Croisière en Casamance


Une escale en mer africaine, pas si loin de nos côtes.

Retour de France. Nous passons deux mois à Dakar, dans la chaleur étouffante de l’hivernage, alternant les séances piscine au Marinas, et l’entretien du bateau. Le moteur est sorti et remis d’équerre par un diéséliste puis remonté. Tout est vérifié, tout fonctionne.

Dernier ravitaillement et début novembre, nous quittons Dakar pour descendre en Casamance. Les moustiques, à cette époque, se font plus rares. 128 milles à parcourir jusqu'à la bouée d’entrée, pratiquement tout au moteur, car le vent est plutôt light.

La nuit se passe à veiller, malgré le radar, car de nombreuses lumières de barques de pêche sillonnent l’océan jusqu'à l’embouchure de la Gambie. Au matin, l’entrée du chenal nous pose problème. Nous n’apercevons d’abord que deux bouées, et au-delà, des déferlantes. Nous faisons demi-tour, affalons la misaine, et enfin, voyons les autres balises émerger de la brume. La houle arrive de travers et nous surfons dangereusement sur des vagues de 3 mètres. Ce n’est pas la joie, ça déferle de tous les côtés.

Après avoir évité un banc de sable, nous arrivons enfin dans un endroit plus calme. Dans la baie, des dauphins nous dédaignent.

Nous passons devant Djogué, village de pêcheurs d’où nous parviennent les odeurs de poisson boucané, situé dans un cadre idyllique de cocotiers et de sable blanc. Nous longeons le village, le contournons et allons ancrer dans le bolon de Boulababène, où nous sommes seuls avec les grillons et de nombreux oiseaux. Nous reconnaissons les merles métalliques, les martinets, les calaos. Nous retrouvons ces lieux paisibles, tels le Guadiana ou le Saloum, lieux que nous adorons, loin des bruits de la ville et de la pollution, ces lieux propices à la méditation, au bien-être.

Deux jours plus tard, nous partons, repassant devant les dauphins de la baie, toujours aussi placides et nonchalants, stoppant pour déjeuner à Kachiouane, et continuant jusqu’Ehidj, petit village paisible et où les habitants sont très sympas. Nous y visitons les rizières, l’atelier d’artisanat. Quelques jours plus tard, nous naviguons dans les bolons, passons devant Elinkine et arrivons à Karabane. Quelques cases, mais surtout de grandes bâtisses, de style colonial, témoins du passé de l’île, laquelle, lorsqu’elle était sous l’emprise Portugaise, regroupait les esclaves en partance pour le « Nouveau Monde ».

Nous continuons jusqu'à Niomoune. Quelques bateaux au mouillage. Les gens du village sont très accueillants. La population est catholique et animiste. A Dakar, la principale ethnie était les Wolofs, avec le dialecte s’y afférant, ici nous sommes chez les Diolas, et le dialecte n’est plus le même. Les femmes parlent peu le français. Aucune mendicité, les enfants se cantonnent à nous tenir la main lorsque nous nous promenons.

Le riz est la culture principale, les légumes sont quasi inexistants. Des volailles, des chèvres, des vaches et des cochons pour les jours de fête, mais le poisson reste, avec le riz, la principale nourriture. Les Diolas font également du miel, du vin de palme, et du «sumsum», un alcool détonant qui attaque vite les neurones, et qu’on agrémente comme le rhum blanc, à 5,00 FF le litre…

L’eau du puits est potable et pour 1,00 FF symbolique, nous avons 80 litres d’eau. Puis nous montons sur Ziguinchor, afin de pouvoir faire le ravitaillement de frais, le plein de carburant, récupérer des bambous neufs pour la grand voile, faire la sortie du pays au commissariat. Nous allons également sur Internet prendre connaissance de la météo sur différents sites. Retour à Niomoune, après une halte à Elora, mouillage très calme, tellement calme que même le vent n’entre pas. Très peu d’eau, tant et si bien qu’à la renverse, la jonque ne tourne pas. Dernier pot au campement avec Hyacinthe et départ pour la Guyane. 2200 milles à parcourir. La météo annoncée est bonne. Profitons-en !

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