tout l'art est de modéliser les mouvements du voilier y compris en slamming.

Les quilles des Open n'ont pas terminé de faire parler d'elles.
J'inspecte la mienne trés sérieusement chaque année...

22 déc. 2012

"Les mouvements en torsion ne sont pas négligeables non plus. "

Sur la quille d'un "vieux" America's cup (enfin les monocoques avant la folie des multi), ils avaient étudié une distribution des sections résistentes du voile de quille de façon à avoir un mouvement torsionnel du voile qui facilitait la vitesse du virement de bord: quand le bateau commençait à virer en se redressant le voile prenait une forme qui "accompagnait" le flux de l'eau, bref le bateau au lieu de virer sur un rayon de X mètres il virait sur la moitié ou deux tiers

Mais bon, là s'il se cassait quelque chose ils étaient à 5 minutes du ponton où ils avaient trois quilles de réserve :mdr:

22 déc. 2012

Merci Altair pour cette explication.

Ce qui est interessant dans cette histoire, c'est qu'il est impossible de connaitre la totalité des causes externes de cette rupture.
C'est la plus stimulante des situations pour les concepteurs, ils peuvent alors tout imaginer et leur réputation, leur honneur professionnelle est en cause.
Visiblement Safran joue le jeu.
Ils ne nous dirons pas tout mais je suis un peu jaloux de ne pas être une petite souris intelligente, souris d'ordinateur, bien sur!

22 déc. 2012

j'ai cru comprendre que c'était un problème de fatigue des matériaux
donc capable de faire une course sans soucis mais pas capable de les enchainer (avec des entrainements costaud en plus)
de plus ils ont augmenté la puissance du bateau ce qui a dû accélérer la fatigue
ce qui est étonnant c'est que le vérin est supposé être 3x (?) plus puissant-costaud que ceux des autres concurrents
les autres changent leur vérins entre chaque course ?

22 déc. 2012

sur Safran ce ne sont ni l axe ni le verin qui ont cede, c est le voile. Safran l' explique par une fatigue supplémentaire due à l augmentation des performances du bateau.

23 déc. 2012

autant pour moi
j'ai confondu avec Jérémie Beyou sur maitre coq dont j'avais lu l'analyse de l'avarie peu de temps avant

02 fév. 2013

"Marc Guillemot avait promis toute la vérité lors de sa conférence de presse aux Sables-d’Olonne, le dimanche 11 novembre, suite à son abandon peu après le départ du Vendée Globe. Safran l’a fait : un groupe constitué de trois spécialistes Safran en Mécanique, Qualité et Matériaux & Procédés a travaillé avec l’ensemble des acteurs du développement de la quille (architectes, concepteurs et fabricants) pour déterminer les causes de la rupture de la quille du voilier.
L’enquête exclut une rupture suite à une collision avec un OFNI.
Elle constate aussi qu’il n’y a aucun défaut métallurgique, que les soudures ne présentent pas d’anomalie susceptible d’expliquer la rupture. Elle montre que la rupture est due à un endommagement par fatigue du métal engendré par la répétition des chocs avec les vagues. Elle ne met pas en jeu de phénomène vibratoire à haute fréquence.
Selon un communiqué officiel, «Safran tire tous les enseignements de cette expertise pour l’élaboration de sa nouvelle quille et se prépare avec Marc Guillemot à la Transat Jacques Vabre 2013.» Par ailleurs, Safran va mettre à disposition du Comité Technique de l’IMOCA l’ensemble des conclusions de l’enquête afin que les enseignements puissent être utiles à l’ensemble des armateurs et skippers. / H.H."

Ponta do Castelo, Île de Santa Maria, Açores

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