Avel à la semaine du golfe 2009 en voile-aviron


Comme j'avais eu l'occasion de l'écrire dans l'article traitant de la restauration de mon Bénéteau Flétan, cette « Semaine du Golfe 2009 » était un objectif rêvé, attendu, préparé depuis fort longtemps ! Dès que le site web des organisateurs fût ouvert, j'inscrivis AVEL dans la flottille N°2, celles des voile-aviron. Encore une longue attente, entre l'inscription et cette semaine de l'Ascension. Voici le récit de cette courte semaine de pur plaisir.

La flottille « Voile-aviron » est décrite comme : « Pour répondre à une nouvelle forme de " navigation de plaisir " une flottille de petits bateaux est apparue depuis quinze ans sur nos côtes : " les voiles aviron ". Familiaux, vite gréés, faciles à mettre à l'eau, ces canots permettent la décontractée, et la découverte de lieux peu fréquentés. Les familles des doris américains et européens, des faerings norvégiens et autres bateaux des Shetland, ou des misainiers bretons, ont été extrapolées par des architectes qui ont su s'en inspirer pour créer de nouveaux types tous aisément transportables : Seil, Aber, Aven, Ilur, Doryplume, Moorskoul... Doris, Canots au Tiers et tous les petits voiliers à fond plat de 3 à 5 m qui se déplacent aussi à l'aviron » source : http://www.semainedugolfe.asso.fr

Les congés sont posés, mon calendrier professionnel aménagé, les enfants «casés » dans la famille (avec un énorme merci à eux si ils lisent ces lignes) et nous préparons ces festivités avec un couple d'ami. Nos épouses feront du tourisme ... et nous naviguerons donc à deux ! Tout le monde y trouve son compte. Une chambre d'hôte (géniale) à Aradon et nous sommes fins prêts pour 3 jours de voile dans ce lieu mythique, avec ses îles, ses courants, ses marées, ses paysages tant de fois admirés mais jamais navigués en ce qui me concerne. Le planning ne sous permet que de voyager de la région toulousaine vers le golfe le mercredi, nous naviguerons donc jeudi, vendredi et le samedi de la « grande parade ». Retour prévu le dimanche. Le bateau est prêt, le matériel vérifié, les listes bouclées.

Mercredi :

Départ avec AVEL sur sa remorque vers 9h et arrivée à Vannes pour mise à l'eau et confirmation de l'inscription avant 18h. RAS sur la route, tout s'est bien passé. Petite appréhension en arrivant à Vannes ... comment allons-nous trouver la cale ? Est-ce qu'il y aura beaucoup de monde ? N'aurons-nous pas de galère pour la mise à l'eau ? Beaucoup de questions du néophyte que je suis... Mais tout se passe bien, la cale est trouvée. Nous ne sommes pas seuls, mais l'organisation est au top (et j'aurai l'occasion de le dire à nouveau dans cet article) et nous faisons la queue avec d'autres voile-aviron sur un grand parking, pour accéder à la large cale de la DDE qui permet la mise à l'eau simultanée de 4 bateaux en plein coeur de Vannes. Comme nous avançons par à-coups de quelques mètres, cela nous permet de préparer le bateau encore sur sa remorque, d'enlever toutes les sangles ... et même de mater alors que nous sommes à une vingtaine de mètres de l'eau ! Vive les petits voiliers !!! En même temps, un petit tour à la capitainerie pour nous signaler, récupérer notre sac avec le cagnard n° 2-015, le pavillon de la manifestation et plein de petites choses utiles et agréables (y compris des sacs poubelles pour respecter cet environnement magnifique).

AVEL est mis à l'eau en 2 minutes et le premier grand moment de ces trois journées fût d'aller se ranger au ponton, en plein coeur de la superbe ville de Vannes. Le port a été entièrement mis à notre disposition, nous les « petits », nous qui ne sommes faits que de quelques planches, nous qui ne brillons que par notre simplicité. Les uns exposent leurs superbes vernis, les autres présentent leurs bois blanchis, noircis, patinés par le sel, mais tous les marins ont du mal à cacher leurs sourires et s'affairent sur drisses, écoutes et taquets en tout genre. AVEL est à couple d'un autre petit voilier, dernière vérification que tout est là, coup d'oeil au programme et direction notre chambre d'hôte pour se poser un peu ...

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Un briefing est annoncé pour le soir, il nous présentera le programme du jeudi. On aura un nouveau briefing le jeudi matin à 6h ... et oui, la marée ne nous attendra pas et « ceux qui ne seront pas sortis du port à 7h15 devront prendre leurs bottes et ranger les voiles, car ils seront dans la vase ... » dixit notre coordinateur, Xavier.

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Jeudi :
Comme évoqué la veille, le départ est fixé à 6h afin de profiter de la marée descendante. Les bateaux étant au fond du port de Vannes, c'est un canal de plus d'un mile qui nous attend, avant de trouver les eaux « libres » du fond du Golfe du Morbihan. Comme il n'y a pas de vent, les avirons sont installés sur les dames de nage, et c'est un réveil musculaire des épaules qui accompagne les 250 canots de la flottille dans ce petit matin un peu gris.

Un rassemblement de la flottille est prévu après le pont de Kerviler. Le vent commençant à nous chatouiller, les avirons sont rangés et nous faisons des ronds dans l'eau en attendant les « lève-tards ».

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Deux gros zodiacs de l'organisation nous accompagnent en permanence, avec de nombreuses autres embarcations associant chacune un CRS et un bénévole qui veillent sur nous, prodiguant conseil, sourire ou information technique selon les besoins de chacun.

Une fois cette mise en jambe terminée, le programme qui nous attend est le suivant :

Parcours depuis Vannes vers Larmor Baden, en passant par l'Ouest de l'île aux Moines, et nous effectuerons notre escale de milieu de journée à cet endroit. Puis de Larmor Baden, nous repartirons vers Aradon, mais en faisant le tour de l'île aux Moines par l'Est. En tout, ce sont environ une vingtaine de miles qui nous attendent !

Le GO est donné pour voguer vers Larmor Baden, lachant la flottille impatiente. Qui plus est, une régate amicale est organisée, offrant aux plus accros des réglages la possibilité de s'amuser ... Moi qui ne suis absolument pas «branché » régate, ai été surpris par le plaisir pris à soigner l'assiette du canot, à peaufiner (autant que notre rustique AVEL le permette) un réglage de voile et à observer jaloux ou fier de nous, les positions relatives des uns et des autres !

Que dire d'AVEL qui n'avait jamais connu de « vraies » navigations en eaux salées depuis sa reconstruction ? Que dire de ce canot, pour lequel j'ai dessiné un plan de voilure, un plan de pont, calculé la hauteur du mat, la position de la dérive, poncé, enduit et peint chaque cm² ... Je ne suis pas impartial, alors je résume en quelques mots : que du grand bonheur !



En tentant d'être aussi objectif que possible, je vois que AVEL est lourd, plus lourd que la majorité des voile-aviron avec lesquels nous naviguons. AVEL pèse environ 400kg avec tout son matériel. AVEL est plus creux, plus ventru, moins affuté que la flotte des Seils et autres superbes embarcations, signées G. Montaubin ou François Vivier pour ne citer qu'eux. Du coup, par pétole ou tout petit souffle, nous sommes à la peine et sortons les avirons afin de suivre le rythme. En revanche, dès que le vent monte un peu, AVEL se révèle redoutable et remonte toute la flotte grâce à sa voilure généreuse (Grand Voile + foc + génois sur le bout dehors). Nous sommes bien au sec, bien installés sur les bancs du cockpit, sous le soleil arrivé dans la matinée et profitant de ce spectacle magique des 250 autres voiles colorées. Nous y sommes enfin ! Nous sommes là, au milieu des autres, faisant partie de cette communauté de voileux. Nous admirons tel ou tel canot, nous voyons des sourires naître sur les visages de ceux qui nous croisent, nous sommes dans la Semaine du Golfe et non pas spectateurs sur les berges ou sur les embarcations suiveuses !

Première escale à Larmor baden, en avance sur l'horaire car le vent nous a bien fait avancer. Premier ravissement devant le site, l'organisation, les tentes qui nous tendent les bras avec muscadet, huîtres, sandwichs et tout ce qu'il faut pour commenter cette première navigation ! Les canots se mettent à couple sur les corps-morts. Les zodiacs nous débarquent dans un ballet de gilets jaunes et de vestes bleues (les bénévoles portent une chasuble jaune fluo tandis que les CRS sont en uniforme bleu). Les équipages se mêlent aux vacanciers, aux promeneurs, aux badauds. Fred et moi cherchons les sandwichs salvateurs, la bière ou le cola qui nous permettent de revenir sur cette première demi-journée de rêve. Cette escale est assez longue (3 heures) afin d'attraper la marée qui nous portera vers Aradon en faisant le tour de l'île aux Moines.

Nous sommes tous impatients de regagner le bord de nos canots. Le ballet des zod's reprend, nous sommes déposés gentiment devant AVEL paisible sous le soleil. Voiles hissées et c'est reparti pour contourner l'île aux Moines. Nouvelle petite régate lançée par Xavier depuis le zod d'organisation, nouvelles sensations. Avec ce temps, on porte toute la voilure. Du coup, il y a de quoi s'occuper à nous deux, entre la barre que nous nous partageons et les écoutes de foc et génois. Comme AVEL est gréé en cotre houari, on regarde aussi l'impact du réglage sur la drisse de pic et sur la balancine, creusant plus ou moins la GV. Plus efficace à mon avis, l'assiette du bateau. Du fait de sa large carène ventrue, AVEL est bien plus véloce avec de la gîte. Donc on trouve nos places à bord (choix assez limité dans un cockpit de 2m), avec la petite gîte qui va bien, au milieu de nos acolytes aussi heureux que nous, semble-t-il.

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Un coup de fil à nos épouses pour savoir qu'elles sont en vadrouille sur l'île aux Moines et que les propriétaires de la chambre d'hôte leur ont prêté des vélos (geste gratuit et apprécié à sa juste valeur !). Comme le vent a donné des ailes à une partie de la flottille (dont nous faisons partie... plaisir très égocentrique !) les organisateurs nous proposent une petite halte sur la plage de l'île aux Moines en attendant les retardataires. Nous retrouvons donc nos femmes, aussi enchantées de leur journée que nous, pour une pause photo sur l'île. Environ 30 minutes plus tard, départ pour tous ceux qui s'étaient arrêtés en direction de Arradon. Hélas, le vente tombe et c'est une longue étape à l'aviron qui se dessine, avec l'aide d'un plaisancier qui nous permettra de terminer en remorque à une heure « normale » comme tous ceux qui s'étaient arrêtés comme nous. Arrivés à Aradon, on remet le canot au propre (facile sur un voile-aviron), on se fait débarquer comme à l'escale et direction la chambre d'hôte. Par le plus heureux des hasards, nous avions réservés avant de connaître le programme et nous sommes à quelques minutes seulement de la douche bienfaitrice.

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Les propriétaires de Maner Kozh semblent aussi heureux que nous et c'est autour d'une apéro improvisé que nous partageons récit de navigation pour les uns et ambiance de balade pour les autres. La soirée des équipages est prévue ce soir sur le port d'Aradon, encore une excellente idée des organisateurs, et nous rejoignons le port à pied. Musique, huîtres, boissons ... rien ne manque à cette soirée qui nous est dédiée.

Programme du lendemain vendredi : Départ vers 7h pour une pause à la mi-journée à la pointe de Kerpenhir (sortie du golfe) et remontée de la rivière d'Auray jusqu'au port du Bono qui nous accueillera le soir. Encore une charmante attention de nos hôtes de Maner Koz : ils nous proposent de nous amener d'un coup de voiture jusqu'au port.

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Vendredi :
Nous trouvons notre petit AVEL au RDV, à couple de ses voisins. Un coup de zodiac et nous voici à bord. Direction le Nord du golfe pour le picnic à Kerpenhir. Là encore, consigne est donnée de ne pas traîner afin d'avoir la marée avec nous ! Le vent n'est pas vraiment au rendez-vous mais la flottille s'élance, toutes voiles dehors. Nous jouons avec les courants, les contre-courants, tout cela parfaitement guidé par nos accompagnateurs. C'est très intéressant de franchir ces courants tant redoutés, en toute sécurité. Les passages sont spectaculaires, le bateau semble déraper sur de la glace, les sensations dans la barre sont étranges ... on pointe le nez du bateau à 45° ou 50° de la direction dans laquelle on souhaite aller ... juste pour se maintenir en bonne position dans le courant. Un peu de clapot, des grands ronds tout plat, des veines noires et vertes nous signalent qu'il se passe des choses dans cette eau qui rentre et sort de la petite mer au rythme des marées. Le large est en vue ! Depuis le départ, le paysage du golfe était toujours composé de berges et d'îles ... là, on voit un étroit passage, l'horizon plat et dégagé. C'est là qu'il faut aller.

Pas de grande navigation hauturière avec nos canots bas sur l'eau et ouverts, mais juste sortir du golfe, franchir la pointe de Kerpenhir sur laquelle on voit les tentes blanches érigées pour nous. On entend la musique, on voit les spectateurs. La point est franchie, on vire sur tribord pour aborder une belle plage blanche. Belle surprise pour les vacanciers allongés sur leurs serviettes, qui voient débouler 250 canots qui se posent les uns à coté des autres sur le sable ! La plage n'est pas assez large pour accueillir toute la flottille et nous cherchons un bateau pour nous mettre à couple. Découverte des us et coutumes en la matière, on cherche un canot de gabarit équivalent et de franc-bord similaire, pour se mettre à couple sans risque de petits dommages. Les pare-battages sont sortis, la dérive est relevée, le safran débloqué, les avirons à poste. Nous avons pris l'habitude d'affaler un peu à l'écart des voiliers déjà au mouillage, et de terminer approche et accostage avec les avirons. On constatera plus tard qu'il serait sympa que d'autres en fasse autant ... les arrivées toutes voiles dehors ne se terminent pas toujours sans heurts.

Nous voyons un super bateau à coque bleue, ligne moderne, construction CP epoxy. Nous demandons si nous pouvons nous mettre à couple, ce qui est accepté sans problème par l'équipage. Une fois tout rangé sur le canot, nous nous faisons débarquer comme d'habitude par un zodiac. Souhaitant entamer le dialogue avec l'équipage du beau canot bleu, je demande si il ne s'agit pas d'un plan Montaubin car je pense reconnaître le coup de crayon de l'architecte et les choix engagés de celui-ci en terme de mat autoporté et gréement cat-boat .. grand sourire de la personne en face de moi : il s'agit de Gilles Montaubin. Heureusement que je n'ai pas dit une énorme c.......ie ! On discute 5 minutes de voile bien entendu, puis dispersion sur la pointe de Kerpenhir à la recherche des huîtres, sandwichs et autres victuailles qui nous attendent sous les tentes.

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Grand moment de calme, assis sur un cailloux à la pointe, face à l'entrée du golfe à regarder passer les grands voiliers qui suivent leur programme. Musique bretonne en arrière plan, boisson régénératrice à la main ... la « semaine » est belle, conviviale, simple, accessible, comme on la rêvait ! On discute de bateaux, de navigation, de voile ! L'escale est assez longue, on a le temps de se balader, de regarder, de profiter et même de faire une mini-sieste sur la plage, sous le soleil du Morbihan.

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Agitation sur la plage, c'est le signal du départ. Retour dans le golfe, la rivière d'Auray et le port du Bono pour finir. Aucun soucis de navigation. Le vent n'est pas toujours assez soutenu, nous alternons aviron et voile ... ce qui est un peu la vocation de nos canots ! Nager, selon le terme consacré, ne me déplait pas. Le bateau avance bien, ce n'est pas bien difficile. Nous aimerions apprendre à godiller, cela viendra sans doute plus tard. Les berges défilent. Dès que l'on ne sent plus de résistance dans les avirons ... c'est que le bateau avance tout seul avec le vent, donc on range les avirons.

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Quand c'est trop mou, il n'y a plus qu'à s'installer sur le banc de nage et faire travailler ses épaules. On prend un peu de la balancine, pour avoir la bôme au dessus de la tête de celui qui rame. Mi voile, mi aviron, dans le superbe paysage des berges de la rivière, nous découvrons le port du Bono, après être passés sous le pont. Mouillage au milieu de la rivière, dans le sens du courant et zodiac-stop pour gagner le quai. Fin de la seconde journée, il est 17h, nous sommes sur l'eau depuis 7h le matin à part l'escale de Kerpenhir. Nos épouses nous rejoignent au port, elles ont passé la journée sur l'île d'Arz, à pied cette fois-ci. Retour à la chambre d'hôte, apéro avec nos propriétaires et préparation de la soirée resto.

Samedi :
Samedi, c'est le jour J, c'est D day, c'est LA Grande Parade ! Je n'ai vu que les photos de l'édition 2007, j'ai vu en boucle la vidéo de 2007 et ce cortège de 1000 voiliers traversant le golfe depuis Port Navalo en direction de Vannes. Il y a l'inconnu de se retrouver à l'extérieur, du coté des Méabans comme précisé par l'organisation, de bien suivre les consignes, d'être sorti du golfe avant midi à cause de la marée, de prendre le départ à 15h comme prévu, de ne pas aller trop vite etc ...

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Samedi matin, réveil sous le ciel gris, pas un souffle de vent ! Le départ n'est pas prévu trop tôt, on rejoint Le Bono depuis Aradon. Arrivés sur le canot, les premières gouttes commencent à tomber. Pour la première fois, on sort des sacs étanches cirés et salopettes. Les bottes sont de sortie aussi, car depuis 2 jours nous étions plutôt en bermuda et contraints de nous enduire de crème solaire !

Le temps est breton, frais, humide. Toujours pas de vent et les avirons sont de sortie pour redescendre la rivière d'Auray. Direction Port Navalo pour l'escale de midi. Au fur et à mesure que nous nous éloignons du Bono, le vent monte, la pluie aussi. Ce sont de belles averses qui nous permettent de tester l'étanchéité des vêtements. Sur un voile-aviron de 4,5m, il ne faut pas chercher un abri autre que sa capuche et son ciré ! Le vent est irrégulier, en petites claques, il monte doucement. Dès le débouché dans le golfe lui-même, cela devient plus humide encore. On affale le génois qui était sur son bout-dehors. La navigation est géniale dans ces conditions de vent d'une quinzaine de noeuds, parfois un peu plus. Tout le monde avance bien et Port Navalo arrive très vite dans notre champ de vision. La pluie redouble et la pause nous fera du bien. A l'arrivée vers les bateaux mouillés, on s'arrête brusquement ! Regard vers le bas ... on voit le fond ! On le voit très bien même ! Malgré la dérive pivotante, le bateau est planté. J'ai beau tirer sur le bout de relevage, rien ne bouge. Un zodiac prend notre aussière, et 30 secondes après nous sommes sortis de la vase. Les voiles sont affalées, le bateau mis à couple d'un voisin et on débarque, trempés comme des centaines de compagnons de navigation. Les restaurants sont pris d'assaut, la tente des organisateurs ressemble à une ruche, il pleut à verse ! Dégustation d'une barquette de frites assaisonnée à l'eau de pluie, tout en regardant incrédule la grosse navette motorisée qui à talonné sur les rochers et qui vient d'accoster avec une voie d'eau. Les pompiers arrivent, une pompe permet de faire face et un plongeur se met à l'eau pour une inspection sous-marine.

Fred a pu réserver deux couverts dans un resto. La rumeur dit que les voile-aviron vont rester sur Port Navalo et ne sortiront pas hors du golfe vue la météo et les conditions qui ne s'améliorent pas ! Depuis le restaurant, on voit la pluie redoubler de vigueur en se demandant comment va se passer l'après-midi. Petit spectacle dans le restaurant bondé de touristes : voir les participants débarquer en bottes, salopettes, cirés trempés et tenter de mettre dans une tenue à peu près normale pour déjeuner sans inonder ses voisins !

Au moment du dessert, on perçoit une agitation par la fenêtre. La pluie s'est calmée, les voiliers bougent dans le port. Addition, re-habillage (mais dehors cette fois) et on fonce au canot. Il semble que la parade ait commencé, même si il n'est pas 15h loin de là. Peu importe, on va sur l'eau ! En réalité, les infos que l'on a des CRS sont que l'ordre prévu de la Grande Parade ne sera pas respecté (toujours cette météo capricieuse et le vent dans le nez pour aller vers le fond du golfe ...) et que les « petits » donc les voile-avirons vont démarrer en premier et rester en tête de la flotte. On fait des ronds dans l'eau. Le spectacle est bien là quand même ! Vedettes à moteur, voiliers modernes, hélicos, zodiacs ... tout ce qui flotte (et qui vole) semble s'être donné rendez-vous. Comme il y a du vent et qu'il ne pleut plus, on se promène en tirant des bords puis en se laissant revenir vers Port Navalo au portant. Rapidement le génois est envoyé à nouveau.

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Un grand nombre de canots rase les cailloux sur lesquels des milliers de spectateurs sont assis ... pourquoi ne pas y aller ? Alors on rejoint ce groupe d'une centaine de canots de notre flottille. Navigation bord à bord (heureusement, avec vent très faible ...) où il n'y a pas 1m, loin de là, entre chaque embarcation. Comme nous sommes tous au portant, les voiles sont débordées et les longues bômes surplombent parfois les bateaux voisins ... gare aux haubans ! Comme nous sommes assez nombreux à avoir des bout dehors, c'est dans une forêt de bouts de bois que nous avançons, mais dans une bonne humeur permanente. Pas un mot plus haut que l'autre. Une douce mélodie de flûte celtique s'échappe d'un canot voisin, on corrige le cap du bout des doigts, on rase les cailloux à quelques mètres pour notre plus grand bonheur. Dire que cette navigation dans un petit souffle est de tout repos serait faux. J'ai trop la trouille d'abimer un bateau voisin. Quand on se demande comment faire pour virer ... la réponse vient assez vite : c'est impossible de le décider tout seul ! Nous vireront quand ceux de devant l'auront décidé. Heureusement, le vent monte un peu. Dans ces conditions et avec les 3 voiles, AVEL avance plus vite que la flottille et nous arrivons à nous rapprocher de l'intérieur du cortège, pour finalement pouvoir virer de bord et quitter nos compagnons. De plus, en s'éloignant de la côte, le vent est plus présent. On profite de celui-ci pour traverser de belles veines de courant, dans un clapot qui nous arrose allègrement quand on vient percuter la vague. AVEL est lourd ... il franchit en force, à peine ralenti quand son étrave découpe la crête de la vague. Le bout dehors plonge une ou deux fois sous l'eau. Comme le canot n'est pas ponté, nous avons les pieds dans quelques centimètres d'eau. Rien de grave. Quelques coups d'écope plus tard, on en redemande. La « grande » flottille s'étire derrière nous. La Recouvrance est là, étalant majestueusement sa quarantaine de mètres dans le courant. C'est trop fort, et nous avons envie d'aller la voir de plus près. On se laisse porter vers elle. Au moment de passer à sa hauteur, la question qui nous taraude : est-ce que les 4,5m de hauteur de notre mat passeraient sous son bout dehors ? Sans doute que oui, tellement on se sent petit à ses cotés ! On fait le tour de la Recouvrance, on cherche à identifier les Olonnois, les Méabans ou Ebihens, les Cormorans, on fait route avec un Cornish Crabber ... et son petit frère le Shrimper est juste derrière. Petite frustration personnelle de n'avoir pas vu, ni pu naviguer à coté de Joshua pourtant présent. Mais dans ce cas, on trouve le golfe trop grand ! Mais où est-il ? Je suis certain de pouvoir le reconnaître au premier coup d'oeil ... et pourtant, pas de Joshua en vue. Idem pour Kurun et pour tant d'autres. La Grande Parade est plutôt derrière nous, dommage !

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Malheureusement, de bord en bord, l'heure tourne. Aradon n'est plus loin. Nous avions décidé de ne pas aller jusqu'à Port Anna comme prévu au programme, car voiture et remorque sont à Aradon. On appréhende un peu la cohue pour sortir les voiliers de l'eau. Arrivée à Aradon, il y a des places au ponton. On accoste. Fred file chercher voiture et remorque, j'en profite pour ranger. C'est fini ! Les voiles sont affalées, pliées, rangées. Trois coups d'aviron plus tard, AVEL est face à la remorque. En quelques minutes on sort de l'eau. Ca devient la cohue et je me félicite d'avoir un peu anticipé et donc abrégé la dernière heure de navigation. On démate derrière le petit parking des dériveurs, puis direction notre havre de Maner Kozh. AVEL est rinçé à l'eau douce, le rangement peaufiné. On en profite pour se mettre en configuration « route » en ressortant toutes les sangles. Dernière soirée dans le Morbihan. Nous allons déambuler dans le port de Vannes qui accueille dans son écrin de lumières les beaux voiliers pour cette dernière soirée. Nous avons eu droit à la soirée de mercredi, ce sont les prestigieuses embarcations qui sont à l'honneur ce soir. C'est la démonstration que l'esprit « semaine du golfe » c'est de porter autant de considération aux petits qu'aux grands voiliers. Les éclairages jouent avec les voiles qui sont hissées au plus haut, les quais sont emplis d'une foule compacte. On parcours à nouveau l'endroit ou AVEL était amarré trois jours auparavant.
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J'ai fait une provision d'images, de sensations, d'idées pour les deux ans qui viennent ! Tant mieux, dans deux ans, on revient, c'est certain ! Demain départ aux aurores pour le retour routier dans le Sud Ouest. Nos hôtes nous réservent d'office une chambre pour ... dans deux ans. La vie est belle dans le Morbihan. La fête fut extraordinaire. Nous n'arrivons pas à parler d'autre chose, je suis simplement tombé sous le charme de cette semaine du golfe, de ce site, des organisateurs, des bénévoles, des professionnels, de tout ce qui fait cette réussite.

Alors, rendez-vous dans deux ans.

Hervé Foch

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