Colmater dans l'urgence


Les planchers flottent à notre retour dans "Ratafia" (heureusement amarré au port de Mali losinj en Croatie).

Toute la famille + la pompe électrique se mettent à pomper et écoper en vain: l'eau monte toujours.

Cela vient vraisemblablement, mais sans certitude, vu le niveau de l'eau, d'une zone située aux alentours du puisard.

Cela ne vient pas en tout cas de la zone presse-étoupe et arrière (encore hors de l'eau). Cela ne vient pas des chiottes ni du lavabo ni du sondeur où le niveau d'eau est moindre et où le courant se forme de l'arrière vers l'avant (je ferme quand même les vannes). Ca ne vient pas de l'outre, elle est vide. Ca ne semble pas venir de la prise d'eau du moteur (aucun courant autour), je ferme quand même la vanne. Ca ne vient pas du passe-coque de l'évier qui est encore complètement sec ce qui me donne l'opportunité, du coup, de balancer la flotte de la pompe à main dans le-dit évier,...Bref, incompréhensible et paniquant,....

Ma moitié fonce prévenir la capitainerie qui m'envoie un mécano dont l'analyse s'avère aussi infructueuse que la mienne.

Le brave homme complète l'équipe des videurs par seaux tandis que des secours tractent en catastrophe le bateau vers le chantier (à à peine 1 mille, heureusement) pour une sortie de l'eau express.

Lendemain matin : inspection généralisée par les mecs du chantiers de tous les orifices que les Dieux ont donnés à Ratafia : scepticisme généralisé.La seule solution leur semble de le remettre à l'eau dans 2 jours (on est vendredi) pour voir le début de la nouvelle innondation. Seul sur le chantier, je réfléchis posément jusquà ce qu'une solution EVIDENTE m'apparait : et si c'était tout simplement le tuyau au niveau de l'évier qui s'était barré ? 

ABZOLUMENT ! ( et pour cause, me souviendrai-je, j'avais fais la connerie, la veille, de vider l'eau des pâtes dans l'évier -> dilatation assurée).

Cette anecdote peut arriver à tout le monde et pas toujours dans les conditions telles que narrées par notre ami ratafia, peuvent s'ajouter le vent, la vague, le froid, les pannes de moteur et batterie, blessures....

Alors de quels moyens dispose t'on pour tenter de pallier à ce genre de mésaventure tout en sachant qu'il n'existe pas de solution miracle ? et c'est sans compter la panique qui obscurcit diagnostics et prises de décisions.

Le premier réflexe lorsque vous constatez une voie d’eau est de la goûter.

Si elle est douce, ce n’est pas grave, votre réservoir s’est vidé dans le bateau et vous pourrez prendre votre temps pour vider l’eau sans paniquer.

Si c’est de l’eau de mer, c’est déjà plus compliqué car il faut en déterminer l’endroit rapidement.

Les nouveaux voiliers avec des contre-moules ne facilitent pas toujours la recherche, parce que sans visibilité sur la coque elle-même et surtout l’eau a eu le temps d’inonder l’espace entre coque et contre-moule avant que vous puissiez vous apercevoir de la voie d’eau.

Il faut donc trouver des moyens puissants et rapides pour évacuer cette eau.

Fermer les vannes, lancer toutes les pompes du bord pour évacuer le maximum d’eau ( pompe de cale, pompe de douche, pompe moteur si vous avez la possibilité de prendre l’eau de refroidissement moteur dans le bateau lui même (vanne 3 voies), et bien entendu lancer votre moteur pour maintenir la batterie en charge. Si vous savez ou se trouve le manche de la pompe à la main, mettez un équipier sur le coup.

Localiser la voie d’eau et prévenir en VHF que vous avez une voie d’eau et qu’à défaut de ré-appel dans les 15 mn, il faudra diligenter les secours.

Vérifier chaque vanne, tuyaux et passe coque, boulon de quille, fissure sur puit de dérive, arbre moteur, jonction saildrive, presse-étoupe, mèche de safran, jonction quille coque, perte de l’arbre de safran ou d'hélice.  En fonction du type de voie d’eau vous pourrez utiliser classiquement les pinoches qu’elles soient en bois, plastiques coniques, souples, des chiffons bref tenter d’aveugler la voie d’eau par l’intérieur avec tout ce que vous avez sous la main. Vous pourrez aussi colmater par l’extérieur avec une voile ou tenter de boucher le trou avec un gilet de sauvetage que vous allez percuter.

Utiliser si cela est accessible de la pâte à colmater ou mousse dont la polymérisation fonctionne aussi sous l’eau. Il existe aussi un dispositif qui vous permettra de circonscrire la voie d’eau et qui consiste à plaquer un ballon souple sur le trou : on insère une pièce sur l’extérieur de la coque elle même fixée au ballon et le fait de gonfler le cette structure déformable va donc exercer une pression sur la coque pour obturer la voie d’eau le temps .

Si tout celà n’a pas suffit, ne quittez votre embarcation que lorsque le bateau coule véritablement car un voilier peut mettre beaucoup de temps à se remplir. Il n’est pas rare de retrouver flottants des voiliers que les occupants ont quittés plusieurs heures avant.

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