La décision est prise, cette année nous retournerons en Europe avec « Tiku-Moyé ». La préparation pour un tel parcours est longue et fastidieuse. On a changé le moteur, changé une partie de l’électronique, révisé les voiles, un nouveau génois, bref environ deux mois sur le chantier à bichonner et à fondre littéralement, dans une chaleur dépassant les 30 degrés et un taux d’humidité affichant 90% à 100%. On s’inscrit ou pas pour faire ce long parcours, en convoi ? Le choix existe, trois associations organisent le passage vers la Mer Rouge. On décide sur le moment de ne rien faire. Direction Phuket puis les Maldives en solo………On verra bien par la suite. La traversée sur les Maldives se passe plutôt bien, à part un terrible coup de vent et un orage comme nous n’en avions jamais vu et pour tout arranger sur le coup de minuit. Nous étions sur la ligne des cargos, à la cap, les feux de pont allumés, à quoi pouvaient-t-ils bien servir, on ne voyait pas à plus de 15 mètres. Bref on comptait sur la vigilance des capitaines des portes-containers et autres mastodontes. On réussit quant même à dormir quelques heures et à nouveau reprenons la route en direction du Sri-Lanka dans une mer plutôt agitée avec des vents variant entre 25 et 30 nœuds et des creux de plus de 3 mètres. A un moment nous apercevons un bateau de pêche à demi-submergé avec des filets qui s’accrochent à la coque, nous nous approchons, façon de parler, pour éventuellement porter secours. Personne, le bateau a probablement subit le même coup de chien de la nuit dernière. Que sont devenus les pécheurs de ce bateau fantôme ? On sent une onde de froid parcourir nos échines. Dans cette ambiance morose, nous continuons notre progression et au petit matin du 26 janvier 2011 nous croisons au large du Sri-Lanka , 4 jours plus tard nous voilà ancré dans la superbe baie de l’île d’Ulligan. C’est un parterre de coraux tous plus beaux les uns que les autres, quel dommage de devoir mettre l’ancre au milieu de ce merveilleux jardin, le mouillage n’offre pas d’autres possibilités. Des poissons par milliers, nous avons l’impression de faire partie d’un décor d’aquarium. Un village entièrement Musulman avec sa mosquée qui ponctue les appels à la prière 5 fois par jour. Des villageois très sympathiques et quelques petites échoppes où nous trouvons un choix très restreint de légumes et de fruits. Choux, patates, bananes, noix de coco et chose étrange, des yaourts « longue durée », excellents. Mais le plus important, il s’agit de faire le plein de diesel. A coup de jerrycans livrés par des jeunes du village, nous embarquons plus de 200 litres de carburant pour la prochaine étape. Maldives- Mukalla au Yémen. Un moment de détente organisation du convoi Nous organisons un convoi depuis les Maldives – jusqu’au passage en mer Rouge. Nous sommes 9 bateaux à vouloir tenter une traversée directe – Les Maldives – Le Yémen – la Mer Rouge. D’autres abandonnent devant le nombre d’attaques de pirates, (non relatés par la presse) et retourneront en temps voulu en Malaisie, d’autres se dirigeront en direction de la côte Indienne puis rejoindront un convoi qui partira de Salala (Oman) : Un bon mois de navigation en plus, non merci. Surtout que les taxes (portuaires, immigration, permis de navigation) à Oman, frisent des sommets. Un convoi ne s’improvise pas. C’est une organisation qui demande beaucoup de travail et chaque détail est important. En la personne d’un Canadien et de son épouse, sur un catamaran, nous avons l’organisateur que nous recherchons. Les réunions se succèdent aux réunions et tout se met en place. Un convoi s’articule de la manière suivante. Un bateau de pointe, un sur bâbord, un sur tribord et derrière et entre ces deux bateaux un troisième qui règle la distance avec les suivants et le schéma reprend pour les autres participants. Toutes les informations de lieux, de caps, de fréquences radios et VHF sont codifiées et chaque jour ces fréquences changent selon un tableau en possession de chaque participant. Les infos sont données régulièrement, météo, problème de moteur pour un tel, demande d’une pièce de rechange pour un autre etc. La position du convoi est signalée aux autorités militaires, 2 fois par jour, par mail ou par tél. satellite. La navigation de nuit se fait sans lumière sauf une petite veilleuse et une surveillance radar exercée par trois bateaux participants. Un sacré boulot qui demande beaucoup d’attention. Merci à ces trois participants, malgré les rappels à l’ordre qu’ils m’ont quelquefois adressés. Trop près du no 2, trop loin du bateau de tête, plus vite, moins vite. On roule le génois, on met le moteur, on arrête le moteur. On ne s’ennuie pas. Dans une mer démontée, tenir sa place est une gageure. Il m’est arrivé de ne pas dormir une minute et ce pendant 48 heures d’affilées, suite à une panne de pilote et une barre difficile à tenir. Océan Indien avant et après Il est plutôt rassurant d’apercevoir un bateau militaire durant la nuit, ou de jour se faire survoler par des avions de reconnaissance. Les infos sur les lieux d’actes de piraterie sont quelques fois rassurantes et quelques fois un peu alarmantes. Nous apprendrons, entre autre, l’attaque d’un bateau Américain et l’assassinat de ses quatre occupants. Les jours suivants, la capture d’un bateau Danois, avec 6 personnes à bord. Le voilier a été abandonné et ses occupants emmenés en Somalie. Avec des jours venteux (très venteux) des jours de calme, on ne s’ennuie pas. Nous arrivons au Yémen un matin très tôt. C’est sous escorte militaire que l’on nous assigne une place au port. Car au Yémen ça bouge aussi et les manifs se multiplient contre le pouvoir. Bateau leader ANIMA à Mukalla au Yemen Nous déléguons toutes les formalités à accomplir à un agent. Super bonhomme, qui nous fera fournir le carburant nécessaire, qui organisera nos déplacements en ville de Mukalla et notre avitaillement. Mukalla : on est dans un autre monde. Des femmes entièrement voilées, y compris mains et pieds cachés à la vue de tous, qui ne peuvent pas prendre un bus réservé aux hommes et qui s’organisent entre elles. On vit dans l’intemporelle. Des rues poussiéreuses, une circulation impossible mais un hyper marché où l’on trouve de tout à des prix qui ne sont pas à la portée de tout le monde. Du fromage en réclame (la Vache qui rit), nous aussi on se marre. De la viande, du poisson, fruits et légumes de toute première qualité. Bref l’approvisionnement nous coûte quelques dollars non négligeables. Visite à un internet. Vite, vite, on n’a plus de nouvelles de la famille et amis, depuis notre départ de la Thaïlande. Beaucoup de messages mais pas le temps d’y répondre. Nous reviendrons demain. Le lendemain même topo, mais là ça rigole moins et les manifestations deviennent importantes. La police ou l’armée tire à balles pour disperser les manifestants. Nous, on remballe et l’on rentre bien sagement au port sans avoir eu le temps de retourner à l’internet-café. Là dessus, les autorités portuaires nous interdiront toutes sorties. Ça devient chaud. Le jour suivant, nous quittons le Yémen, dommage il aurait été intéressant de visiter le pays. Notre convoi se dirige dans un premier temps en direction de la ligne des cargos. Nous suivrons en parallèle cette ligne pendant quelques centaines de Miles. Un soir notre convoi se trouve pris au piège par d’immenses filets de pêche, on allume tous les feux de navigation et pendant quelques heures nous gambergeons, puis la sortie du piège trouvée, le convoi réorganisé, nous fonçons à plus de 6 nœuds au passage de Bab el Manded qui nous amènera en Mer Rouge. Le passage est réputé pour l’accélération qu’il procure aux bateaux l’empruntant, un effet bouchon de champagne qu’on nous a prédit. Tu parles d’un champagne, tout au plus un mauvais « spumente ». De l’autre côté la Mer Rouge. Nous en faisons connaissance. Un vent se lève brutalement et les vagues commencent à déferler. Au barreur les douches glacées. La première que l’on prend, on fait la gueule, les suivantes, ce n’est plus qu’une habitude. Les vagues arrivent par arrière trois quarts. Le pilote refuse tout service. Accroche-toi Jean-Yaude. La mer est superbe, le cockpit se rempli en partie et se vide à la cadence des vagues qui le rempli. Sur la carte un port en Erythrée à 25 Miles. Pas le choix, c’est le plus proche refuge. Avec des pointes à plus de 10 nœuds, nous atteignons rapidement le port d’Assab, entre temps les vents se sont calmés un peu. Entrons dans le port d’Assab lorsque le jour commence à tomber. Crevés, on l’est et Morphée nous prend très rapidement dans ses bras. Le lendemain nous nous présentons aux autorités portuaires. Douane, immigration. Alors là, nous faisons la connaissance du plus tatillon des douaniers jamais rencontré. Il épluche nos passeports avec un air d’en avoir jamais vu. Sur son bureau se trouve un rétroviseur de moto. Il repose nos passeports, prend en mains le rétro, se regarde, se cherche quelques boutons, repose le rétro, reprend nos passeports. Pendant ce temps, je fantasme, lui envoyer son rétro à travers sa gueule…………. A cette pensée apaisante, je souris, le douanier me regarde, un ange passe. Il ne saura jamais le pourquoi de mon sourire. Bon fini la rigolade, le fonctionnaire au rétro nous demande de présenter nos bateaux à quai, pour la fouille de ces derniers. Non il n’en est pas question nous ne transigerons pas. Les quais sont en béton brut de brut avec de la ferraille apparente, en plus un vent violent aurait collé les voiliers contre le quai et il aurait été impossible d’en repartir. Le préposé au rétro, reprend ce dernier. repose le rétro. Sa réponse : Veuillez présenter les bateaux à quai. Réponse, non et on s’en va immédiatement…… L’épreuve de force commence, le cerveau du douanier fonctionne à plein régime, la preuve il a repris le rétro en mains. Bon, on va le tirer d’embarras. Proposition : on vous amène en zodiac et vous inspecterez les bateaux à l’ancre. Là le douanier doit se dire qu’il y a une porte de sortie. OK, un de ses collègues viendra vers midi et nous le prendrons au quai. Là commence la séquence du petit baigneur. Le vent soulève un important clapot et notre douanier remplaçant, se prend des paquets de flotte et c’est un peu humide qu’il se pointe sur le 1er bateau. Il se propose d’attacher l’annexe, notre copain acquiesce, malheur il n’aurait pas du. Un nœud mal fait et l’annexe se détache dans la direction du quai où nous attendons. On aurait bien dit ce que nous pensons à cet hurluberlu, mais on se la coince, on est plutôt du coté des demandeurs. L’annexe récupérée, le douanier idem, les papiers expédiés nous sommes libres et quittons, munis de laissés-passés, l’enceinte du port. Ce port a été l’enjeu d’une guerre terrible entre l’Ethiopie et l’Erythrée. Construit par les Italiens, florissant par le passé, il n’est aujourd’hui qu’un port à l’abandon, qui ne reçoit la visite que de quelques rares cargos. Il est placé sous la surveillance de soldats mal équipés, munis de kalachnikovs récupérées on ne sait où. La ville ou ce qu’il en reste, n’est en partie que ruines et maisons abandonnées. Nous parcourons ses ruelles. Partout nous ne rencontrons que sourires et gentillesse. Des femmes d’une beauté rare, telles des reines de Saba, dans des habits aux couleurs superbes. Pourtant ce peuple souffre. Pas de travail, chacun se débrouille. Tout est rationné, pain, viande, farine, sucre. Difficile pour nous de trouver du pain et ce n’est qu’en nous adressant à un hôtel de bonne catégorie que nous obtiendrons, sous le manteau, le pain que nous recherchions. Les petits « bistrots«  servent une bière excellente et on se laisse tenter par un plat érythréen ; du mouton, de la chèvre ? On ne le saura jamais, mais ce fût excellent. Pour les toilettes c’est au fond du jardin, une cabane en tôle et un grand trou. Au revoir les amis et un grand merci pour toute votre gentillesse. L’étape suivante nous conduira à la capitale de l’Erythrée Massawa. Une arrivée qui doit s’annoncer par radio. C’est fait. Ordre nous est donné d’accoster au quai des cargos. On tire une tronche pas possible mais pas moyen d’y échapper. Là, on va se faire secouer pendant 2 nuits à 15 US$ la nuit, sans qu’aucune facilité ne nous soit offerte. Pas d’eau, pas de douche. Cher payé…… Les formalités expédiées, départ en ville. Nous retrouverons les petits bistrots et des changeurs de monnaie au black. Le change est 3 fois plus intéressant qu’au change officiel. Cherchez l’erreur !!!!! Le lendemain nous visiterons la ville, même constat qu’à Assab, maisons criblées de balles, éventrées, quel dommage. Certaines maisons ont été construites dans le plus pur style vénitien. Les 2 plus beaux bâtiments, celui du siège central de la Banque di Roma, mitraillés de balles est détruit en partie ainsi que la résidence d’été de feu l’Empereur d’Ethiopie. Les ruelles ressemblent à celles que nous pourrions parcourir en Italie, étroites avec du linge séchant entre les immeubles. Toujours le sourire, toujours la gentillesse des Erythréens qui dans un anglais, parfois laborieux, nous demande d’où nous venons et où nous allons. Le marché principal se trouve à quelques kilomètres du centre ville. Nous découvrons un marché fabuleux tant il nous surprend. Petits stands offrant pain, légumes, fruits, viande, œufs et cigarettes à la pièce etc. Tout se vend sur ce marché. Vieilles chaussures, postes de radio, cordes tressées, pneus usés à la corde, boîtes de conserves récupérées, un inventaire à la Prévert. O n nous indique près du marché, un internet. Plus rien ne fonctionne à l’international. Les autorités on fait bloquer le système, craignant probablement des manifestations comparables à celles du Yémen. Avec un président pro chinois et pro nord coréen, l’ouverture n’est certainement pas pour demain. Départ prévu le lendemain de bonne heure. Paperasse à nouveau, plus une visite à bord d’un fonctionnaire qui s’assurera qu’il n’y a pas de passager clandestin à bord. Tout le monde veut quitter ce pays. Nous avions envisagé une grande étape mais devant une météo mauvaise et à deux bateaux nous décidons de nous mettre à l’abri derrière une petite île. Nous y resterons 6 jours. Ce n’est que le dernier jour que nous pourrons parcourir cette île, habitée que par des oiseaux et des crabes. Vendredi n’y était pas. La plupart de ces îles sont interdites à un débarquement, because les nombreuses mines ou bombes non éclatées. Aux alentours de l’une d’elles, notre éco sondeur indiquait 2,5o m. de profondeur, plus loin, 10 m. alors qu’il y avait plus de 150m. De la ferraille jetée à la mer ou de la munition, affectait notre indicateur. Nous étions au courant de cette anomalie par les infos contenues dans notre guide nautique. Après deux nuits de navigation avec en prime, au deuxième jour et à la tombée de la nuit, un orage pas possible éclate. C’est dans une mer complètement démontée et à sec de toile que nous vivrons ces moments inoubliables. Des éclairs zébraient la nuit, accompagnés de la foudre qui tombait aux alentours dans un tintamarre d’enfer. On finira par arriver, sous génois seul, au Soudan, à Suakin plus précisément. Âne porteur d’eau reste d’une superbe maison en ruine Que du bonheur, un mouillage super bien protégé, une tenue d’ancre parfaite et une réception marquée par l’arrivée à bord de Mohamed. Super mec, tout de blanc vêtu, un sourire énorme. Bonjour Mohamed, on a beaucoup entendu parler de vous. Ça fait 12 ans que Mohamed est connu des navigateurs qui ont passé à Suakin. Il monte à bord, nous demande nos passeports en vue de nous fournir un laissé- passé et établit une liste de ce que nous avons besoin. Diesel, monnaie locale, bouteille de gaz à remplir, linge à laver etc. C’est l’homme providence, en cinq minutes les formalités sont expédiées et en partance, il nous demande si nous avons, quelques fusées de détresse périmées à lui donner, de la bière ferait également l’affaire. Chose faite, il s’en va sur un autre voilier. Ce soir il y aura fête chez Mohamed, à part un feu d’artifice, il y aura aussi quelques bouteilles à partager avec des amis, tous bons musulmans. Le lendemain, munis de nos laissés-passés, visite des lieux. Un village aux maisons brinquebalantes, ou d’abris faits de taules récupérées, des rues poussiéreuses et un marché. QUEL MARCHE ! Pour les fruits et légumes c’est OK, pour la viande, c’est servi avec les mouches, pour le poisson idem, sauf que sur les étales les chats se promènent et se régalent des déchets qui leur sont servis à satiété. Les habitants sont souriants, les enfants adorables et les chèvres plus nombreuses que les habitants se promènent, libres de toutes entraves. Les fallafels nous régalent, ne soyons pas trop exigeants quant à l’hygiène. Nous passerons une semaine dans l’attente d’une bonne fenêtre météo. Entretemps nous ferons un saut à Port Soudan, en quête de provisions et d’un internet. Ça grouille, une circulation à mettre à genoux un flic Genevois. Anes, voitures, motos se faufilent tant bien que mal. Des échoppes où l’on trouve de tout, y compris des yaourts. Des habitants aimables, qui nous souhaitent la bienvenue. Hélas, la route est longue. Départ pour d’autres rives, avec quelques mouillages de rêves ou limites avant notre arrivée en Egypte, à port Galib. Encore une navigation difficile, contre un vent de NW et une mer agitée. Nous mettrons 48 heures de navigation pour atteindre Port Galib. Nos amis canadiens nous suivront avec 2 jours de retard. Port Galib, c’est un peu le Saint-Tropez de l’Egypte. C’est propre en ordre et les autorités portuaires à la hauteur. Les prix sont également à la hauteur, c’est aussi le départ pour les bateaux offrant des séjours de plongée ou à la journée. A RECOMMANDE POUR LA PLONGEE. Les hôtels sont vides, les clients ne sont pas là et les boutiquiers font la gueule. Pour éviter le pire, sur 3 hôtels, 2 sont fermés. Toute la clientèle à été rassemblée dans un seul. Nous ferons également la découverte de la mentalité très particulière de certains Egyptiens. Prochaine étape, Hurghada, la plus populaire des stations balnéaires de l’Egypte. Une ville complètement chamboulée, des rues éventrées, une poussière énorme, une circulation qui rappelle celle de nos grandes métropoles. Beaucoup de constructions abandonnées, des immeubles entiers à la recherchent d’un propriétaire. La ville a voulu se faire plus grosse que le bœuf. Les touristes ne sont pas venus et les hôteliers, marchands de toutes sortes et autres espèces se plaignent tous. Par contre la Marina où nous sommes arrivés, a fait le plein. Il faut dire qu’elle est superbe et son personnel à la hauteur de toutes nos attentes. La marina est entourée de nombreux restaurants offrant une restauration pour tous les goûts à des prix tout à fait honnêtes mais là aussi les touristes ne sont pas à l’appel. Passé les barrières de la marina, c’est le folklore. C’est vraiment sale, des rues non asphaltées, des monceaux de détritus partout. Mais cela nous offre un complet dépaysement. Comme nous n’avons plus rien à glander et que nous avons dessalé le bateau, fait le plein de carburant et que les soutes sont pleines, nous décidons une excursion à Louxor. Vallée des Rois, tombeau de la reine Hatshipsout Temple de Karnac Une agence nous concocte un intéressant programme et nous voilà embarqués avec 2 autres couples, un matin aux aurores, pour Louxor. Nous avons notre chauffeur, la voiture est très confortable et en avant pour 3 heures de route. Petite halte à mi-parcours où le café se vend à prix d’or, en plus il est infect. Pour les pissoirs, passer la monnaie, on n’a pas le choix………. La route est intéressante, des montagnes jalonnent le parcours et le désert est partout. A notre arrivée à Louxor, notre guide local est présent. Un jeune très sympathique qui nous accompagnera durant 2 jours à la découverte de fabuleux sites. Les tombes des prestigieux pharaons, celle de Ramsès II est la plus impressionnante, tant par ses dimensions que par les décorations qui l’ornent. La vallée des Rois, un décor grandiose. Plus bas le temple de la Reine Hatshipsout, une merveille d’architecture. Nous retournons en ville et prenons possession de nos chambres. Tout est impeccable et confortable. Après un repos de quelques instants, départ en ville pour une promenade à pieds à la découverte de ses ruelles et de ses très jolies calèches tirées par de petits chevaux arabes Là aussi les cochers font la gueule, pas de client, ils bradent le prix de leurs services, au moins le cheval aura quelque chose à se mettre sous la dent. C’est vrai, quelques cochers ont dû se débarrasser de leurs chevaux faute de pouvoir les nourrir. La révolution n’a pas fait que des heureux. Reprenons le fil, Louxor, ses temples, ses palais, que de beautés et nous irons ainsi de découvertes en découvertes. Nous finirons notre séjour par une promenade en felouk sur le Nil. Avons embarqué de quoi nous restaurer ainsi que quelques bières que j’avais dénichées à un prix tout à fait convenable, grâce au cousin du cousin qui connaît etc…. Je me suis fait rouler, j’ai payé le double du prix. Tout est à l’avenant, il faut se méfier du moindre camelot qui connait machin, qui connait truc muche. Retour au bercail, la marina. Nous nous activons au départ prévu le lendemain. L’enfer ou le paradis, cela dépend des jours, la mer Rouge pas facile facile. Le bateau souffre et ses occupants autant si ce n’est plus. Après quelques mouillages et des navigations parfois très tranquilles (rarement) nous nous trouvons au pied de la montagne où Moïse aurait frappé le rocher (deux fois plutôt qu’une) pour y faire jaillir une source, (d’eau et non de Beaujolais) qui aujourd’hui encore, coule à grand débit et qui n’est pas exploitée, dommage je me verrais bien mettre en bouteille de l’eau «Moïse ». Le canal de Suez est en vue et nous l’empruntons pour nous retrouver au Yacht Club de Suez. Passage obligé de tous les voiliers voulant rejoindre la Med. Les formalités prennent un certain temps. Papiers à remplir, mesures du bateau, avitaillement, diesel   et attente de notre pilote pour la découverte de ce mythique canal. Toutes les formalités expédiées, notre pilote monte à bord. Tout de suite il prend la barre, nous avons devant nous 6 heures de route jusqu’à Ismalia, étape obligée. Le pilote nous quittera sans oublier de nous demander encore un petit cadeau en plus des 20 US$ déjà reçu. Nous lui paierons le taxi. Ce pilote a été convenable, d’autres sont vraiment impossibles. Le canal en plein désert, offre quelques fois de jolis paysages, mais au bout de quelques heures on s’en lasse. Notre plus grand passetemps a été de chasser les mouches qui avaient envahi le cockpit. Le yacht club d’Ismalia est assez confortable et la cité proche. Pour sortir du club, il faut passer par la douane et l’immigration. Depuis la révolution, on a affaire à pas mal de barjots. On examine nos passeports avec soin, bref c’est la gabegie, l’armée est partout présente mais ses soldats sont plutôt sympathiques, il faut dire qu’ils s’enquiquinent à surveiller une banque, une église ou tout monument présentant un intérêt à être plastiqué. Je pense que tout cela n’est pas terminé et l’automne sera probablement chaud pour les Egyptiens. Yacht club d’Ismalia au milieu du canal de Suez Pour le diesel, il y a un problème, les étrangers ne peuvent plus s’en procurer, c’est réservé aux locaux. C’est nouveau, ça vient de sortir et ainsi tout est à l’avenant. On nous dit, oui, mais c’était à l’époque de Moubarak. Après cela ils s’étonnent de ne pas avoir de touristes……. Bref pour être clair, c’est le merdier. Une connaissance de notre ami Canadien, avec qui nous naviguons de concert depuis la Thaïlande, nous a tous invités à lui rendre visite au Caire. On viendra nous chercher en voiture. Super famille, le père pilote et le fils également. Ils habitent un peu en dehors du Caire. Le lendemain, Ils mettront à notre disposition un chauffeur qui nous fera visiter les pyramides, la vieille ville du Caire et ses embouteillages. Dommage du peu de temps, nous nous serions bien promener dans cette vieille ville, qui grouille, qui bouge et qui offre des contrastes extraordinaires. Au fait de révolution, elle a été beaucoup plus grave que les infos nous ont laissé entendre. Trente-milles, c’est le chiffre de prisonniers relâchés des prisons par leurs gardiens en grève qui se sont retrouvés libre et en pleine nature sans argent et sans toit. Les boutiques ont été dévalisées et les gens n’osaient plus sortir de leur maison. Le grand supermarché CARREFOUR a été complètement dévalisé. La police avait disparu et c’est l’armée, après quelques jours de gabegie qui a repris le contrôle de la situation. Les hôtels se sont vidés de leurs clients et ce sont les employés qui ont dû assurer leur propre sécurité. Actuellement on débaptise toutes les rues, parcs, avenues etc. au nom de Moubarak. La situation est à ce jour calme, mais va-t-elle durer ?? Nous n’éviterons pas les manifs, qui bloquent toute circulation, ce jour, c’était une manifestation de soutien aux peuples du Yémen et de la Syrie. Un vendredi noir pour le peuple Syrien, qui se soldera par des centaines de victimes. La visite des pyramides se fera à dos de chameaux, ça balance plus que sur le bateau et j’attraperai facilement le mal de mer. Bon ce n’est pas tout ça…..Les provisions en cale, rebelote pour la suite du programme. Nouveau pilote, il est gros et a beaucoup de peine à se hisser sur le bateau. Le dernier tronçon du canal nous conduira à Port Saïd ouvert sur la Med. Ça sent l’écurie… Les mouches envahissent à nouveau le bateau, c’est une calamité. Le trajet se passe à les chasser et je remplace de temps en temps le pilote pour qu’il puisse faire sa prière, à l’avant du bateau et son pipi à l’intérieur. Enfin un bon Musulman, il ne nous réclamera surement pas trop de bakchich. Tu parles il sera pire que les autres. Il faudra presque le jeter par-dessus bord tellement il insiste pour plus et encore plus, à notre arrivée au yacht club de Port Saïd. Denise est à bout de nerfs. Pour finir on l’ignore, il s’en ira en tirant une g…… pas possible. Le yacht club de Port Saïd, un dépotoir, un cloaque, une calamité, on se fait secouer, les pare-battages se frottent contre des gros boudins de caoutchouc noir, on est entouré de plastiques, c’est IMMONDE ET C’EST 25 US$ LA NUIT. On a été obligé de se mettre à l’abri, la Med étant démontée et les vents soufflant aux environs de 25 à 30 nœuds et en plus c’était déjà la nuit. Quitter ce foutoir c’est impossible au moteur, on est assuré d’aspirer toutes les merdes du coin et de caler le moteur. Je demande donc un bateau pilote pour nous tirer dehors. C’est oublier que nous avons affaire à une bande d’incapables. Le bateau cogne à l’arrière contre le mur en béton. Je hurle, une belle éraflure et le pilote me demandera 25 US$ pour m’avoir sorti du bourbier. Je lui fais comprendre que les réparations ne sont pas comprises dans le prix et que ce n’est pas lui qui les paiera. Réponse du pilote, il n’en a rien à foutre, ce n’est pas son boulot habituel, il l’a fait à ma demande. On la ferme et l’on passe, fou de rage, la monnaie. Aucune chance avec ce genre de bonhomme, il est capable de me rentrer dedans avec son puissant bateau pour m’obliger à lui payer le montant réclamé. Ouf !!!!!!!!! Nous quittons l’Egypte et ses voleurs, sans regrets et c’est avec plaisir et soulagement que nous entrons en Méditerranée. Nous avons bouclé la boucle. Il nous reste à parcourir env. 1100 miles, nous en ferons 1500, contre un vent de NW, pour arriver à la marina de Monastir, en Tunisie. Pas facile cette Med. On s’en souviendra. Nos amis Canadiens mettront 4 jours de plus pour nous rejoindre. Avec des orages et parfois des vents de force 8 à 9, on en a sué, mais une fois le bateau dans la marina on a enfin pu respirer et goûter à un grand calme. Monastir le 26 mai 2011.