Les voiles et le gréement courant en grande croisière


Les améliorations des matériaux et de l'accastillage en quelques dizaines d'années ont permis de simplifier le plan de voilure. Hormis des questions de choix esthétiques, ou pour des bateaux de conception “classique“, le gréement le plus répandu est aujourd'hui celui de sloop, jusqu'à plus de quinze mètres. Un seul mat, moins de voiles, de drisses et d'écoutes, c'est aussi moins d'argent à dépenser, moins de poids et plus de place sur le pont. Les gréements à “barres de flèche poussantes“ qui sont à la mode en ce moment posent problème au vent arrière, la grand voile ne pouvant être correctement débordée, et s'usant sur le gréement.
Je n'aborderai que le gréement de sloop commun, gréement latéral dans l'axe du mat. Le gréement de cotre est aussi très intéressant, mais doit être pensé à la conception du bateau. Peu de sloops de série peuvent être transformés en cotre, car leur mat est positionné trop en avant. Bien que les autres gréements aient aussi leurs avantages ou leur charme, pour les voyageurs moyennement fortunés et/ou fuyant les complications, faisons simple et éprouvé, vive le sloop !

(La plupart des bateaux de voyage étant « à déplacement », les indications suivantes peuvent ne pas convenir pour des bateaux à déplacement léger. )


LE GREEMENT COURANT
La conception du plan de pont d'un bateau prévu pour naviguer la plupart du temps au portant mérite quelques modifications pour limiter l'usure et porter, sans que cela implique des manœuvres interminables, la toile du temps. Les conseils suivants permettent de diminuer le temps d'établissement et d'effacement des voiles, et de limiter, voire d'éliminer l'usure du gréement courant.
- Voiles d'avant, prévoir;
-Deux tangons, deux balancines de tangon, deux systèmes de fixation des tangons sur le mat.
-Deux “écoutes de portant“ avec poulie articulée courant dessus.
-Trois renvois extérieurs aux filières frappés sur le plat bord pour, sur chaque bord; hale-bas arrière et avant, écoute extérieure (comme un bras de spi)

Les tangons, car il vaut mieux en avoir deux, peuvent être plus longs que ceux d'origine destinés au spi, limités en longueur par des règles de régate qui ne nous concernent pas.
La manipulation des tangons entre les galhaubans et les bas haubans avant est parfois malaisée, d'où un des avantages à avoir deux tangons; éviter les passages d'un bord sur l'autre. Problème moins sensible pour les gréements tenus devant par un bas étai. Deux tangons impliquent obligatoirement deux balancines et deux systèmes de fixation sur le mat. Leur stockage le long du mat ou à plat pont dépend du goût de chacun.
Les balancines sont indispensables, au risque de voire le tangon tomber à l'eau lorsqu'on roulera le génois. Autre particularité, on peut se dispenser de l'embout classique utilisé pour les bras de spi, si on a pas de spi à bord, et le remplacer par un gros œil inox à la verticale.
La bonne longueur est celle qui permet de bien déployer le génois, sans trop de tension, tangon au ras des galhaubans.
On va utiliser les tangons pour déborder le génois et la trinquette, en ciseaux. Il faut pouvoir régler l'angle du tangon vers l'avant, sans solliciter le nœud de l'écoute sur le génois. Cela implique l'installation de deux “hale bas arrière“ qui seront balancés par les hale-bas traditionnels vers l'avant. Ces hale bas devront passer par une poulie frappée au plat bord, de manière à ce qu'ils travaillent à l'extérieur des filières. Les hale bas arrière pourront à l'occasion servir de “barbers haulers“ pour une écoute de spi ou de génois. On peut imaginer qu'ils reviennent vers l'arrière en longeant l'extérieur des chandeliers pour dégager le pont. l'usage des hale-bas ne nécessite pas de winch.
Les écoutes de génois passent traditionnellement par un avale tout coulissant sur un rail d'écoute, le long du roof. Pour des bords de portant prolongés et éviter le ragage sur les filières, on peut imaginer un jeu d'écoutes extérieur aux filières, qui reste à poste en permanence, plutôt que de leur faire refaire le circuit à chaque changement d'allure. (comme on stocke des bras de spi) Quoiqu'il en soit, “l'écoute de portant“ doit filer librement dans une poulie articulée fixée à l'extrémité du tangon. Cela évite le ragage dans la machoire de tangon, et permet de rouler la voile aisément. Les poulies ouvrantes sont séduisantes, mais ont une fâcheuse tendance à se jeter à l'eau à la moindre faute d'inattention. Mieux vaut une poulie classique à poste sur l'écoute. Si cette écoute sert aussi de bras de spi, la poulie en question sera frappée sur le barber. En ce qui concerne le retour de ces écoutes aux winchs, on peut améliorer la position habituelle des bras de spi, sous le balcon arrière, en frappant une cadène sur le plat bord un peu en avant du winch. L'effort subit par la poulie sera moindre, et l'embraque plus facile.
Je réfléchis actuellement à l’opportunité de déplacer mes rails d’écoute à l’extérieur des filières, et de gréer des écoutes de prés sur une cadène et un barber au ras du roof. On fait trop peu de prés serré en grande croisière pour justifier que le point d’écoute soit bordé systématiquement à l’intérieur du bateau.
Si vous avez un spi à bord, il est fort probable qu'il ne servira que par petit temps. Il vaut mieux alors lui dédier une écoute légère pour qu'il ne se dégonfle pas au coup de houle.

S'il y a étai largable, il est à poste en permanence pendant les longues étapes, au delà de 24 heures. Le système d’étarquage peut alors être plus ou moins simple à mettre en œuvre, puisqu’on ne le manœuvre pas à tout instant. Cela dit, plus c’est facile, plus on porte la trinquette opportunément, ce qui économise le génois et repose l’équipage.
La présence de l’étai largable impose de rouler le génois à chaque virement, d’où l’intérêt d’une bonne trinquette de prés, pas trop petite, qu’on peut utiliser à la place du génois pour une remontée au vent dans un chenal.
Les systèmes d’étarquage à palans verticaux sont en général inadaptés. Si on veut un palan, mieux vaut prévoir une poulie de retour et un palan à plat pont, éventuellement renvoyé sur un winch au cockpit. Prévoir la force des poulies en en fonction du câble utilisé. L’ensemble doit être cohérent.
Sur les étais textiles, on préconise d’éviter les mousquetons qui usent très vite leur gaine. Il faut alors fabriquer des mousquetons textiles, en tresse de 4 à 6mm. Voir la photo pour m’éviter un long discours incompréhensible.
les voiles et le greement courant en grande croisi

- Grand voile, prévoir;
- “lazy jacqs“ ou “lazy bags“. Si vous adoptez les premiers, leur partie basse devra être faite de sangle pour ne pas cisailler le tissus de la voile.
-“Cravate“ pour le troisième ris

Le système de prise de ris doit être le plus simple possible. Les système dits “automatiques“ bloquent ou lâchent toujours au mauvais moment, et nécessitent trop de longueur de bosses de ris. Le renvoi des bosses au cockpit peut être intéressant, mais si on peut se caler sûrement au pied de mat, cela reste un bon endroit pour prendre un ris.
Les bastaques sont nécessaires sur certains bateaux dont le capelage d'étai de trinquette est placé bas. Si possible, calculer le troisième ris de la GV pour que la voile puisse passer d'un bord sur l'autre sans qu'on ait à les manœuvrer. Sur Horus, j'ai gréé deux bastaques faites de drisse en “spectra“ sous les barres de flèche supérieures, pour limiter le “pompage“ du mat dans le clapot. Elles sont bordées sur le winch d'écoute de génois au vent, ou sur un des winchs de roof, selon la situation. Le fait de les larguer temporairement ne menace pas le gréement, ce qui me permet de me passer d'un accastillage spécifique pour elles.



LES VOILES.
Chargés et équipés pour le grand large, on rencontre des bateaux équipés de leur jeu de voiles standard, celui qui est prévu pour une navigation côtière, de celles qu’on annule en cas de mauvaise météo. Hors, par définition le grand large c’est loin de tout, et on devrait considérer la qualité de nos voiles à part entière dans l’équipement de sécurité. On a parfois tendance à oublier que nos voiles, mal utilisées, peuvent rendre la vie à bort détestable et raccourcir énormément la durée de leur vie. On demande à nos voiles de donner des ailes au bateau sans passer son temps en réglages fins, mais aussi de pouvoir de nous tirer d'un mauvais pas contre le vent. Pas question de faire un prés correct avec un génois aux deux tiers roulé. Le cap sera mauvais, le bateau se couchera à chaque survente, et le génois s’abîmera énormément. Enfin, nos voiles vont vivre en quelques mois l’équivalent d’années de navigation côtière, nous devons les « économiser ». Le choix de la qualité du tissus doit être discuté avec le voilier, je regrette amèrement que le mien ne m'ait pas proposé d'office un tissus haute qualité, les voiles d'Horus ont perdu leur forme en 10 000 miles, et aujourd’hui, après deux ans de voyage, la GV est morte !

Pour commencer, faisons le tour de la garde robe ; Génois sur enrouleur, Grand-voile, Solent sur étai largable (ou sur enrouleur)et Tourmentin forment une base cohérente, en particulier dans le cas ou le budget est limité. On pourra se passer d’un spi classique ou asymétrique. Ces voiles, si elles apportent un réel gain de vitesse par temps de demoiselle, deviennent vite source de stress quand le vent monte, et sont alors avantageusement remplacées par deux voiles d’avant en ciseau. Leur plage d’utilisation devient tellement réduite qu’on peut se poser la question suivante; à budget égal, n’y a t’il pas plus utile qu’un spi à bord (pourquoi pas du gasoil pour sortir des zones de calme, et pourquoi, lorsqu'on a le temps, vouloir échapper au plus vite des zones de calme…)
 
Avant d’aborder les voiles elles mêmes, il n’est pas inutile de réfléchir au « contexte Grande Croisière ». Primo, quand tout va bien,  le confort à bord prime sur la vitesse, mais la vitesse est parfois un élément de confort. Secundo, quand tout va mal, il faut absolument pouvoir toiler le bateau comme il le demande. Pas question de faire un prés correct avec un génois aux deux tiers roulé. Le cap sera mauvais, le bateau se couchera à chaque survente, et le génois s’abîmera énormément. Tertio, ne pas oublier que nos voiles vont vivre en quelques mois l’équivalent d’années de navigation côtière, et que nous devons les « économiser »

La grand-voile ; coutures et goussets de lattes renforcées, trois ris minimum, oeils de chien (anneaux inox reliés par une sangle, de part et d’autre de l’œil) aux points d’amure de chaque bande de ris, placards de protection au niveau des barres de flèches et sur les coutures au contact du gréement. J’allais oublier les sangles passant dans les Oeils de ris, d’amure et d’écoute, cousues sur les renforts de la voile. Elles permettent de répartir les efforts appliqués aux Oeils, qui finissent toujours par déchirer la toile au ras de leur sertissage.
Navigant parfois dans des zones à grains, il faut pouvoir prendre et larguer ses ris même au portant, plutôt que de remonter au prés voiles battantes, ce qui fatigue aussi le gréement, surtout dans un clapot inamical. En bordant un peu le génois pour créer des turbulences derrière la grand voile, cela se fait sans heurts, surtout si l’on a grée les incontournables « lazy bags » Si la manœuvre est impossible, c’est qu’on a trop attendu pour prendre le ris, ou qu’on renvoie de la toile trop tôt. Roulez alors le génois au deux tiers et prenez la cape. (mais normalement vous êtes déjà sous trinquette)
Oubliez les garcettes de ris, démontez les si vous en avez. Le lazy bag stockera la toile aussi efficacement. N’oubliez pas, par contre, de choquer le hale bas et de raidir la balancine avant la prise de ris ( et vice versa après, dans le bon ordre !) Attention en fin d’étarquage de la bosse de ris, que la toile ne s’engage pas dans l’œil au point d'écoute.
Les Grand-voiles lattées présentent surtout un avantage par petit temps, grâce au supplément de surface qu’elles offrent. Elles offrent souvent un profil plus flatteur que les GV traditionnelles, la toile étant tendue du guindant à la chute par les lattes. Des avantages, et quelques inconvénients en grande croisière. Prises de ris au portant plus difficiles, avec risque d’abîmer la voile ou les lattes, empannages mal contrôlés plus violents, réduction de voilure plus fréquentes, accastillage plus sensible et plus cher. Un choix à faire après mure réflexion, pas bon pour tout le monde.
En marge de la grand voile elle même, les bas haubans, voire la partie supérieure des galhaubans et éventuellement des inters peuvent être gainés. Les protections sur l’arrière des barres de flèche peuvent être nécessaire, si celles-ci sont agressives. J'ai choisi de coller des protections sur la voile aux endroits de portage des haubans.
Mes bosses de ris sont doublées à leur extrémité par un gainage épissé pour en limiter l'usure. les voiles et le greement courant en grande croisi
On passe parfois plusieurs journées grand voile arrisée. Pour pouvoir larguer et prendre ses ris au portant, on peut s'aider des bosses de ris pour tirer la voile sur l’arrière et dégager le guindant des haubans. Les bosses sont à poste en permanence (ce qui est aussi l’ABC de la sécurité). Pour éviter d'avoir trop de bouts en pendant sur la chute, celle du troisième ris n'a pas de retour à l'aplomb de son œil sur la bôme. La bosse est nouée à l'œil de ris et file directement en bout de bôme puis au système d'étarquage. On prend le ris en deux temps, une bosse réservée à cet effet venant ceinturer voile et bôme en passant par l'œil du troisième ris, comme les “cravates“ sur les voiliers de course. Cela permet aussi de bien saisir toute la toile déjà affalée le long de la bôme, bien mieux qu'avec des garcettes de ris.
Dans la brise, nous n'hésitons pas à mettre à la cape pour prendre un ris si nécessaire. La voile bat mollement dans l'axe du vent, le bateau reste appuyé, les paquets de mer ne viennent plus arroser le pied de mat, et on contrôle tranquillement la situation, évitant les risques de chute. Je prends toujours mes ris du même coté, celui ou sort du mat la drisse de GV. Un croc de ris sur l'autre bord est inutile, et celui qui sert doit pouvoir recevoir les trois oeils de ris. Dans bien des cas, un mousqueton en guise de croc de ris permet à l'œil de ris de ne pas s'échapper avant l'étarquage du guindant.
Dans les alizés on s’habitue vite à réduire la grand-voile au coucher du soleil, pour ne pas avoir à le faire dans la nuit quand un grain surgit. Au grand largue et par fort vent arrière, on a même intérêt à l’affaler entièrement. Le génois, libéré des ses turbulences, tirera beaucoup mieux, le bateau naviguera plus droit et sans fatiguer le pilote, et la perte de vitesse sera insignifiante dans certains cas. De plus, la grand voile ainsi préservée tirera mieux et plus longtemps le bateau aux autres allures. Hélas, le roulis sera plus sensible, sans l'appuis de la grand voile.
On voit de plus en plus de Grand-voiles « enroulables ». Personnellement, je trouve qu’on y perd beaucoup de surface et qu’elles ont souvent une coupe peu élégante, pour rester poli. Si on en a les moyens, ça existe en mylar et kevlar, à ce prix ça doit être pas mal, mais ce n’est qu’une supposition. Il semblerai que le roulage ne soit pas toujours aussi facile en mer qu’au ponton. Et que se passe t’il si le système se détraque ?
Un mot sur le frein de bôme. On peut s’en passer et gréer des retenues de bôme, à condition qu’elles soient frappées sur des points dédiés à l’usage, pas sur les rails de fargue des bateaux de série. Je n’ai pas assez de doigts sur mes mains et mes pieds pour compter le nombre d’avaries liées à des retenues de bôme. C’est plus simple d’avoir un vrai frein de bôme, avec un retour de drosse sur chaque bord. C’est un gadjet parfait s’il est bien réglé.


Le génois sur enrouleur: Utilisé roulé, il se déformera très vite, surtout s’il est pourvu d’une bande anti-UV, et il perdra vite ses qualité au prés. Il est donc préférable qu’il soit d'une surface adaptée, entièrement déroulé, pour le prés serré jusqu'à vingt nœuds de vent apparent, soit un peu plus petit qu’un génois standard. (110%) Le tissus en sera d’un grammage normal pour sa surface, car il sera roulé au delà de cette force de vent, mais les coutures seront renforcées pour résister aux claquements dans les calmes. Si on à de l’eau à courir sous le vent, l’enroulement est meilleur au portant et fatigue moins voile et gréement. Il ne faut pas hésiter à abattre en grand pour rouler. Cela doit se faire sauf exception sans le winch, à défaut de quoi on risque, un jour ou l’autre, de forcer l’enrouleur sans s’en rendre compte.
Un enrouleur dur doit éveiller les soupçons. La bosse d’enrouleur doit cheminer le plus droit possible, la drisse doit être correctement étarquée (généralement moins que pour une voile à mousquetons), et le dispositif d’écartement drisse/étai doit être parfaitement fiable. Une drisse qui s’enroule autour de l’étai peut le cisailler très rapidement. Ne jamais forcer en cas de blocage. En général, c’est la drisse de spi qui s’enroule dans le génois et fait le blocage. Stocker cette drisse en conséquence.
Etabli au portant selon les indication du début du chapitre, le génois se roule très facilement, et permet de saluer un grain avec un minimum de manœuvre. Le plus intéressant est qu'on peut l'orienter et le porter au vent, au grand largue. Dans ce cas, la trinquette peut être envoyée sous le vent pour récupérer un peu de puissance, et calmer les envies de départ au lof dans la houle. Une astuce; pour que les hale bas soient plus faciles à régler, monter la cloche de tangon plus haut que le point d'écoute de génois sur le mat, pour qu'il “pointe vers le bas.
La question de la protection anti-UV reste ouverte. La bande anti-UV vieillit plus vite que la voile, la voile elle même vieillit plus vite qu’en croisière côtière, par le nombre d’heure d’utilisation et le mariage de la bande avec la voile est souvent une horreur. Il existe des tissus très souples qui épousent la déformation du génois, et des tissus à voile traités anti-UV. J’ai fait le choix de ne pas avoir de bande anti-UV, et de gréer une housse de génois aux escales, mesure imparfaite car le génois peut rester roulé plusieurs jours d’affilée en navigation, sa chute n’offrant alors aucune protection.On prendra soin de choquer son guindant aux escales. Pouvoir le faire par le bas, au moyen d’un brelage faisant palan entre le tambour et le point d’amure, permet de libérer un winch, dans le cas où celui-ci est fixé sur le mat, et aussi de régler la tension en navigation ( c’est toujours plus facile par le bas)
Il faut prendre garde aux appareils fixés en avant du mat, radar, feux et autres. La chute peut venir s’y accrocher et se déchirer ou détruire leur fixation. Certains voiliers abordent un demi-cercle en inox pour déborder la chute, et les drisses , qui du coup ne claquent plus contre le mat. Tout cela est plus facile à réaliser au stade de la conception en regroupant prés des barres de flèche inférieures le radome et le feu de pont, et en fixant l’arceau inox sur les barres de flèche. N’oubliez pas non plus de fourrer les extrémités des barres de flèche. A défaut de cuir, un fort tissus en plusieurs épaisseurs fait très bien l’affaire. A propos des drisses, condamnées à s’user dans leurs réas, et donc à être un jour où l’autre raccourcies, le plus simple est de les terminer par un œil cousu avec tour mort dans leur mousqueton ou manille.


Le Solent : Ce qu’on appelle en général la trinquette, que je nomme ainsi pour souligner l’importance et l’usage de cette voile. Indispensable en gréement de sloop, elle sera hissée sur l’étai largable, parallèle à l’enrouleur et au plus près de celui-ci. Je l’ai fait couper le plus grand possible, et pourvue d’une bande de ris. C’est d’abord La voile de prés serré du bateau. Dés que la brise fraîchit, nous avons besoin de puissance pour passer dans le clapot, donc d’une voile placée aussi loin que possible vers l’avant, qui tiens le nez du bateau près de l’eau, l’empêche de cabrer et de s’écarter du lit du vent . L’équilibre se faisant en prenant des ris dans la grand-voile, on peut la garder haute au prés jusqu'à trente nœuds de vent apparent. ( Horus navigue à plus de 6 nœuds à 50 degrés du vent avec trinquette arisée et trois ris dans la GV, par vent établi à 35 nœuds et plus dans les rafales). Par comparaison, observons un génois aux deux tiers roulé pour faire un bord de près dans la brise. Son centre de voilure haut placé fait gîter le bateau et le rend ardent sans améliorer le cap, la partie roulée subit des déformations irréversibles, son creux est très reculé par l’enroulement, la puissance nécessaire pour relancer le bateau lorsqu’il cale dans une vague n'est pas bien orientée. Un trinquette bien adaptée devrait être coupée à la façon d’un solent. Fort élancement vertical, bordure courte facilitant les virements et avançant le centre de voilure. Avec le nombre de ris nécessaire dans la grand voile, on peut envisager de faire du cap et de la vitesse, sans forcer sur la barre.
Cette voile est aussi la « jumelle » du génois, qui permet d’établir une grande surface de voilure au portant, ce qui est particulièrement appréciable lorsque la houle fait venir la grand voile en limite d’empannage à chaque vague. Lorsque le vent est bien établi, on fatigue moins le pilote, la grand voile est ferlée dans ses lazy-bags et ne crée pas de turbulences vers les voiles d’avant. On peut naviguer ainsi génois tangonné au vent et trinquette sous le vent jusqu'à cent trente degrés de l’axe du vent, c’est presque aussi efficace qu’un spi, qu’on aurait de toute façon rangé au delà de vingt nœuds de vent . Lorsqu’on ne dispose que d’un tangon, on se sert de la bôme débordée au maximum sous le vent, une poulie frappée à son extrémité et un bras de spi comme écoute.
Pour un programme de navigation dans des régions très ventées, le solent sur enrouleur permettrai d'ajuster rapidement la surface de toile. Existe t’il un tissus qui supporte l’enroulement partiel sans se déformer irrémédiablement ? Hélas je n’en sais rien. Une telle voile complétée par un génois sur emmagasineur, qu'on peut affaler dans le très mauvais temps est peut être le meilleur compromis (voire les psot sur le « slotre »).
Quoiqu’il arrive, évitez les trois enrouleurs successifs à l’étrave, ou abandonnez l‘idée de remonter au vent.

les voiles et le greement courant en grande croisi 

Le tourmentin ; C’est très sérieux, en grande croisière, pas de tourmentin au rabais. Il doit être adapté au bateau, avec un point d’écoute permettant de le border proprement, très plat. Avec deux enrouleurs à l'avant, il faut pouvoir établir une drisse en guise d'étai pour l'envoyer.

Un mot sur les spi tout de même. Si ce spi est assymétrique, sachez que vous pouvez l'utiliser au vent arrière comme un spi classique. En utilisation normale, difficile de se passer d'un petit bout dehors pour éviter les frottement sur le balcon avant. Je maintiens que ces voiles sont chères et fragiles, chères parce que fragile en fait, et qu’en avoir à bord est un luxe non indispensable. (mais pas inutile)

Bon vent à tous
Alex-Horus



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