Rudiments de pêche à la traîne


Pécher à la traîne depuis un voilier ? C'est l'un des grands plaisirs du bord pour beaucoup d'entre nous. Encore faut-il savoir comment s'y prendre...

Photo : bonne pêche pour Pator, accessoirement nouveau propriétaire de Lou Cayoc ;-)


Vous avez dit pêcheur ?

Héritier d'une tradition de pêche au gros dans ma famille, je ne peux envisager la croisière sans quelque chose à traîner dans mon sillage. C'est d'autant plus intéressant pour moi que n'étant pas des adeptes du mouillage de longue durée, nos journées de navigation sont en général assez longues. Sur des bords d'une dizaine d'heures, c'est bien le diable si quelque chose ne vient pas se prendre, sans que cela ait nécessité un grand effort de notre part, et c'est un agréable passe-temps qui vient s'ajouter aux autres occupations.

Donc, je pêche. Il ne s'agit pas de pêche savante - simplement un agrément de plus à la croisière. Je ne vais pas taquiner le bar au ras des cailloux ni passer mon temps au mouillage à récolter de la friture. Il s'agit simplement de traîne légère, qui prend ou qui ne prend pas. De toute façon, je remonte mes lignes de traîne dès que j'ai capturé la pitance de la journée, à savoir de 2 à 4 poissons, et jamais plus !

Les résultats sont variables suivant les années et les endroits où nous nous trouvons. J'ai le souvenir d'une certaine année dont le thème était la ronde des îles du Ponant et de Bretagne Sud où nous avons mangé du poisson tous les jours, sans exception. Je me souviens aussi de notre saison 99 où les lignes sont restées désespérément inefficaces dans la première semaine, ce qui ne m'a guère encouragé à persévérer.


La traîne sur ligne tressée

Après bien des essais, il semblerait que ce qui marche le mieux est encore la bonne vieille ligne tressée enroulée sur un plioir que l'on traîne dans le sillage. Sur Lou Cayoc, quand le temps et la nav le permettent, nous déployons deux de ces lignes, une sur chaque côté du bateau. Chacune de ces lignes se présente ainsi : 50 m de tresse polyamide rattachée à une planchette japonaise, puis un avançon (partie qui porte les hameçons) d'environ 2 m (50 1/100°), puis bas de ligne composé de choses très variables suivant l'humeur du skipper, la couleur de l'eau et la luminosité.

Les bas de ligne qui marchent le mieux :

  • un train de mouches flashy terminé par un lançon en caoutchouc (gros de préférence, type Ragot)
  • un train d'anguillons caoutchouc terminé par une cuillère type Flashmer
  • un train de petits encornets caoutchouc terminé par n'importe quoi (les cuillères de rivière genre brochet marchent très bien)
  • un train de cuillères à maquereau (petit modèle - au moins 4) terminé par un gros lançon ou un petit Rapala

Il n'y a pas de secrets, il faut essayer les combinaisons les plus courantes jusqu'à trouver ce qui marche le mieux compte tenu de la couleur de l'eau, de la luminosité et du type de poisson recherché.

Quelques principes :

  • Temps clair, leurre clair. Temps sombre, leurre sombre.
  • Les mouches jaunes conviennent bien au lieu.
  • Les mouches rouges et blanches plaisent bien au maquereau.
  • Les cuillères à maquereau sont souveraines pour le maquereau... et pour le bar (toujours très efficaces)

L'idéal est d'avoir un assortiment de trains de mouches ou d'anguillons de différentes couleurs et quelques leurres de terminaison, ainsi que de deux kits de traîne sur plioir que l'on peut trouver dans toutes les coops.
Ce type de pêche se prête particulièrement bien à la voile, jusqu'à 5,5 kn. Dès qu'une ligne a pris, la planchette japonaise remonte et vous alerte. Il n'y a plus qu'à ramener. Les prises consistent en grandes algues 4 fois sur 5, mais ça occupe !


La traîne classique

Nous avons également à bord 2 cannes télescopiques courtes, en fait des cannes à lancer mi-lourd (2,70 m maxi) équipées de moulinets mer, souvenirs d'une époque où les leurres multicolores et au prix inversement proportionnel à leur pouvoir de pêche exerçaient sur moi une attraction irrésistible. Il m'arrive encore de m'en servir lorsque nous passons près d'un coin à bars ou à lieux (exemple type : chenal du Four). Chaque canne est équipée d'un fil fluo (vert, pour l'une, orange pour l'autre). En général, j'intercale une canne entre mes deux lignes de traîne sur plioir, en veillant à garder une route bien rectiligne pour éviter les spaghettis. Ça marche très bien jusqu'au virement imprévu...

Les leurres utilisés sont très variable. Ce qui marche le mieux :

  • Les Rapala d'une bonne taille (il en faut au moins deux, un clair et un très sombre)
  • les YoZuri (challengers des Rapala), qui ont l'avantage, eux, d'être abordables pour le plaisancier moyen
  • les combinaisons train de mouches (ou d'anguillons, ou d'encornets) + leurre
  • les grosses cuillères à maquereau

Autant dire que votre boîte à pêche va constituer un trésor (ô combien coûteux) à renouveler régulièrement, car ces petites bêtes ont une fâcheuse tendance à s'accrocher un peu partout sur le fond. Dans ce cas, compte tenu de la vitesse et de l'erre, il ne reste plus qu'à couper la ligne... Et je ne vous parle pas des gougnafiers qui viennent vous raser le tableau arrière pour tester leur près !

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