Les chagos


Nous parlerons ici des îles Salomon, l'atoll le plus est des Chagos. Les Chagos sont constituées de plusieurs atolls et bancs, l'archipel est long d'environ 180 milles.

Trois de ces atolls sont accessibles aux voiliers : les îles Salomon est l'atoll le mieux protégé, Peros Banhos est le plus grand (15 milles de diamètre) et Egmont Island est le plus reculé, et on n'y fait rentrer, paraît-il, que deux bateaux.


A quoi ressemblent les Chagos ?

les chagosAu paradis sur terre ! Enfin,sur mer.
 
A part ça, ni plus ni moins qu'à des atolls, c'est à dire, pour les profanes, à des récifs circulaires surmontés d'îles, à l'intérieur desquels on accède par une passe, généralement jouxtée par une île dite de la Passe, justement. La photo à droite, c'est l'île Sépulture, si ma mémoire est bonne.
 
Ci dessous, la carte des Salomon, dont fait partie cette îlot.

les chagosA l'extérieur, en général, c'est très profond, mais dans l'atoll, on plafonne à 30 mètres et on mouille dans des fonds très raisonnables. Evidemment, il faut faire attention aux nombreuses patates qui farcissent le plan d'eau, on ne les voit pas sur la carte ci-dessus mais on les sent très bien quand on fonce dedans.
Qui trouve t-on aux îles Salomon ?

les chagosEn premier lieu, des navigateurs heureux. L'escale est bienvenue par sa position géographique, mais surtout elle est très attendue pour la liberté qu'elle procure. Vous parlez : pas de douanier, pas de formalités (ou presque), pas de ville, pas de pollution, pas de sollicitation, pas d'avitaillement à faire. En revanche, un vrai délice pour les yeux et une douceur de vie absolument indécente.


les chagosEn arrivant, on n'est donc pas surpris de trouver, rien qu'aux Salomon, une trentaine de bateaux au mouillage. Pas d'inquiétude : la place ne manque pas. Bien sur, en mai, beaucoup de bateaux mouillent sous le vent des îles Fouquet et Takamaka : ce sont celles qui abritent le mieux de l'alizé du sud est. On trouve aussi beaucoup de bateaux près de l'île Boddam, car on y trouve de l'eau potable et... un yacht club ! Mais ceux qui veulent leur île déserte à eux ont le choix. Quelques bateaux sont d'ailleurs ancrés depuis plusieurs mois et tentent une vie de Robinson.
les chagosTout le monde ici a des milliers de milles dans les jarrets, ce qui fait que la conversation est assez agréable. Entre voyageurs, on a des choses a se raconter. Il n'empêche que des groupes se forment tout de même... par langue, évidemment. On a donc des camps sur les plages. Il y a le camp français, totalement improvisé. Il y a le camp allemand, organisé avec un four à pain. Et il y a le camp anglais, attention, sur Boddam, avec réunion à cinq heures tous les soirs pour l'apéro (ils ont quand même laissé la théière dans le tiroir).
Activité principale sur les bateaux : la belle vie. Et la pêche, parce que ça mord dur par ici. On est sensé ne pêcher qu'à la ligne, mais bon. Dans le lagon ou à l'extérieur, pour ceux dotés d'une annexe digne de ce nom,, on est en bonne compagnie, requins et tortues. Sur certains bateaux, il y a école pour les enfants. D'autres ramassent des cocos, en font des gateaux, du lait de coco, de l'alcool. Près du puit, c'est laverie. La vie s'organise. La plupart des bateaux reste au moins un mois. De temps en temps, on change de mouillage. Le soir, suivant la réussite de la pêche, on s'invite entre voisins pour un petit barbecue sur la plage. Pour boire un verre, tendre la main vers la noix de coco.
les chagosEt puis, en douce parce que c'est interdit par les British, tout le monde va à la chasse au crabe de cocotier, un vrai monstre de crabe avec des pinces énormes, il y a plein de délicieuse chair là dedans.

Sur l'île Fouquet et Takamaka, on trouve des sources, mais pas potables. Il faut aller à Boddam pour cela. Il y a deux puits sur cette île, et il y a aussi un yacht club, avec les murs peinturlurés des noms de tous les bateaux qui sont passés par là.
L'hurluberlu de gauche, c'est le webmaster de hisse-et-oh, faut le savoir.


les chagosEt enfin, il y a des ruines et un cimetière : les restes de la vie Iloise.
Car effectivement, les Chagos ont été habitées pendant deux siècles.Au temps de la colonie francaise, Messieurs Lapotaire, Cayeux, Didier et Majastre recurent les concessions pour exploiter les cocotiers de ces iles et ils importerent leurs esclaves directement du Mozambique et de Madagascar . On en faisait de l'huile pour l'éclairage public à Maurice. Une société française s'occupait de la production et il semble que cette petite société vivait prospère. Mais les anglais, propriétaires de ces îles depuis 1815 (avant, c'était une colonie française), en ont décidé autrement en 1958, en se proposant de louer les Chagos aux Américains afin de constituer une tête de pont militaire en océan Indien. Pour cela, il fallait débarrasser les îles de ses habitants.


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Il y avait alors aux Chagos une population de 2000 Ilois, répartis principalement à Boddam, l'Ile du coin et Diego Garcia. Au début, le transfert se fait hypocritement, mais doucement. Les Ilois en déplacement à Maurice apprennent qu'il n'y a plus de bateau pour retourner chez eux. Les Britanniques rachètent ensuite la compagnie d'exploitation de la coco, et la ferment dans la foulée. Plus de boulot, plus d'argent, et donc plus de raison pour qu'un bateau ravitailleur perde son temps ici. Les habitants sont vivement encouragés à déménager. Enfin, lorsqu'en 71 les premiers américains débarquent sur Diego Garcia, les militaires anglais chassent purement et simplement les derniers habitants. Les navigateurs de l'époque retrouveront des maisons ouvertes et vides, des ouvrages laissés en plan, comme si l'on était parti pour la journée.


les chagosAujourd'hui, Diego Garcia est une méga-base militaire américaine. L'accès en est bien entendu strictement interdit. L'un des rares navigateurs a y être entré (par magouille) dit avoir vu 17 navires de guerre dans le lagon de Diego Garcia. Il y a aussi une piste pour les avions.

Les anglais sont toujours là, en sus, et continuent à contrôler la population non militaire : à savoir les navigateurs. Une patrouille de rambos visite les mouillages une fois par semaine et en profite pour délester chaque voilier de 80US$ (ça a augmenté début 2000). Quand on leur pose la question du pourquoi, ils répondent toujours des choses différentes : c'est la clearance (un tampon Diego Garcia sur le passeport, c'est quand même chouette) ; c'est le prix de notre assistance médicale ; c'est parce qu'on vide les poubelles ; c'est parce qu'on peut amener du courrier ; etc. M'est avis que c'est pour payer la Budweiser, chef oui chef !

Il est vrai qu'ils vident les poubelles, mais ils cassent aussi automatiquement toute construction qui ressemble à un refuge. Les navigateurs sont invités à ne pas séjourner à terre. Les îles doivent rester officiellement "inhabitables", vous savez pourquoi ? Parce que les Ilois de Maurice sont en train d'intenter un procès aux British, histoire de retourner chez eux.

Evidemment, parmi les yachties, c'est un grand sujet de discussion. Tout le monde est d'accord pour dire que la déportation, ce n'est pas bien, mais beaucoup redoutent un retour des autochtones. Ce serait, d'après eux, l'assurance d'un développement touristique, avec hôtels et tout le tralala, et alors, adieu, le paradis !
Adieu pour qui, c'est la question.

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Si l'histoire des Chagos vous intéresse, il y a une association Suisse de défense des Ilois (Comite Suisse de Soutien aux Chagossiens) , qui a un site web : www.chagos.org

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